Le président américain Donald Trump entre le poker et la roulette russe

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Avr 25, 2025 - 09:18
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Le président américain Donald Trump entre le poker et la roulette russe

Une contribution d’Ali Akika – Le poker, bien qu’inventé ailleurs, s’est «épanoui» aux Etats-Unis, jeu du bluff et de gain rapide au risque de se faire dépouiller, tandis qu’à la roulette russe, on risque tout bonnement sa vie. Mais quand on est le président des Etats-Unis, c’est plutôt le pays qui risque de traverser la tempête d’une crise qui s’annonce. On se rappelle que Trump entra au galop dans son rêve audacieux de rendre sa puissance et sa fierté à son pays. Début avril, il annonça et imposa au monde entier des droits de douane pour toute importation entrant aux Etats-Unis. Trois semaines plus tard, rien ne va plus et les deux piliers du système américain sont ébranlés, à savoir le Pentagone, c’est à dire la défense du pays, et la Banque fédérale, qui défend bec et ongle le dollar qui permet d’acquérir n’importe quoi au fin fond de la jungle ou au sommet de l’Himalaya.

Le chef du Pentagone est poussé à la démission pour incompétence et le chef du Trésor américain, intouchable, est sur la sellette, et l’entourage de Trump est à la recherche d’une «pépite» juridique pour que le président puisse mettre fin à son mandat. Ces deux institutions, bras armé de l’Etat américain, nous renseignent sur l’état des «carburants» et des «munitions» de ce bras armé. Pour le Pentagone, ça ne fait pas sérieux d’être incompétent en pleine guerre en Ukraine et au moment de se préparer à tordre le bras militairement à la Chine. Quant à la Banque centrale américaine, il n’est pas question de baisser le taux d’intérêt du dollar au moment où, précisément, la Chine attaque le dieu dollar en vendant une partie de l’immense quantité de ses bons de Trésor américains.

La machine trumpiste déraille !

A l’évidence, Trump a surestimé la puissance de son pays et sous-estimé celle de ses adversaires. Sous-estimer un adversaire est une faute aussi bien en politique que dans une guerre armée. Ainsi, après les fanfaronnades de la première semaine de la guerre des tarifs douaniers, Trump rétropédale à l’encontre des «amis», sauf de la Chine. Faute politique car il désigne ce pays comme adversaire à la fois politique et économique, et rend indirectement hommage à la puissance chinoise. La Chine, n’ayant pas bénéficié du rétropédalage de Trump, augmente ses propres tarifs douaniers, entraînant une riposte américaine. A ce petit jeu, il n’y a plus de commerce entre les deux pays. Commence alors le déraillement de la machine américaine avec les mesures prises par la Chine. Elle a sorti l’arme des bons de Trésor déjà cités qui a entraîné celle des investisseurs étrangers préférant vendre leurs dollars pour investir dans d’autres pays avec d’autres devises.

Ce mouvement des bons de Trésor américains entraîna la chute du dollar d’où la colère du président américain contre le président du Trésor, qui a refusé de toucher au taux d’intérêt pour protéger le dollar et contenir l’inflation. Mais les problèmes ne touchaient pas seulement le dollar ; ils s’étendent au marché des consommateurs qui voyaient le prix des Smartphones augmenter d’une façon vertigineuse. Et, plus grave encore, le Pentagone s’est alarmé par l’arrêt de la fabrication de drones à cause de la pénurie des semi-conducteurs fabriqués en Chine. A l’heure où je rédige ce texte, on apprend que Trump a renoncé au limogeage du directeur du Trésor américain et au tarif de douane faramineux de 145% décrété contre la Chine. Il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte que l’esbroufe et le gonflement des muscles du début avril laissent place à une attitude plus «sage». Ce revirement de Trump est une leçon à retenir, car ce genre d’arrogance ne doit plus avoir cours dans le monde d’aujourd’hui, en ce qu’il fait mauvaise presse et dessert l’homme qui le pratique.

La mondialisation «heureuse» ne répond plus au gendarme du monde

Cette histoire de tarif sortie de la besace américaine sera bientôt une parenthèse, car cette tarification archaïque montre les limites de la mondialisation, bouscule les règles de l’économie de marché qui biberonne le système économique dominant et promet des surprises. La mondialisation, en utilisant les progrès des technologies modernes, a engendré des liens complexes dans les relations économiques internationales qui nécessitent le respect des règles élaborées par les organisations comme l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce. Or, le dollar, devenu monnaie internationale, a été détourné de son rôle initial, celui de faciliter la circulation des échanges et non de servir d’outil de répression – forte pénalité contre une banque, la BNP, qui a commercé avec l’Iran. Au nom de quoi cet abus de pouvoir pour punir un acte commercial que s’arroge le droit américain ? Cette violence ouvre la porte à la violation du droit international. Et cette violation insupportable a fait réagir des pays et restera dans l’histoire comme une des voies et voix de résistance à cette mondialisation des nantis contre les plus faibles.

