Dinar algérien : l’euro poursuit sa baisse, quel avenir pour le marché noir

L’euro et le dollar poursuivaient leur baisse, ce mercredi 11 décembre, face au dinar algérien sur le marché parallèle de change. S’agit-il du début de la fin du marché noir des devises, après notamment la révision à la hausse du montant de l’allocation touristique ?

Si l’imprévisibilité caractérisant le marché parallèle de change ne permet pas de tirer une conclusion aussi hâtive, l’augmentation importante de l’allocation touristique pourrait effectivement avoir un certain impact, d’au moins sur l’écart avec le change officiel.

Au lendemain de l’annonce du gouvernement du nouveau montant de l’allocation touristique, l’euro a fortement flambé, dépassant même le seuil de 260 dinars. Le dollar avait également franchi un nouveau record face au dinar.

L’euro et le dollar repartent à la baisse sur le marché noir ce mercredi 11 décembre

Mais très vite, la tendance s’est inversée. Poursuivant sa baisse, le billet de référence de 100 euros est proposé ce mercredi 11 décembre par les cambistes du square Port-Saïd contre 25.700 dinars, perdant ainsi près de 5 dinars par rapport au début de la semaine.

La hausse constante du dollar américain face au dinar s’est également arrêtée. Après avoir enchaîné les records ces dernières semaines, le billet de 100 dollars est proposé ce mercredi contre 24.650, soit 246,50 pour 1 dollar.

Les voyageurs à l’étranger (tourismes, études, soins, pèlerinage …) étant l’une des principales clientèles du marché noir des devises, des analystes pensent que l’augmentation de l’allocation touristique aura certainement un impact sur les valeurs des devises sur ce marché.

L’allocation touristique sera en effet portée à 750 euros par voyageur algérien majeur et à 300 euros par voyageur algérien mineur, à compter de janvier 2025. Les modalités d’application du nouveau montant seront fixées par un décret qui sera publié prochainement.

Si l’on prend l’exemple d’une famille de trois membres adultes qui va voyager à l’étranger après l’entrée en vigueur du nouveau montant, elle aura droit à 2.250 euros au taux de change officiel. Ce qui est énorme pour des vacances en Tunisie par exemple et plutôt correct pour un séjour en Europe, si l’on évite les villes coûteuses comme Paris et Londres.

Peut-on parler aujourd’hui du début de la fin du marché parallèle de change ?

Le marché parallèle devra donc perdre une importante manne financière, réduisant ainsi une importante partie de la demande. Citant des économistes, le journal public algérien El Moudjahid évoque déjà une possibilité d’éradication du marché parallèle de change, mais à certaines autres conditions.

La prospérité du marché noir en Algérie est étroitement liée aux restrictions sur l’accès aux devises étrangères, notamment pour les voyages. Or, en facilitant l’accès aux devises dans un cadre officiel pour les voyageurs, la demande va considérablement diminuer.

Il est certes trop tôt pour parler de l’éradication du marché noir, car l’impact de la nouvelle allocation touristique est tributaire des modalités de son application. De plus, la révision à la hausse de ce montant est loin d’être suffisante pour cela.

Mais on peut déjà parler d’un pas dans la bonne direction dans la réduction du recours au marché parallèle et la gestion de l’écart de taux de change, surtout si l’augmentation de l’allocation sera accompagnée d’autres mesures économiques, politiques et sociales.

Outre l’ouverture des bureaux de change et une lutte efficace contre les pratiques bureaucratiques de certaines banques lors de l’attribution du nouveau montant de l’allocation, le gouvernement doit aussi fournir « un environnement économique stable et favorable aux investisseurs », préviennent les observateurs cités par le même journal.

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