Français et Britanniques veulent agir en Ukraine sans les Etats-Unis
Le sommet de Paris de jeudi dernier, regroupant une trentaine de pays européens plus le Canada, cependant une fois de plus en l’absence des Etats-Unis, vu qu’il n’est pas le premier de son genre, a adopté le principe de l’envoi de troupes des pays restés fermement alliés de l’Ukraine, à titre de garantie de sécurité […]

Le sommet de Paris de jeudi dernier, regroupant une trentaine de pays européens plus le Canada, cependant une fois de plus en l’absence des Etats-Unis, vu qu’il n’est pas le premier de son genre, a adopté le principe de l’envoi de troupes des pays restés fermement alliés de l’Ukraine, à titre de garantie de sécurité de la paix, mais une fois cette dernière conclue. La France et la Grande-Bretagne, en pointe sur cette question, sont considérées par les participants comme le pivot de leur coalition dite celle des volontaires. Se sont appelés ainsi les pays, européens ou non d’ailleurs, encore qu’il n’en ait qu’un seul qui ne le soit pas, ayant en commun la résolution non seulement à maintenir leur aide à l’Ukraine, et même à la renforcer, mais à envoyer si besoin est leurs propres troupes, soi-disant pour garantir la paix possible, en réalité pour dissuader la Russie de lancer une nouvelle attaque contre l’Ukraine, un scénario à leurs yeux tout à fait probable. Cette coalition évidemment n’aurait pas vu le jour si les Etats-Unis n’étaient pas pour l’heure exclusivement occupés à rétablir la paix en Ukraine, un but qui ne leur semble réalisable qu’à la condition d’écarter les Européens des négociations, connaissant le rejet sans appel de la Russie de toute approche leur faisant place dans celles-ci.
La coalition des volontaires est en fait le club de ceux dont ni les Américains ni les Russes n’ont voulu dans le processus de paix initié par les premiers. On se souvient de ce que ceux-ci avaient dit dès le début, à savoir que leur objectif étant la paix et non la prolongation de la guerre, la mise à l’écart des Européens était une mesure qui s’imposait d’elle-même. Cette coalition ne se serait pas constituée en dehors de la France et de la Grande-Bretagne, pour qui la question de l’envoi de troupes ne se pose même pas. Or s’il existe une chose dont les Russes ne voudraient à aucun prix, c’est bien la présence de soldats français et britanniques sur le sol ukrainien, et d’une façon plus générale, de militaires venant de pays membres de l’Otan, au demeurant dans la paix comme dans la guerre. Les Français et les Britanniques le savent si bien qu’ils n’envisagent un déploiement de leurs forces qu’à partir du moment où la paix est conclue, et qu’il ne s’agisse plus que de la garantir, c’est-à-dire de dissuader la Russie de la violer. Ils ont appelé ce corps expéditionnaire «force de réassurance», pour bien montrer que sa tâche n’est pas seulement de s’interposer mais de répondre à toute éventuelle agression de la Russie. Celle-ci est entrée en guerre pour empêcher la présence de l’Otan en Ukraine, un cauchemar qui lui semblait sur le point de se réaliser. Et maintenant que le retour à la paix se profile à l’horizon, voilà les Français et les Britanniques qui font la proposition la plus propre à l’éloigner. Ce qui est assez dans leurs habitudes, soit dit en passant. La différence d’avec le passé, c’est qu’alors ils proposaient seulement, et qu’il appartenait aux Etats-Unis de disposer. Dans le cas présent, sachant que les Américains sont sur une toute autre ligne, ils doivent se passer d’eux. C’est-à-dire intervenir sans eux. Régler leurs propres problèmes de sécurité sans compter sur eux, comme d’ailleurs il leur est demandé non sans insistance depuis un certain nombre d’années.