Maâti Monjib ou le théâtre obscène de la gâterie géopolitique entre Paris et Rabat

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Juin 7, 2025 - 09:28
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Maâti Monjib ou le théâtre obscène de la gâterie géopolitique entre Paris et Rabat

Par Mohamed El-Maadi – Il y a des silences qui puent la compromission. Celui de la France face au calvaire du journaliste et historien franco-marocain Maâti Monjib est de ceux-là. Pendant que ce dernier se laisse mourir à petit feu dans les geôles du Makhzen, réduit à la grève de la faim pour réclamer son droit de sortir du royaume-prison, Paris détourne impudiquement les yeux. Pourquoi ? Parce que cela ferait tache dans le théâtre obscène de la «gâterie géopolitique» entre la France et le Maroc.

Le régime marocain est devenu, pour les élites françaises, la maîtresse de substitution parfaite : docile, rentable, muette. Une bonne copine diplomatique qu’on se tape dans les arrière-salles feutrées de la géostratégie. Pas de vagues, pas de presse, pas de morale. Tout ce qui sort de cette relation est avalé, digéré, nié. Et, surtout, tout ce qui gêne – comme un intellectuel malade et persécuté – est discrètement enterré.

Maâti Monjib n’est pas un inconnu. Son œuvre démonte pièce par pièce le système autoritaire marocain. Son engagement pour une presse libre lui a coûté sa liberté, ses biens, son emploi, sa santé. Mais il est aujourd’hui une figure gênante. Trop lucide, trop sincère, trop en contradiction avec les intérêts franco-marocains. Pendant qu’il se bat pour respirer, Boualem Sansal, lui, trône sur les plateaux de télévision, transformé en idole par un appareil médiatique français qui adore les écrivains exotiques tant qu’ils servent les obsessions occidentales : islamophobie, totalitarisme, algérianité négative.

Sansal est le dissident convenable, calibré pour la République. Maâti Monjib, lui, est l’«emmerdeur» de trop. L’homme qu’on préfère voir s’éteindre sans bruit. Et dans cette inégalité de traitement entre deux figures, ce n’est pas seulement l’hypocrisie française qui se dévoile, mais son cynisme le plus abject, le plus ordurier.

Car que voulez-vous attendre d’un Etat dont certains ministres se sont livrés, impunis, à des actes qu’on n’oserait pas nommer dans une fosse ? Quand le pouvoir politique s’envoie des enfants, la tête dans leurs excréments, il ne faut pas s’étonner que la souffrance d’un homme honnête dans une cellule marocaine soit perçue comme une anecdote. La France officielle a perdu toute boussole morale. Elle se vautre dans une diplomatie obscène, faite de caresses sales, de contrats dissimulés et d’avalements politiques.

Le Maghreb, dans ce jeu sordide, n’est qu’un décor où la France joue à l’ancienne : on flatte le Maroc, on dénigre l’Algérie, on divise pour mieux régner. Mais tout cela finira par lui exploser au visage. Car les peuples, eux, n’oublient pas. Et les humiliés d’aujourd’hui sont les mémoires explosives de demain.

M. E.-M.

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