La sortie du Quai d’Orsay n’augure pas un dégel avec la venue de Barrot à Alger
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Par Mohamed K. – Certains, par un biais d’optimisme, ont vu dans la dernière déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay sur la crise algéro-française les prémices d’une désescalade. Mais les propos de Christophe Lemoine n’augurent pas un dégel avec la visite annoncée du ministre français des Affaires étrangères en Algérie. La date n’a pas été révélée – ou même fixée –, mais le déplacement de Jean-Noël Barrot semble inscrit sur les tablettes d’Emmanuel Macron depuis le début de la guerre froide.
Le porte-parole du Quai d’Orsay a clairement précisé que Paris «travaille à trouver une issue à la crise actuelle tout en défendant les intérêts de la France et des Français». En clair, le chef de la diplomatie française compte se rendre à Alger avec les mêmes «revendications» dans sa valise. La première d’entre elles a, d’ailleurs, été annoncée tout de go : «La France est préoccupée concernant la situation de Boualem Sansal, eu égard à son âge et son état de santé.»
Rien n’est donc tranché et la visite de Barrot risque d’être un coup d’épée dans l’eau, si elle n’aggrave pas carrément la crise qui dure depuis plusieurs mois. Le président Tebboune a fait savoir que son seul point de repère était son homologue Emmanuel Macron ou toute personne qu’il déléguerait. Le message semble avoir été saisi à la volée par la partie française, qui espère pouvoir renouer le dialogue, consciente des fâcheuses conséquences qui découleraient d’un prolongement sans fin du désaccord algéro-français.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a révélé que des émissaires avaient été dépêchés à Alger par le président français, mais il n’en a pas dit plus. On ne sait donc pas quelle personnalité française a atterrit à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene. Il pourrait s’agir d’un de ses proches conseillers ou d’un haut responsable à l’Elysée. Au début de la crise, des informations concordantes avaient fait état d’une visite éclair du patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Nicolas Lerner, un proche d’Emmanuel Macron, qui aurait fait un aller-retour furtif, sans que cette information n’ait été confirmée ou infirmée, ni par Paris ni par Alger.
Plusieurs semaines plus tard, c’est sa collègue de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Céline Berthon, qui s’inquiétait du tarissement des renseignements en provenance d’Alger, dans ce contexte marqué par de sérieuses menaces sur la sécurité de la France. Un pays qui donne des signes de panique et d’impuissance devant la recrudescence de la violence et la montée de l’islamisme qui, paradoxalement, trouve un terreau fertile dans le soutien des responsables politiques français au nouveau régime de Damas, issu du groupe terroriste d’Al-Nosra, dont l’extrémisme violent a été salué par Laurent Fabius.
A son arrivée à Alger, Jean-Noël Barrot trouvera à son tour une liste de vieilles revendications auxquelles la France n’a jamais répondu, en dépit d’une réunion au sommet qui avait regroupé les deux chefs d’Etat, en présence des chefs des services de sécurité des deux pays. La justice algérienne réclame l’extradition de membres de la nébuleuse islamiste Rachad et du mouvement séparatiste du MAK, les deux organisations étant accusées de terrorisme par l’Algérie qui rejette, par ailleurs, la violation par le président français de la légalité internationale en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Les autorités algériennes exigeront également que le président Macron retienne ses chiens qui aboient du matin au soir, insultant l’Algérie et s’adonnant à une campagne de désinformation enragée, aussi bien contre sa direction politique du pays que ses ressortissants installés en France, dont la sécurité est sérieusement menacée.
Aux demandes formulées par les côtés, la réponse est connue d’avance. Ni Alger ni Paris ne feront un pas en arrière pour voir s’entrouvrir une fenêtre sur un possible compromis à court terme. Le porte-parole a donné le ton avant même l’officialisation de l’annonce de la visite du locataire du Quai d’Orsay. Si déplacement il y aura, ce sera donc «pour défendre les intérêts de la France». Message reçu cinq sur cinq de ce côté-ci de la Méditerranée.
Autant économiser le kérosène en ces temps de disette énergétique en France.
M. K.
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