Résistance verte contre le béton : J’Nen Beylek (Biskra) entre de bonnes mains

Samedi 15 mars. Neuf heures du matin. Biskra sort lentement de sa torpeur matinal engendrée par la conjugaison des effets de ce week-end froid et du jeûne poussant la population au repos, à l’inactivité et à la léthargie. Les travées et les sous-bois du jardin public du 5-Juillet 1962, communément appelé J’Nen Beylek, ne sont pas encore envahis par les visiteurs et les retraités venant habituellement s’y reposer et en humer l’air embaumé de mille et une senteurs florales. Pourtant, il y règne une intense activité, a-t-on constaté. Les membres de l’Association Biskra La Verte (ABLV) sont déployés çà et là. Ils s’affairent en silence à mettre délicatement en terre des plants de plusieurs espèces d’arbres, dont des pistachiers de l’Atlas, des ficus-sycomores et des acacias. Les uns creusent, les autres compactent la terre, d’autres arrosent et d’autres encore inspectent la qualité du sol et s’émerveillent d’y trouver des lombrics, « signes que le terreau respire et qu’il est vivant », chuchotent-ils comme dans un sanctuaire. Ils ont fait le serment d’œuvrer pour la sauvegarde de ce jardin « historique » recelant des dizaines d’espèces végétales et considéré comme le poumon de la Reine des Ziban et le fleuron des espaces verts du pays. Avant cela, ils avaient constitué une pépinière en recourant au marcottage. Celui-ci est une technique de jardinage basée sur une capacité naturelle des plantes à se propager par multiplication végétative, dite reproduction asexuée, par la rhizogenèse signifiant le développement des racines sur la partie aérienne d’une plante-mère. En horticulture, le marcottage est utilisé pour cloner les plantes ligneuses dont le bouturage est difficile. Cette opération requérant de solides connaissances en botanique est réalisée à la fin de l’été ou au début de l’automne, a-t-on appris. Les gars de l’ABLV semblent parfaitement la maîtriser. Ils espèrent maintenant que ces plants mis en terre prendront et que les pousses croîtront pour remplacer les arbres en décrépitude dont certains ont plus d’un siècle d’existence. « Avec de maigres moyens et beaucoup de volonté et de respect pour ce jardin, nous menons des opérations ponctuelles de reboisement pour permettre sa régénérescence et sa perpétuation. Nous y recevons chaque année des promotions d’étudiants de l’université de Constantine spécialisés en conception des villes et des jardins publics. Ils repartent émerveillés par les lieux et l’agencement intelligent des espèces végétales constituant un trésor à ne pas dilapider. Cette année, nous sommes heureux de compter de nouvelles recrues qui sont des jeunes s’intéressant à la protection de l’environnement et à la préservation du précieux patrimoine forestier de Biskra. Les aînés de l’ABLV doivent désormais penser à leur transmettre le flambeau pour que jamais J’Nen Beylek ne tombe entre les mains de promoteurs immobiliers ou d’ennemis de la nature », a confié Nacer Henine, président honorifique de l’association.

Hafedh M.

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