Trump faiseur de paix ?
On prête à Donald Trump d’avoir dit à Benjamin Netanyahou le Premier ministre israélien qu’il avait jusqu’au 20 janvier prochain, jour de son entrée officielle en fonction, pour terminer la guerre à Ghaza. Il n’a pas été spécifié ce que Netanyahou encourait si néanmoins la guerre se poursuivait passé ce jour. On ne dit rien […]
On prête à Donald Trump d’avoir dit à Benjamin Netanyahou le Premier ministre israélien qu’il avait jusqu’au 20 janvier prochain, jour de son entrée officielle en fonction, pour terminer la guerre à Ghaza. Il n’a pas été spécifié ce que Netanyahou encourait si néanmoins la guerre se poursuivait passé ce jour. On ne dit rien non plus sur la guerre au Liban, si elle doit elle aussi être terminée, ou si pour ce qui la concerne il n’existe pas de date butoir comme pour la première. Cette façon de s’exprimer est en tout cas dans le style de Trump, qui déjà lors de son premier mandat se dépeignait en faiseur de paix dans le monde. Il avait mené campagne contre sa rivale de l’époque, Hillary Clinton, en rappelant sans cesse qu’elle avait été pour la guerre en Irak. Et il semble bien que le coup ait porté, même s’il n’est pas évident que ce soit à lui qu’il devait d’avoir remporté la partie contre quelqu’un qui alors faisait figure de favori. Il a ensuite cherché à user du même procédé lors de la campagne présidentielle de 2020, mais avec un effet moindre, puisqu’il avait perdu face à Joe Biden, pourtant un rival moins redoutable que Hillary Clinton. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, on ne compte pas le nombre de fois où il a déclaré que si à la place de Biden ç’avait été lui le président américain, cette guerre n’aurait même pas éclaté.
Il répètera le même argument relativement à la guerre à Ghaza, toutefois avec moins de conviction, d’autant que pour lui comme pour le président en exercice, le plus important ce n’est pas que la guerre s’arrête mais qu’elle soit gagnée par Israël. N’empêche, il est vraisemblable que dans le privé tout au moins, Trump ait demandé à Netanyahou de faire en sorte que lorsqu’il serait lui en fonction, la guerre serait ou terminée ou sur le point de l’être. S’agissant en revanche de la guerre en Ukraine, là le doute n’est pas permis : il s’est tué à répéter qu’une fois de retour au pouvoir, il y mettrait fin en 24 heures, c’est-à-dire en un temps record. Il a même laissé entendre que cela pourrait se réaliser avant son «inauguration», c’est-à-dire son intronisation, car il se mettrait au travail à cet effet dès son élection. Or maintenant que ce temps est arrivé, qu’il est élu, on n’a déjà plus l’impression qu’arrêter cette guerre soit si facile pour lui. Il a parlé à deux reprises au président ukrainien, une première fois seul et la deuxième en associant Elon Musk, mais pas encore au président russe. Peut-être le fera-t-il bientôt, et attend-il pour cela que Vladimir Poutine lui adresse des félicitations officielles, en son nom propre et à celui de la Russie, comme l’a fait Vladimir Zelensky. On en saura davantage dans les jours à venir. Mais il n’est pas besoin d’attendre que les deux présidents se parlent pour être sûr que la Russie n’arrêtera pas une guerre qu’elle est en train de gagner, à supposer que ce ne soit déjà fait, juste parce que Trump en fait la demande expresse. A moins que ce même Trump ait déjà convaincu Zelensky d’accepter les conditions russes pour le retour à la paix, c’est-à-dire de reconnaître que les quatre oblasts annexés par la Russie sont désormais devenus russes. Trump ou pas Trump, il n’existe pas de chef d’Etat qui voudrait d’une paix à ce prix.
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