Volonté

Si l’Accord de Vienne en 2015 sur le nucléaire iranien avait fait franchir un pas historique aux relations de la République islamique avec l’Occident, le retrait des Américains, en 2018, avait été un sérieux coup porté au pays persan qui a vu son économie rapidement sombrer et s’enfoncer dans une crise qui a occasionné de […]

Jan 31, 2025 - 19:52
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Si l’Accord de Vienne en 2015 sur le nucléaire iranien avait fait franchir un pas historique aux relations de la République islamique avec l’Occident, le retrait des Américains, en 2018, avait été un sérieux coup porté au pays persan qui a vu son économie rapidement sombrer et s’enfoncer dans une crise qui a occasionné de nombreuses révoltes de la population iranienne qui a été la première victime de la suspension du Plan d’action global commun (PAGC). Joe Biden, qui avait promis durant sa campagne présidentielle de 2020 de renouer les liens diplomatiques avec l’Iran, a été incapable de respecter ses engagements. Téhéran, de son côté, bien qu’ayant désespérément besoin de l’Accord pour remettre en selle son économie s’est, durant de nombreuses années, montrée agressive dans son approche du dialogue avec l’administration américaine, mettant à mal ses chances de voir l’Accord être remis sur les rails. Aujourd’hui, après la victoire de Donald Trump, qui considère le régime des mollahs comme un ennemi direct des États-Unis, le ton des autorités iraniennes s’est soudainement adouci avec les Européens, qui sont seuls désormais à envisager un accord avec Téhéran. L’Iran est «prêt» à négocier autour de son programme nucléaire si les pays occidentaux font preuve de «sérieux», a ainsi déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne dans un entretien publié jeudi. «Nous avons dit à plusieurs reprises que nous étions prêts à discuter, à condition que l’autre partie soit sérieuse», a indiqué Esmaïl Baghaï, selon le quotidien Iran, publication du gouvernement. Ces dernières semaines, l’Iran a multiplié les signaux envers les pays occidentaux, affichant sa volonté de conclure un accord autour de son programme nucléaire. Le porte-parole avait émis l’espoir le 20 janvier que le nouveau gouvernement américain du président Donald Trump adopte une «approche réaliste» envers Téhéran, «différente de celle menée lors de son premier mandat». Sous la première présidence républicain, les États-Unis s’étaient retirés en 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu trois ans auparavant et qui offrait à Téhéran un allègement des sanctions en échange d’une limitation de ses ambitions nucléaires. «Nous suivons de près les réalisations et ajustons nos politiques et nos actions en fonction des actions des autres parties», a indiqué jeudi Baghaï, répondant à une question sur les négociations éventuelles avec les États-Unis. Après le retrait unilatéral de Washington, l’Iran a commencé à revenir sur ses engagements. Toutes les tentatives pour raviver l’accord ont échoué ces dernières années. Des responsables iraniens ont mené à la mi-janvier à Genève (Suisse), dans un lieu tenu secret, des discussions avec des représentants allemands, britanniques et français, qualifiées de «franches et constructives» par les deux camps. Les trois pays européens avaient évoqué en décembre le possible recours au mécanisme réimposant des sanctions contre l’Iran «pour l’empêcher d’acquérir l’arme nucléaire». Jeudi, Baghaï a averti que si les Européens utilisaient cet outil contre l’Iran, l’adhésion de Téhéran au traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) «n’aura plus de sens». Le TNP fait obligation aux États signataires de déclarer et placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Reste à voir comment Washington réagira à ces tentatives de Téhéran de renouer les liens brisés avec l’Occident, surtout que l’animosité entre l’Iran et Donald Trump est toujours vivace. Les Iraniens savent désormais que de bonnes relations avec l’Europe sont plus que jamais nécessaires pour contrebalancer les tensions entre le régime des mollahs et la Maison-Blanche ces quatre prochaines années.
F. M.