La Turquie d’Erdogan n’est pas un partenaire fiable mais un prédateur opportuniste
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Par Mohamed El-Maadi – La Turquie d’Erdogan, ce caméléon politique qui se rêve en sultan moderne, déploie une diplomatie aussi toxique que ses ambitions sont démesurées. Derrière les sourires chaleureux et la rhétorique de «fraternité musulmane» se cache un prédateur géopolitique dont l’Algérie doit impérativement se méfier.
Le spectacle est presque risible : voilà un pays membre de l’OTAN qui joue les défenseurs de l’islam politique, condamne théâtralement l’Occident tout en y mendiant son intégration, et prétend soutenir la Palestine pendant qu’il maintient des relations commerciales florissantes avec Israël. Cette schizophrénie diplomatique révèle la vraie nature du régime d’Erdogan : un opportunisme sans limites masqué par un néo-ottomanisme de pacotille.
L’Algérie, qui a payé au prix du sang son indépendance, ne peut se permettre la naïveté face à ce «grand frère» autoproclamé. Les embrassades chaleureuses d’Ankara cachent mal une stratégie d’infiltration économique pernicieuse : invasion de produits turcs tuant l’industrie locale, investissements ciblés dans les secteurs stratégiques, réseaux d’influence qui s’étendent comme du lierre sur un mur.
Pendant que la Turquie joue sa partition de puissance musulmane protectrice, elle attise les braises en Libye, manipule les flux migratoires comme une arme politique, et mène une politique agressive en Méditerranée orientale. Ces contradictions flagrantes devraient sonner comme autant de signaux d’alarme pour Alger.
La réalité est brutale : la Turquie d’Erdogan n’est pas un partenaire fiable mais un prédateur opportuniste qui utilise l’histoire ottomane comme un cheval de Troie moderne. Ses réseaux d’influence, ses manœuvres économiques, ses activités culturelles et religieuses sponsorisées ne sont que les tentacules d’une nouvelle forme de colonialisme déguisé en coopération fraternelle.
L’Algérie doit donc adopter une posture de méfiance systématique, transformant la vigilance en doctrine d’Etat. Chaque accord, chaque investissement, chaque «geste d’amitié» doit être scruté avec la plus grande suspicion. Les secteurs stratégiques doivent être protégés comme des joyaux, les transferts de technologie limités au strict minimum et les réseaux d’influence turcs surveillés avec une attention obsessionnelle.
Car l’histoire nous l’a appris : les empires, même quand ils se parent des atours de la fraternité religieuse, restent des empires. Leurs «embrassades» sont souvent plus dangereuses que l’hostilité déclarée de certains adversaires. La Turquie d’Erdogan, avec son néo-ottomanisme agressif et sa diplomatie du double jeu, représente un danger d’autant plus sérieux qu’il se dissimule derrière un masque fraternel.
Face à ce sultan moderne qui rêve de restaurer sa gloire passée sur le dos de ses «frères», l’Algérie doit maintenir une distance critique implacable. Car dans ce grand jeu méditerranéen, la naïveté pourrait coûter aussi cher que la confiance mal placée dans les anciennes puissances coloniales. Les fantômes des empires, qu’ils soient ottomans ou autres, restent des fantômes, et leurs promesses de fraternité ne sont que les mirages d’un nouveau colonialisme rampant.
M. E. M.
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