Witkoff se fait attendre

Bien qu’annoncée depuis un certain temps déjà, la date exacte de la visite de l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, n’est toujours pas connue. Mais qu’elle ait lieu bientôt semble être une certitude, d’autant que des négociations ont lieu en ce moment même entre représentants américains et ceux du Hamas à Doha, ayant ceci […]

Mars 7, 2025 - 18:40
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Witkoff se fait attendre

Bien qu’annoncée depuis un certain temps déjà, la date exacte de la visite de l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, n’est toujours pas connue. Mais qu’elle ait lieu bientôt semble être une certitude, d’autant que des négociations ont lieu en ce moment même entre représentants américains et ceux du Hamas à Doha, ayant ceci de particulier qu’elles portent seulement sur la libération d’otages de nationalité américaine, ce qui clairement n’est pas pour plaire aux Israéliens. Un journal israélien au moins croit savoir que le gouvernement n’en a pris connaissance que par une voie indirecte, c’est-à-dire non américaine. Mais si Witkoff n’a toujours pas arrêté le jour de son voyage dans la région, ou peut-être seulement en Israël, il n’en a pas moins fait savoir à ce dernier qu’il attendait de lui qu’il préserve la paix jusqu’à son arrivée. C’est que donc Israël est déjà impatient de rompre le cessez-le-feu convenu avec le Hamas. Il a par ailleurs cessé de se référer à la soi-disant nouvelle proposition de Witkoff, dans laquelle il ne serait plus question de passage à la deuxième phase de l’accord, la première ayant pris fin depuis quelques jours, mais dans le meilleur des cas de prolongation seulement de la première, pour permettre la libération de ce qu’il reste de prisonniers à Ghaza – sur un total de 59, une vingtaine de vivants. Israël a prêté à Witkoff quelque chose que lui-même n’a pas revendiqué comme son bien, puis ne voyant rien venir, il n’en a plus fait allusion.

Il s’est donné un nouveau chef d’état-major, qui à peine en place s’est mis à parler de reprendre la guerre, dans l’immédiat si cela ne dépendait que de lui. Itamar Ben-Gvir se dit lui disposé de revenir au gouvernement si d’une part la guerre reprend, que l’aide humanitaire est interdite de passage, que le plan de Trump de transfert de la population de Ghaza commence à être appliqué. Il était temps pour le Hamas de rappeler qu’il n’était pas mort, qu’il était toujours en capacité d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi, et sinon de le bouter hors de Ghaza du moins de lui enlever son restant de superbe, achevant ce faisant le travail commencé un certain 7 octobre. Une tâche dont justement vient de s’acquitter le porte-parole d’El-Kassam, Abou Oubeida, dans une intervention qui est un modèle d’équilibre, entre le respect de l’engagement pris avec les intermédiaires, le souci de ne pas augmenter les souffrances de la population civile, et le devoir de résistance si l’ennemi néanmoins en vient à rouvrir le feu, une menace devenue quotidienne chez ses représentants. L’aide humanitaire n’entre pas depuis quatre ou cinq jours : un signe qui ne trompe pas quant à la volonté d’Israël de renouer avec la guerre. Celle-ci serait déjà reprise si c’était l’administration précédente qui se trouvait encore aux commandes à Washington. Mais avec la nouvelle administration, la prudence est de rigueur. Vous êtes porté de vous-mêmes à attendre que l’on vous donne le signal. C’est ce que le gouvernement Netanyahou est en train de faire. Il attend que les ordres de Trump lui soient signifiés par l’entremise de Witkoff. Cela prendra le temps nécessaire à la conclusion des négociations directes qui se tiennent à Doha, entre les Américains et le Hamas, et qui ne concernent que les otages américains, qui en fait sont des binationaux. Si elles aboutissaient, et que le Hamas accorde leur libération, ce serait contre quoi ? En échange de prisonniers palestiniens qui forcément se trouvent aux mains d’Israël, qui alors n’aurait d’autre choix que de les libérer. N’empêche, ce serait la première fois que les Américains fassent quelque chose sans coordination avec lui.