Localité phoenicole par excellence à Biskra : Sehira veut devenir une commune de plein droit
Sehira est une petite localité d’environ 6.000 âmes dépendante de la commune de Lioua, située à 45 kilomètres au sud-ouest de Biskra. En y arrivant, la première impression qui vous saisit est que cette bourgade était une oasis luxuriante. Une enfilade de maisons en torchis adossées les unes aux autres, un magasin de denrées alimentaires, […] The post Localité phoenicole par excellence à Biskra : Sehira veut devenir une commune de plein droit first appeared on L'Est Républicain.
Sehira est une petite localité d’environ 6.000 âmes dépendante de la commune de Lioua, située à 45 kilomètres au sud-ouest de Biskra. En y arrivant, la première impression qui vous saisit est que cette bourgade était une oasis luxuriante. Une enfilade de maisons en torchis adossées les unes aux autres, un magasin de denrées alimentaires, une esplanade où des enfants jouent au football en dépit du froid et une bâtisse impressionnante, à savoir la mosquée Abou Bakr As-Siddiq, en constitue le centre qui est enserré de hauts palmiers-dattiers dodelinant sous l’effet du vent. Un exquis parfum de dattes mûres embaume l’air. Un vieil homme en « kachabia », comme atteint de stéréotropisme, est debout à scruter le vide. On le soupçonnerait de penser à sa jeunesse et à la splendeur perdue des lieux. Surgissant de nulle part, un autre vieil homme portant une faucille, nous prenant pour des acheteurs de dattes, explique que celles de Sehira sont d’une qualité sans pareille. Deux autres hommes, des cinquantenaires, rejoignent la discussion. Eux aussi sont des fellahs ulcérés de voir les jardins dépérir faute d’eau. La solution pour régler ce problème d’eau est que l’Etat prenne en charge la réalisation de deux ou trois forages. L’eau qui est à quinze ou vingt mètres de profondeur est chaude et saturée en sel et donc impropre à la consommation, de même que pour l’irrigation des palmeraies », lance l’un d’entre eux. Bientôt, d’autres gens plus ou moins âgés renforcent le groupe et chacun tient à apporter son témoignage sur les dures conditions de vie dans cette bourgade signifiant littéralement « petit désert », que le travail des agriculteurs avait transformé en oasis. En effet, il y a à peine vingt ou trente ans, Sehira était un véritable petit Eden. Les palmeraies croissaient dans une luxuriance paradisiaque, pour le bonheur des habitants et des voyageurs de passage qui y trouvaient tout le bien-être et l’hospitalité des gens du sud. L’eau coulait à profusion, se rappellent les plus anciens.
Les jeunes rêvent d’ailleurs…
Réfractaires aux souvenirs de leurs aînés, les jeunes de trente ans et moins ont d’autres préoccupations comme partout à travers le pays. Pour eux, leur lieu de naissance est plus un purgatoire qu’un paradis. Leur rêve et d’aller vivre sous d’autres cieux. La vie, ici, ne leur sied plus. Enfoui au milieu d’une palmeraie, le Mausolée de Sidi Moussa, vénérable ancêtre, n’a plus les faveurs des thuriféraires et des adorateurs qui venaient quémander une guérison, une naissance ou un autre évènement heureux. « Histoires à dormir debout et subsistance d’un maraboutisme archaïque », s’écrit un ingénieur sans emploi. Notre interlocuteur dénonce le manque de poste d’emploi et relève que bien que cette localité ait des représentants élus à l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Lioua, elle ne bénéficie d’aucun projet de développement. Il y a bien une petite poste, un centre de soin, deux écoles primaires et un collège. « Cependant cela est insuffisant pour retenir les jeunes à Sehira. Ils rêvent tous de partir en ville », déplore-t-il. Le club de football manque cruellement de subvention, les bus du transport universitaire ne desservent pas Sehira. Chaque famille compte un ou deux chômeurs et même le travail de la terre ne rapporte plus rien car le manque d’eau en hypothèque l’activité, se plaint-on. Un universitaire poursuivant des études en langues anglaises à l’université de Biskra, lui, pense que la solution pour déclencher un essor du village et retenir ses jeunes est de lui conférer le statut de commune de plein droit. « Ainsi, Sehira aura des projets d’aménagements urbains, de construction de logements et d’infrastructures sportives et culturelles, d’un lycée et des postes d’emploi pour les centaines de jeunes diplômés, ne rêvant que d’une vie meilleure sous d’autres cieux », argumentera-t-il. En repartant de Sehira, vos bras seront chargés de présents de toutes sortes. Votre cœur sera plus riche d’avoir rencontré ces gens, dont des jeunes de l’Algérie profonde faisant preuve d’un notable dynamisme et de louables et légitimes ambitions et aspirations à redonner vie à leur vieux village.
Hafedh M.
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