La déferlante du retour chez soi

Rien que pour la journée de lundi, premier jour du retour de masse au nord de Ghaza, on estime à 400 000 le nombre des déplacés ayant emprunté soit la route côtière Al Rachid, pour certains marchant à même la plage, soit la route Salah Eddine, parallèle à la première mais à l’intérieur des terres, […]

Jan 28, 2025 - 20:23
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La déferlante du retour chez soi

Rien que pour la journée de lundi, premier jour du retour de masse au nord de Ghaza, on estime à 400 000 le nombre des déplacés ayant emprunté soit la route côtière Al Rachid, pour certains marchant à même la plage, soit la route Salah Eddine, parallèle à la première mais à l’intérieur des terres, pour ceux qui retournent dans des véhicules. Ces derniers ont dû toutefois se soumettre à des contrôles à hauteur du corridor Natzarim, toujours aux mains de l’armée israélienne, mais qu’elle doit aux termes de l’accord évacuer prochainement. Dès avant vendredi est programmé une sorte d’échange de rattrapage de prisonniers comprenant la détenue israélienne dont la non-présence à l’échange de samedi a provoqué l’ire du gouvernement israélien, qui en représailles a bloqué pendant 24 heures le passage de Natzarim, ce qui toutefois n’est pas censé préjuger du troisième échange hebdomadaire dans la série de ceux devant se succéder jusqu’à la fin de la première phase de l’accord. Le double ou même le triple flot humain des déplacés progressant vers le nord a achevé de rendre fous furieux aussi bien Itamar Ben-Gvir, le ministre d’extrême droite démissionnaire, que son acolyte Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, qui lui n’a pas démissionné mais qui menace de le faire s’il n’y a pas reprise de la guerre dès la fin de cette première phase.

A se demander quelle collectivité est-ce là où tout le monde n’est pas content de la libération des otages. Ces deux-là, l’un encore ministre et l’autre déjà ex-ministre (ce dernier se montrant d’ailleurs sûr de pouvoir reprendre sa place au gouvernement quand il le veut, c’est-à-dire quand la guerre aura repris) sont accusés par les familles des otages et ceux qui dans l’opinion se tiennent à leurs côtés de rien d’autre que de chercher à saboter l’accord, et par là même à faire tuer les leurs. Ce serait comme si côté palestinien, il s’en trouverait qui seraient opposés à tout arrangement même temporaire avec Israël, quitte pour cela à ce que le génocide aille à son terme et que les prisonniers qui se comptent par milliers ne sortent jamais des geôles israéliennes. Des gens altérés de sang comme Ben-Gvir et Smotrich sont inconcevables parmi les Palestiniens, et même chez leurs soutiens et sympathisants, dans la région comme dans le reste du monde. Pourtant ni l’un ni l’autre ne sont poursuivis par la justice internationale, comme Benjamin Netanyahou par exemple, qui lui depuis un certain temps déjà ne peut voyager qu’aux Etats-Unis. Il peut sans doute le faire ailleurs, en France par exemple, grâce à l’immunité exceptionnelle qui lui a été accordée par le gouvernement français, mais il aurait peur d’être arrêté malgré tout, sous une irrésistible pression populaire par exemple. Une mésaventure qu’il ne risque pas de connaître aux Etats-Unis, mais où néanmoins sa présence n’est pas sans provoquer une réaction épidermique dans un large secteur de l’opinion américaine. Justement il est censé s’y rendre bientôt, pour mettre au point certains détails avec le nouveau président américain, un sioniste plus convaincu encore que ne l’était son prédécesseur, qui lui déjà s’en vantait. Donald Trump n’a pas encore commencé son gigantesque programme de déportations des migrants latino-américains, en principe la première de ses priorités. Il n’empêche, il a déjà commencé à livrer à Israël les bombes les plus lourdes fabriquées aux Etats-Unis, et les plus propres à accélérer le grand nettoyage souhaité par lui à Ghaza.