«Nous avons beaucoup fait pour eux, ils le feront pour nous»
En réponse à une question de journaliste portant sur le refus de l’Egypte et de la Jordanie d’accueillir sur sa demande sur leurs territoires les Ghazaouis, Donald Trump a répondu fort brièvement jeudi dernier, depuis la Maison-Blanche, et quelque temps après l’annonce de la catastrophe aérienne de Washington, qu’il ne fallait pas s’y tromper, […]
En réponse à une question de journaliste portant sur le refus de l’Egypte et de la Jordanie d’accueillir sur sa demande sur leurs territoires les Ghazaouis, Donald Trump a répondu fort brièvement jeudi dernier, depuis la Maison-Blanche, et quelque temps après l’annonce de la catastrophe aérienne de Washington, qu’il ne fallait pas s’y tromper, qu’elles finiraient malgré tout par le faire. Il ne s’est guère attardé sur le sujet, mais l’air qu’il a pris pour faire cette remarque, ne laisse pas de doute quant à son intention de faire en sorte que ces deux alliés donnent refuge à une population arabe dont le pays est entièrement détruit, comme chacun peut maintenant le constater, sans avoir besoin pour cela de se rendre sur place. A vrai dire, la question posée ne portait pas directement sur le refus, qui pour le journaliste était quelque chose d’acquis, car constituant un acte de souveraineté de la part des deux pays, qui plus est exprimé par eux en des termes on ne peut plus clairs, mais sur la ou les mesures que lui Trump comptait maintenant prendre à leur encontre. En fait, le poseur de la question voulait juste savoir si leurs produits exportés aux Etats-Unis n’allaient pas être à leur tour fortement taxés.
«Nous avons fait beaucoup pour eux, ils feront cela pour nous», a expliqué Trump. Il n’a pas dit : ce ne serait que justice qu’ils le fassent pour nous, mais cela était implicite dans son propos. Le président égyptien, lui aussi lors d’une conférence de presse, avait la veille écarté entièrement la demande de Trump, disant que la déportation des Palestiniens était un mal, une injustice à laquelle il était exclu que l’Egypte participe si peu que ce soit. On ne sait pas, en revanche, en quels termes précis le roi jordanien a opposé le même refus à Trump. Toutefois à s’en tenir aux propos tenus à cet égard par son ministre des Affaires étrangères, son refus n’a pas dû être moins explicite que celui de Abdelfattah Sissi. Ainsi donc, Trump commence à peine son deuxième mandat qu’il prend l’initiative de provoquer une crise diplomatique sans précédent avec deux importants alliés dans le Moyen-Orient, les premiers à avoir conclu la paix avec Israël. Il n’a pas l’air de comprendre que ni l’Egypte ni la Jordanie ne peuvent satisfaire sa demande sans plonger dans une instabilité politique probablement sans remède. Pourquoi ne fait-il pas la même proposition aux monarchies du Golfe, chacun à proportion de sa superficie, du volume de sa population et de sa richesse ? Pourquoi s’adresse-t-il pour cela, d’une part au pays le plus peuplé de la région, et de l’autre à celui qui compte déjà sur son sol le plus grand nombre de réfugiés palestiniens ? Jamais un pays comme l’Arabie saoudite n’offrirait ne serait-ce qu’un refuge provisoire aux Palestiniens. Convaincu de la chose, Trump ne cherche pas du reste à la mettre à contribution dans la déportation des Palestiniens, d’autant qu’il nourrit un autre dessein la concernant, qui est de l’amener à établir des relations diplomatiques avec Israël, un objectif dans la réalisation duquel il pourrait par contre se montrer intraitable. L’Egypte et la Jordanie se retrouvent depuis jeudi dernier devant deux choix possibles : soit elles acceptent de voir leurs relations se détériorer avec le président des Etats-Unis, en continuant de rejeter son plan de déportation des Palestiniens, soit elles lui cèdent, mais alors au risque d’un soulèvement de leurs peuples.