Après la crise, le port espagnol de Castellón cherche à relancer le commerce avec l’Algérie

Deux ans après une crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne liée à la question du Sahara occidental, une délégation du port de Castellón s’est rendue en Algérie pour tenter de relancer les échanges commerciaux. Cette mission, organisée par l’Autorité portuaire de Castellón, s’est achevée le 18 décembre. C’est la première initiative de ce type depuis la levée en novembre dernier du blocage commercial imposé par l’Algérie depuis juin 2022, rapporte la presse espagnole.

Avant le blocage, l’Algérie était un partenaire clé pour le port de Castellón, notamment pour les exportations de produits céramiques. En 2022, ces exportations représentaient plus de 300 millions d’euros. En 2018, le port enregistrait un volume annuel d’un million de tonnes de marchandises échangées avec l’Algérie, principalement des émaux et des équipements liés à la céramique.

Il convient de rappeler qu’en janvier 2024, le gouvernement algérien a décidé d’interdire l’importation des produits finis en céramique et en marbre. Cette décision a été prise dans le but de développer sa production nationale, afin de réduire la facture des importations du pays.

Avec la reprise des relations commerciales, les opérateurs espagnols espèrent renouer avec la dynamique d’avant-crise. Le président de l’Autorité portuaire, Rubén Ibáñez, souligne que « l’objectif est de rétablir » les relations avec les entreprises algériennes et d’identifier de nouvelles opportunités. Selon lui, qui l’Algérie « représentait l’un des marchés les plus importants pour le port de Castellón ».

Ibáñez explique également que « l’objectif principal est de servir de pont entre les représentants de la communauté portuaire qui nous accompagnent et les principaux acteurs du tissu commercial algérien ayant des intérêts dans notre arrière-pays après plus de deux ans de blocus ».

La délégation espagnole a rencontré des représentants économiques et institutionnels en Algérie, ainsi que des entreprises locales. Ces échanges visent à convaincre les partenaires algériens de reprendre leurs commandes auprès des compagnies maritimes espagnoles.

Fernando Fabra, président de la société Esmaltes, a exprimé son optimisme quant à l’obtention d’autorisations d’importation pour les produits espagnols. De son côté, l’ambassade espagnole en Algérie a joué un rôle clé dans l’organisation des discussions, en facilitant la coopération entre les acteurs économiques des deux pays.

Outre la céramique, l’agriculture a également été un sujet central de cette mission. Les besoins croissants en modernisation du secteur agricole algérien offrent des opportunités pour les entreprises de Castellón spécialisées dans les technologies agricoles et les matériaux innovants.

Rubén Ibáñez met en avant les atouts du port de Castellón, notamment sa capacité à gérer différents types de marchandises et son positionnement stratégique en Méditerranée. Les acteurs du port de Castellón estiment que l’année 2025 sera cruciale pour relancer durablement les échanges. Les compagnies maritimes prévoient d’évaluer le marché et de planifier de nouvelles liaisons vers les ports algériens.

En 2019, l’Espagne a exporté des marchandises vers l’Algérie pour une valeur de 3 milliards d’euros. Ce chiffre a diminué en 2021 à 1,88 milliard d’euros en raison des restrictions liées à la Covid-19. Le déclin lié à la crise politique a commencé à l’été 2022 après la suspension par l’Algérie du Traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage qui la liait à l’Espagne depuis 2002, suivie immédiatement par le gel du commerce, à l’exception des hydrocarbures.

Au cours de l’année 2022, les exportations espagnoles vers l’Algérie se sont élevées à 1,02 milliard d’euros, soit 45,9% de moins qu’en 2021. Et en 2023, elles ont fortement chuté à 331,8 millions, soit une baisse de 67,5% par rapport à l’année précédente, selon les chiffres du ministère espagnol du Commerce repris par la presse espagnole. Les prémices de la fin de la crise ont commencé à apparaître en novembre 2023 avec la décision d’Alger de nommer un nouvel ambassadeur à Madrid après une année et demie de vacance du poste.

Les premières levées des restrictions ont eu lieu deux mois plus tard, en janvier 2024, et ont d’abord concerné les importations de poulet et de viande en provenance d’Espagne. Depuis lors, la reprise a été progressive. En mai, on constatait déjà un redémarrage partiel des exportations espagnoles vers l’Algérie, selon le ministère espagnol du Commerce.

Les chiffres montrent que le commerce entre les deux pays a réellement redémarré au début de l’année 2024. Durant les deux premiers mois de cette année, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont atteint 163 millions d’euros, dont 133 millions de biens d’équipement. Cela représente une nette augmentation par rapport aux maigres 17 millions d’euros des mois de janvier et février 2023. Toutefois, les échanges restent bien en deçà des niveaux d’avant la crise. En janvier et février 2022, l’Espagne avait exporté pour 334 millions d’euros vers l’Algérie.

Tout au long de l’année 2024, la reprise des échanges n’a pas été uniforme, mais elle a concerné progressivement certains produits, tels que les véhicules de transport de marchandises, les composants pour le secteur automobile et la viande bovine. Par la suite, la reprise s’est élargie aux vêtements et aux produits cosmétiques.

D’après le ministère espagnol du Commerce, les exportations de matériel de transport ont déjà atteint 126 millions d’euros cette année, contre zéro en 2023 et 4 millions en 2022. Les exportations du secteur automobile ont même surpassé les niveaux d’avant la crise, avec 11 millions d’euros en 2024, contre 2 millions en 2023 et 5 millions en 2022.

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