La deuxième faute commise par le gendarme du monde, c’est celle d’abuser de tarifs douaniers et de croire en sa seule toute-puissance qui lui éviterait toute réplique des pays et des entités économiques dans le monde. Cette résistance a entraîné la riposte des bourses qui s’est répercutée sur les investisseurs et ainsi de suite. Cette chaîne de réactions prouve que l’économie moderne du libéralisme ne veut pas se soumettre à une simple décision politique d’un pays, aussi puissant soit-il. Cette économie libérale croit et fait confiance à ses réseaux de productions, ses banques, son système de distribution pour se laisser entraîner dans le chaos d’un Trump sans réagir. Les intérêts en place, la protection des Etats et des unions, comme l’Union européenne, sont une sorte de muraille de Chine qui les protège d’une Amérique qui renoue avec ses amours isolationnistes pour se préparer à sa guerre contre la Chine.

Le multilatéralisme économique et politique en marche

La crise de la mondialisation ne tombe pas du ciel. Elle est le produit d’une dynamique de déclin de l’appareil de production de l’Occident. On sait que dans sa fureur de maximiser le profit, il lui faut résister à la farouche compétition interne qui se combine avec la pression externe des pays du Sud qui ont prouvé leurs capacités de produire de la qualité et moins cher. Moins cher pas seulement à cause des bas salaires dans le Sud, mais grâce à l’organisation sociale et culturelle de pays qui n’ont pas encore été fissurés par la «modernité» et l’individualisme ; bref, de vivre au-dessus de leurs moyens, etc. En résumé, le Sud, par son industrialisation, son commerce par le biais de monnaies nationales, ont «participé» indirectement à la désindustrialisation de l’Occident qui s’est débarrassé de la pollution, à bénéficier des matières premières et des coûts de fabrication moins élevés, etc. Quant à l’aspect politique du multilatéralisme, ces pays du Sud revendiquent le droit de gérer leurs affaires et ne plus subir la politique des deux poids et deux mesures.

Hélas, le passage de l’unilatéralisme au multilatéralisme se paie très cher, au regard de la férocité des guerres qui se secouent le monde. Mais ça, c’est une autre histoire qui racontera la grande histoire.

En conclusion, la «sagesse» est venue visiter le président américain et lui a «conseillé» de ne pas renvoyer son ministre de la Défense et le gouverneur de la Banque centrale. Mais ce qui est encore plus fort, c’est l’annonce de la réduction du tarif douanier de la Chine qui passe de 245% à presque 0%. Trump a été obligé de souligner «non pas zéro quand même», a-t-il répondu à un journaliste. Les «experts», furieux que la Chine ait bénéficié de la «générosité» de Trump, se sont vengés sur Xi Ping, le président chinois, qui aurait appelé Trump. Les plus «téméraires» ont suggéré que la crise qui frappe la Chine aurait incité les Chinois à négocier secrètement, etc.

Dans leur ignorance de la situation du pays et, surtout, l’utilisation de leurs outils d’analyse frisant le degré zéro du savoir, la marque de leur formatage idéologique les trahit. Les informations qui parsèment mon article sont publiques, mais aucun de ces «experts» n’y fait référence. Ça les empêcherait de dormir de voir la Chine leur fournir des masques du Covid et traverser cette séquence en nourrissant sa population qui était interdite de sortir de chez elle. Ils ne supportent pas que leurs usines soient achetées par la Chine, que les voitures électriques envahissent leurs rues, etc. Il ne leur reste que la calomnie pour se venger et faire croire qu’ils sont encore les meilleurs.

Ceci étant dit, les pays dits du Sud ont intérêt à comprendre la nature de la crise de la mondialisation, capitaliste, ne l’oublions pas. C’est la condition pour ne pas se faire emporter par les tempêtes qui s’annoncent. Ne tombons pas dans les marécages des préjugés, qui consistent à faire porter la faute aux autres, comme le font ces «experts» qui ferment les yeux sur leurs limites en semant la haine comme nourriture de compensation. Il ne faut pas oublier que ces haineux sont contrés chez eux par leurs compatriotes qui ont retenu d’autres leçons de l’histoire.

A. A.

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