Solution

La guerre en Ukraine a débuté il y a trois ans et pour la première fois lors d’un vote à l’ONU, les États-Unis se sont exprimés contre une résolution avancée par l’Ukraine. Un changement radical de politique comparé à l’ère Biden. Pour les représentants américains aux Nations unies, le plus important est désormais de prioritiser […]

Fév 25, 2025 - 20:06
 0
Solution

La guerre en Ukraine a débuté il y a trois ans et pour la première fois lors d’un vote à l’ONU, les États-Unis se sont exprimés contre une résolution avancée par l’Ukraine. Un changement radical de politique comparé à l’ère Biden. Pour les représentants américains aux Nations unies, le plus important est désormais de prioritiser une paix rapide entre Kiev et Moscou et cela ne passera pas par un constant antagonisme contre le Kremlin. Lundi matin, une première résolution préparée par l’Ukraine et ses alliés européens a été adoptée à l’Assemblée par 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur 193 États membres. Un succès pour ses partisans, même si l’Ukraine a perdu de nombreux soutiens, dont celui des États-Unis de Donald Trump qui ont voté contre, aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Inde, de Cuba, de la Hongrie, mais aussi de la Russie, dont l’ambassadeur, Vassili Nebenzia, a dénoncé «un morceau de papier antirusse». La résolution reconnaît qu’il est «urgent» de mettre fin à la guerre «cette année», et répète sans équivoque les précédentes demandes de l’Assemblée : retrait immédiat des troupes russes du territoire ukrainien et arrêt des hostilités menées par la Russie. Défiant Kiev et ses alliés européens, les États-Unis ont, de leur côté, soumis à l’Assemblée une résolution concurrente réclamant la fin rapide du conflit sans référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, au moment où Donald Trump a entamé un rapprochement avec le Kremlin et multiplié les invectives contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, désormais sous pression. Le très court texte qui demandait «instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable» n’a pas été mis aux voix tel quel. Il a en effet été largement modifié par plusieurs amendements de pays européens pointant clairement du doigt la Russie pour ce conflit, affirmant son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et réclamant une «paix juste». Le texte modifié a été adopté par 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions. Les représentants d’une trentaine d’alliés de l’Ukraine ont salué «le message fort» de l’Assemblée. «Toute paix qui risque de récompenser l’agression augmente le risque que n’importe quel pays dans le monde subisse une agression similaire», ont-ils insisté, évoquant la menace d’un «précédent». Mais le texte américain original a ensuite été soumis au Conseil de sécurité, où les États-Unis ont cette fois enregistré une victoire. «Nous sommes fiers que le Conseil de sécurité ait adopté un accord historique, un jalon, le premier en trois ans», a salué l’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, alors que le Conseil était paralysé jusqu’alors sur ce dossier par le droit de veto russe. «Cette résolution représente un chemin vers la paix, ce n’est pas un accord de paix qui coûte quoi que ce soit», a-t-elle également justifié. Après le rejet de tous les amendements proposés par les quatre membres de l’Union européenne (France, Slovénie, Grèce, Danemark) et le Royaume-Uni pour introduire une référence à l’agression russe et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, la résolution a été adoptée par 10 voix pour, et aucune contre. Les cinq mêmes pays européens se sont abstenus, y compris la France et le Royaume-Uni, qui auraient pu choisir de bloquer l’adoption en utilisant leur veto pour la première fois depuis 1989. «Cette guerre est illégale, une violation claire de la Charte de l’ONU et une menace pour les principes fondateurs de l’ONU. Personne ne veut la paix plus que l’Ukraine, mais les termes de cette paix ont leur importance», a commenté l’ambassadrice britannique, Barbara Woodward, tandis que son homologue français, Nicolas de Rivière, insistait pour «une paix qui ne peut en aucun cas être synonyme de capitulation de l’agressé». Reste que ce changement de paradigme avec Washington, choisissant désormais de prioritiser une solution de paix avant toute chose, pourrait être, malgré la désapprobation de l’Europe, la meilleure chance pour Kiev et Moscou de mettre fin à la guerre qui les oppose depuis trois ans. F. M.