Guerre de libération nationale : la torture contre le peuple algérien a été généralisée par une note classée « très secret »

La généralisation de la torture, pratiquée contre le peuple algérien durant la Guerre de libération nationale, a été consignée à tous les officiers supérieurs de l’armée génocidaire française par une note classée « très secret » du criminel Général Raoul Salan, a révélé dimanche le quotidien français en ligne « Médiapart ». S’appuyant sur un document d’archive daté du […]

Mars 16, 2025 - 21:51
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Guerre de libération nationale : la torture contre le peuple algérien a été généralisée par une note classée « très secret »

La généralisation de la torture, pratiquée contre le peuple algérien durant la Guerre de libération nationale, a été consignée à tous les officiers supérieurs de l’armée génocidaire française par une note classée « très secret » du criminel Général Raoul Salan, a révélé dimanche le quotidien français en ligne « Médiapart ».

S’appuyant sur un document d’archive daté du 11 mars 1957, l’enquête intitulée « Guerre d’Algérie : des ordres des militaires pour généraliser la torture », relève que « la torture a bel et bien été ordonnée par le commandement militaire en Algérie, avec l’aval du pouvoir politique ».

« Après son expérimentation à Alger en 1957, les Généraux recommandent même de la généraliser », affirme « Médiapart ».

L’auteur de l’enquête, Fabrice Riceputi, nomme clairement le général Raoul Salan comme étant l’auteur de la note, portant comme objet « Interrogatoires des suspects ».

Le journaliste indique que cette note argumente le recours à la torture par de « récentes expériences effectuées dans certaines régions ayant mis en lumière le parti qui pouvait être tiré, surtout dans les villes, d’interrogatoires poussés à fond et immédiatement exploités ».

Les Commandants des Divisions militaires, les Troupes et Services des Territoires du Sud se devaient, selon cette « consigne impérative », répercuter les ordres dans les unités qu’ils commandent dans toute l’Algérie et le faire « oralement », instruction ayant été donnée de « ne diffuser, en aucun cas, cette directive, strictement personnelle, par écrit ».

« C’est le cas pour beaucoup de directives du général Salan, mais cette note-là peut moins qu’aucune autre être divulguée », écrit l’auteur de l’enquête, évoquant un « camouflage linguistique de rigueur » avant de faire remarquer qu’au-delà du fait d’interroger des « suspects », la note expliquait « comment doivent être menés les interrogatoires ».

L’enquête précise, en outre, que les mots « sont soigneusement choisis pour ne pas exposer à une accusation infamante, voire, si le vent politique venait à tourner, à des poursuites judiciaires ».

Ainsi, les interrogatoires devaient être « poussés à fond et aussi serrés que possible. Infliger au +suspect+ une douleur assez forte pour vaincre sa résistance à parler », commente l’auteur de l’enquête qui rappelle l’usage de ces méthodes par l’armée française depuis la guerre d’Indochine, en privilégiant l’administration de décharges électriques, la « gégène », ainsi que la simulation de noyade et la baignoire ».

L’enquête fait savoir, en outre, que « le 10 mars 1957, la veille même de la diffusion de cette note de Salan, le Général Massu en a produit une autre sur le même sujet, à l’usage de la 10e Division parachutiste qu’il commande à Alger ».

Quelques jours plus tard, « le 23 mars, c’est le Général Allard, Commandant du corps d’armée d’Alger, qui relaie la consigne de Massu et de Salan, à savoir généraliser les procédés employés à Alger ».

L’enlèvement provisoire et par surprise de quelques habitants pris au hasard ou repérés comme suspects en vue d’un interrogatoire, est ainsi également consignée, considérant que « tout Algérien est potentiellement exploitable », car susceptible d’avoir connaissance des activités des moudjahidine, s’il n’est pas lui-même impliqué.

L’enquête fait admettre que la responsabilité française est « engagée » dans la torture et que cette pratique était « autorisée par le pouvoir politique, celui du gouvernement du socialiste Guy Mollet, c’est-à-dire par la République française elle-même ».

Il cite, à ce propos, la loi dite des « pouvoirs spéciaux », adoptée à une très large majorité en mars 1956, en vertu de laquelle est accordé aux militaires « l’exorbitant pouvoir de déclarer +suspect+ qui bon leur semble, de le détenir et de l’interroger, à leur guise ».

« De cette décision politique, les victimes, sans distinction de sexe, d’âge ou d’origine, se comptèrent jusqu’en 1962 par dizaines de milliers, puis, dès le lendemain des accords d’Evian, l’Etat français dirigé par de Gaulle s’autoamnistia de ces crimes par décret », conclut « Médiapart ».