Affrontements fratricides en Cisjordanie
Il y a encore peu, Américains et israéliens multipliaient les déclarations selon lesquelles jamais les chances de conclusion d’un accord avec la résistance palestinienne, représentée dans les négociations indirectes par le Hamas, n’ont été aussi grandes. Ils ajoutaient, sûrement à l’adresse des sceptiques, que s’il en était ainsi aujourd’hui, à la différence des fois précédentes, […]
Il y a encore peu, Américains et israéliens multipliaient les déclarations selon lesquelles jamais les chances de conclusion d’un accord avec la résistance palestinienne, représentée dans les négociations indirectes par le Hamas, n’ont été aussi grandes. Ils ajoutaient, sûrement à l’adresse des sceptiques, que s’il en était ainsi aujourd’hui, à la différence des fois précédentes, une annonce de ce genre n’étant pas en effet absolument nouvelle, c’est parce que les Palestiniens faisaient preuve d’une souplesse dont pour le moins ils n’étaient pas coutumiers. On l’aura compris, cette nouvelle disposition chez les Palestiniens serait due à en croire leurs ennemis non pas à un désir de paix chez eux mais à l’épuisement de leurs forces. Israël comme les Etats-Unis manquent rarement un round dans les pourparlers, où qu’il se tienne, mais ce n’est pas sur la bonne volonté des négociateurs palestiniens qu’ils fondent le plus d’espoir en vue de la libération des captifs, estimés aujourd’hui à une centaine, mais sur la poursuite du massacre des populations civiles de Ghaza.
Ils sont toujours d’avis qu’il arrivera bien un moment où le total des morts et des civils parmi les civils sera si élevé que les combattants du Hamas, et des autres groupes palestiniens, dont le Jihad islamique et les communistes du Front populaire, pour ne parler que des plus importants après le Hamas, n’auront d’autre choix que de faire le nécessaire pour arrêter le massacre, quand bien mêmes leurs forces intrinsèques leur permettraient de tenir encore longtemps. Ce calcul, Israéliens et Américains l’entretiennent depuis des mois sans que rien de concret ne vienne le justifier. Pour l’heure, en tout cas, et alors que l’aviation israélienne tue par jour des dizaines de civils palestiniens, on ne voit pas que la résistance soit en train de vivre sur ces dernières réserves, et qu’en conséquence elle cherche une voie de sortie au moyen de la négociation. Au contraire, sa pugnacité reste entière, comme en témoignent les attaques à l’arme blanche exécutées au cœur des unités israéliennes. Le recours à l’arme blanche est tout récent. Il ne semble pas qu’il soit dû à un manque de munitions chez le combattant palestinien. Les Israéliens eux-mêmes ne se l’expliquent pas de cette façon. A vrai dire, ils n’en parlent même pas, peut-être par crainte de déstabiliser davantage des soldats déjà moralement atteints, la perspective d’être poignardé ou égorgé n’ayant rien en effet de réjouissant pour personne. Tout se passe donc comme si en l’occurrence les Palestiniens voulaient montrer leur détermination à poursuivre le combat, ainsi que leur peu de foi dans les annonces de l’ennemi sur un accord probable. Côté palestinien, une faille est apparue toutefois, non pas à Ghaza d’ailleurs, où pourtant continue de se dérouler un génocide caractérisé, mais en Cisjordanie, et plus précisément dans le camp de Jénine, où les forces de l’ordre relevant de l’Autorité palestinienne s’attaquent aux résistants dans l’intention de les désarmer. Ce combat fratricide plaît tellement au gouvernement israélien qu’il a donné l’ordre à ses services compétents de se coordonner plus étroitement avec leurs homologues palestiniens. Ce que l’armée libanaise n’a jamais tenté avec le Hezbollah, les forces de sécurité palestiniennes en Cisjordanie occupée le tentent au risque de déclencher une guerre fratricide avec les groupes de résistance de Cisjordanie, qui pourtant ne font montre d’aucune hostilité à leur égard.
M. H.
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