À une semaine de la rentrée scolaire : Les parents entre fierté et angoisse à Sétif

À une semaine de la rentrée scolaire fixée au 21 septembre, l’effervescence gagne les familles sétifiennes. Dans les rues, sur les marchés de proximité spécialement ouverts pour l’occasion et dans les librairies, parents et enfants se pressent pour préparer le jour « J ». L’ambiance est à la fois joyeuse et tendue : joyeuse, parce […] The post À une semaine de la rentrée scolaire : Les parents entre fierté et angoisse à Sétif first appeared on L'Est Républicain.

Sep 13, 2025 - 22:31
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À une semaine de la rentrée scolaire : Les parents entre fierté et angoisse à Sétif

À une semaine de la rentrée scolaire fixée au 21 septembre, l’effervescence gagne les familles sétifiennes. Dans les rues, sur les marchés de proximité spécialement ouverts pour l’occasion et dans les librairies, parents et enfants se pressent pour préparer le jour « J ». L’ambiance est à la fois joyeuse et tendue : joyeuse, parce que chaque rentrée est synonyme de nouveauté et d’espoir ; tendue, car la question du budget vient vite assombrir l’enthousiasme. Si l’offre est abondante, couvrant toutes les gammes de matériel pédagogique, de manuels et de vêtements, les bourses de la majorité des ménages ne suivent pas. Entre les dépenses de base et les charges quotidiennes qui ne cessent d’augmenter, la préparation scolaire devient une véritable épreuve pour des familles déjà fragilisées par un pouvoir d’achat en berne. Une tournée effectuée dans différents points de vente de la capitale des Hauts plateaux révèle toutefois une petite lueur d’espoir : les prix des cahiers connaissent une baisse substantielle par rapport à l’année précédente. La concurrence entre commerçants profite aux clients. Ainsi, il est possible de trouver un cahier de 32 pages à 23 dinars, un cahier de 48 pages à 27 dinars, un 64 pages à 33 dinars, un 96 pages à 40 dinars et même un 120 pages à 55 dinars. « C’est une bonne surprise pour nous, car l’année dernière, c’était beaucoup plus cher », confie une mère rencontrée dans une librairie du centre-ville. Mais cette baisse ne concerne pas l’ensemble des fournitures. Pour les blouses, trousses, cartables, compas, règles, équerres et autres accessoires, la tendance reste globalement stable. « Rien n’a vraiment changé, et pour une famille avec trois ou quatre enfants, cela reste lourd. Une blouse d’un enfant de dix ans à plus de 2.000 dinars, un sac à dos simple à plus de 1.600 dinars et un pack de livres scolaires de cinquième année primaire à 3.050 dinars, n’est pas à la portée d’un papa en charge de cinq enfants scolarisés à différents niveaux et paliers. Pour répondre aux exigences de la rentrée scolaire, il me faut au minimum 100.000 dinars, soit deux mois de salaire », soupire un père croisé dans un marché de proximité. Notre interlocuteur n’a pas tort, car les manuels, même s’ils bénéficient d’une subvention de l’État, demeurent une charge considérable, surtout pour les familles nombreuses ou aux revenus modestes. Un lot complet de manuels pour un élève du primaire ou du moyen suffit à grever un budget familial déjà limité. Plusieurs parents affirment que l’achat des livres constitue la dépense la plus difficile à assumer. Dans les librairies, les files d’attente commencent à s’allonger. Certains commerçants mettent en place des facilités de paiement, permettant aux clients de régler en plusieurs fois. « Beaucoup de parents nous demandent d’étaler les paiements. Nous essayons de les aider comme nous pouvons », explique un libraire de la cité El Hidhab. Au-delà du coût, la qualité des produits proposés suscite aussi des interrogations. Des cartables importés, parfois bon marché, séduisent par leur design, mais se dégradent rapidement après quelques mois d’utilisation. Les commerçants locaux insistent sur la nécessité de privilégier la qualité pour éviter de racheter du matériel en cours d’année. Sur le plan de la solidarité, des citoyens et associations caritatives se mobilisent, dans la discrétion totale. « Cette solidarité est vitale, car sans elle, de nombreux enfants orphelins ou nécessiteux risqueraient de commencer l’année sans cartable ni manuels », souligne un bienfaiteur activant loin des feux de la rampe. Bref, la rentrée scolaire ne se résume donc pas à un simple événement administratif. Elle reflète aussi la réalité socio-économique du pays et les difficultés quotidiennes des ménages. Entre espoir d’une bonne année scolaire et inquiétude face aux charges financières, les parents oscillent entre fierté et angoisse. « Nous voulons donner le meilleur à nos enfants, mais chaque rentrée devient un parcours du combattant », témoigne une mère de famille nombreuse. À Sétif, comme ailleurs en Algérie, la rentrée 2025-2026 s’annonce ainsi contrastée : d’un côté, l’excitation des élèves impatients de retrouver leurs camarades et leurs enseignants ; de l’autre, le fardeau financier qui pèse lourdement sur des milliers de foyers à revenus limités.

Kamel Beniaiche

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