Un accord pour masquer la défaite

Quand les Israéliens, serait-ce uniquement au plan médiatique, font miroiter l’éventualité d’un accord pour la paix, en l’occurrence dans leur guerre au Liban, ce n’est bien sûr ni par bonté de cœur ni par désir de paix mais parce qu’ils se rendent compte qu’ils sont en train de la perdre cette guerre. Leur campagne terrestre […]

Nov 10, 2024 - 20:20
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Un accord pour masquer la défaite

Quand les Israéliens, serait-ce uniquement au plan médiatique, font miroiter l’éventualité d’un accord pour la paix, en l’occurrence dans leur guerre au Liban, ce n’est bien sûr ni par bonté de cœur ni par désir de paix mais parce qu’ils se rendent compte qu’ils sont en train de la perdre cette guerre. Leur campagne terrestre au Liban dure maintenant des semaines, sans que leurs bataillons d’élite aient fait beaucoup de chemin en direction de la rivière Litani derrière laquelle ils voudraient repousser les combattants du Hezbollah. En revanche, les destructions causées par leurs avions à l’intérieur du Liban, et plus particulièrement au sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, sont énormes. Et elles se poursuivent, sans justification militaire désormais, puisqu’eux-mêmes estiment avoir déjà anéanti plus de 80 % de la force de frappe du Hezbollah, tant en hommes qu’en armement. Le média israélien en pointe sur le sujet d’un accord imminent fonde son optimisme justement sur la quasi-destruction du Hezbollah, une affirmation dénuée de fondement, comme en atteste le fait qu’il ne se passe plus de jour sans que des missiles soient tirés du Liban sur les villes et les colonies israéliennes du nord, et quelques fois plus loin, sur Tel-Aviv notamment.

Des millions d’Israéliens vivent maintenant sous la menace constante des missiles du Hezbollah, et davantage encore de celle de ses drones, que le «Dôme de fer» est souvent dans l’incapacité d’intercepter, si bien qu’il faille lancer à leur poursuite des avions de chasse ou des hélicoptères, qui plus est sans être assuré du succès, pourtant c’est ce moment que choisissent des médias israéliens pour rapporter des confidences qu’ils tiendraient de sources bien informées pour dire qu’il faut d’autant plus faire la paix que l’ennemi est d’ores et déjà laminé. Mais s’il était vrai que le Hezbollah n’était plus que l’ombre de lui-même, quel besoin y aurait-il d’un accord avec lui ? Il y en aurait même pas besoin d’un avec qui que ce soit au Liban. Ayant éliminé toute menace à sa frontière nord, Israël aurait le choix entre se replier derrière la Ligne bleue ou occuper les territoires libérés du Hezbollah, soit temporairement soit définitivement. En somme, il n’aurait que l’embarras du choix. Mais supposons néanmoins qu’il passe un accord avec le gouvernement libanais, par l’intermédiaire de Amos Hochstein, l’émissaire américain en charge de ce dossier. Cela ne lui servira à rien si le Hezbollah s’y oppose, entendu que c’est contre lui qu’il se bat, non pas avec l’armée libanaise. Le Hezbollah est entré en guerre en soutien à la résistance palestinienne dans Ghaza. Depuis il a toujours conditionné l’arrêt de ses opérations à celui de la guerre à Ghaza. Les chances qu’il accepte un accord séparé sont nulles. Si Israël veut un accord, c’est avec le Hamas qu’il doit le passer. La fin de la guerre au Liban en résultera automatiquement. Il n’aura même pas besoin d’une négociation pour cela. La guerre au Liban procède de ses crimes à Ghaza. S’il les arrête, il mettra fin aux hostilités à sa frontière nord, ce qui permettra le retour des colons dans leurs maisons. Mais comme à Ghaza il n’est pas menacé d’une défaite manifeste comme au Liban, il ne veut d’aucun accord avec le Hamas, quitte pour cela à sacrifier la centaine de ses nationaux toujours détenus par celui-ci.

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