France, le gouvernement introuvable
Emmanuel Macron n’a pas dit dernièrement qu’il ne voulait pas d’un gouvernement dirigé par la candidate proposée au poste de Premier ministre par le Nouveau Front Populaire, Lucie Castets, mais d’un gouvernement dont le programme serait celui de l’union de la gauche, ce qui de sa part est en effet un abus de pouvoir. Les […]
Emmanuel Macron n’a pas dit dernièrement qu’il ne voulait pas d’un gouvernement dirigé par la candidate proposée au poste de Premier ministre par le Nouveau Front Populaire, Lucie Castets, mais d’un gouvernement dont le programme serait celui de l’union de la gauche, ce qui de sa part est en effet un abus de pouvoir. Les consultations en vue de la nomination d’un nouveau chef de gouvernement néanmoins se poursuivent, mais sans la participation des partis de gauche qui ont décidé de ne se rendre à une nouvelle invitation de l’Elysée que pour discuter des modalités pratiques de la formation d’un gouvernement dirigé par la personne faisant consensus en leur sein, et de rien d’autre. Le président français écarte l’option d’un gouvernement issu du NFP au motif qu’il serait censuré à la première occasion venue, car ne disposant pas de la majorité lui permettant de faire face à l’opposition de droite, d’extrême droite et du centre, d’ores et déjà clairement affichée. Reste que dans le cadre du régime actuel, et eu égard à son rôle de garant des institutions, il est tenu de demander en premier lieu à un représentant de la coalition disposant du plus grand nombre de sièges à l’Assemblée de former le gouvernement, indépendamment de la question de savoir si celui-ci est capable ou non de tenir la route.
D’autant que ce qui vaut pour un gouvernement NFP vaut également pour tout autre : aucun des trois blocs issus des législatives anticipées de juillet ne pouvant en effet s’appuyer sur une majorité absolue. Pas plus que n’en disposerait d’ailleurs une alliance du centre macroniste et de la droite dite classique. Dans un seul cas, écarté pour l’heure, une majorité est possible. Mais alors elle serait tripartite, une addition des macronistes, des républicains et des députés de l’extrême droite. Ce cas est-il envisageable ? Pour le moment, non. Mais pour combien de temps la France va-t-elle rester gouvernée par ceux qui ont perdu les législatives, sans que cette situation anormale, provocatrice, ne vire à la crise politique ? Macron a dissous une Assemblée où il disposait d’une représentation bien plus importante que celle qui est la sienne aujourd’hui, son bloc n’étant même plus la force principale. Moralement et politiquement il aurait dû tirer les conséquences d’une décision calamiteuse prise en solitaire en annonçant sa démission. Le rejet d’un gouvernement Castets s’explique d’abord et avant tout par le refus d’un programme, celui du NFP. Les macronistes, les républicains et l’extrême droite s’entendent pour promettre une censure fulgurante à l’encontre d’un gouvernement de gauche. Ce branle-bas de combat procède d’un réflexe de classe, comme tel unitaire et de conviction. Il ne lui reste plus qu’à se transformer en accord de gouvernement. La crise institutionnelle actuelle pourrait évoluer en une véritable crise politique si ce pas était franchi. Ce même Macron qui ne veut pas même essayer un gouvernement Castets peut être contraint, entendu qu’il n’est jamais question pour lui de démissionner, à accepter l’idée d’une grande alliance formée du centre, où du moins de ce qui passe pour tel, de la droite et de l’extrême droite. Mais avant qu’on en arrive là, on essayera l’option d’un gouvernement en quelque sorte apolitique conduit par une personnalité suffisamment consensuelle pour ne pas être renversé dans la foulée de sa constitution. Mais ce gouvernement, quel en serait le programme ? Celui du président Macron, qui a perdu les législatives ? Alors oui dans ce cas, la crise politique serait inévitable.
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