Pitoyable recyclage

Par Mohamed El-Maadi – La France, ce pays qui se gargarise de sa devise «Liberté, Egalité, Fraternité», offre au monde le spectacle navrant d’une nation schizophrène, maîtresse dans l’art du double discours et de la manipulation diplomatique. Son comportement dans l’affaire du Sahara Occidental illustre magistralement cette duplicité pathologique qui caractérise sa politique étrangère postcoloniale.

Voici donc cette «patrie des droits de l’Homme» qui, d’une main, signe des traités sur l’autodétermination des peuples et, de l’autre, orchestre méticuleusement la perpétuation d’une occupation illégale. Cette France qui verse des larmes de crocodile sur les violations des droits humains à l’autre bout du monde, mais ferme hermétiquement les yeux quand son vassal marocain réprime systématiquement les aspirations légitimes du peuple sahraoui. Quelle magistrale démonstration d’hypocrisie !

La «grande nation» s’est muée en une boutiquière de la diplomatie, bradant ses principes contre des contrats commerciaux et une influence déclinante. Son «idée d’autonomie» pour le Sahara Occidental n’est qu’un pitoyable recyclage de ses vieilles recettes coloniales, un subterfuge grossier visant à légitimer l’occupation, tout en préservant ses intérêts mercantiles. Cette France qui donne des leçons de démocratie urbi et orbi n’est plus qu’une caricature d’elle-même, prisonnière de ses contradictions et de son incapacité chronique à se réinventer.

Le spectacle est d’autant plus pathétique qu’elle s’accroche désespérément à son «précarré» africain par l’entremise du Maroc, ce royaume taillé sur mesure par ses soins colonialistes. La monarchie marocaine, tel un pantin bien dressé, exécute docilement la partition écrite à Paris, dans une grotesque chorégraphie néocoloniale qui ne trompe plus personne. Cette relation symbiotique malsaine illustre parfaitement la survie des mécanismes de domination coloniale, à peine masqués sous un vernis de modernité.

L’arrogance française atteint des sommets lorsqu’elle prétend proposer des solutions pour un territoire qu’elle n’a jamais possédé, mais qu’elle considère comme une extension naturelle de sa zone d’influence. Cette outrecuidance caractéristique d’une puissance déchue qui refuse d’admettre son déclin irrémédiable est particulièrement révoltante. La France se comporte comme ces aristocrates ruinés qui persistent à donner des leçons de maintien tout en vivant dans un château en ruines.

Son obstruction systématique à l’organisation d’un référendum d’autodétermination révèle la profonde lâcheté d’un Etat qui a, depuis longtemps, vendu son âme au plus offrant. Cette France qui se targue d’être le pays des Lumières projette désormais l’ombre sinistre d’une puissance moralement faillie, prête à toutes les compromissions pour maintenir l’illusion de sa grandeur passée.

L’acharnement pathologique avec lequel Paris soutient les prétentions marocaines traduit une peur viscérale : celle de voir s’effondrer son dernier levier d’influence en Afrique du Nord. Cette politique du déni et de l’obstruction témoigne d’une incapacité chronique à comprendre que le monde a changé, que l’Afrique s’est éveillée et que les peuples ne se laissent plus berner par les artifices diplomatiques d’une ex-puissance coloniale aux abois.

La France contemporaine offre le triste spectacle d’une nation qui a perdu non seulement sa boussole morale, mais aussi le sens même de son histoire. Son engagement aux côtés du Maroc dans la question du Sahara Occidental n’est que le symptôme le plus visible d’une déchéance morale profonde, d’une politique étrangère en lambeaux, guidée uniquement par un opportunisme à courte vue.

Cette mascarade diplomatique finira inévitablement par se retourner contre ses architectes. La France, en persistant dans cette voie du déshonneur, ne fait qu’accélérer son propre déclin sur la scène internationale. Les peuples africains, jadis soumis à sa férule coloniale, observent avec un mélange de dégoût et de pitié les derniers soubresauts d’une nation qui fut grande mais qui s’est perdue dans les méandres de sa propre duplicité.

L’histoire retiendra comment la France, en trahissant ses propres valeurs pour quelques miettes d’influence, aura précipité sa déchéance morale et diplomatique. Le peuple sahraoui, fort de son bon droit et de la justesse de sa cause, survivra à ces manœuvres délétères, comme il a survécu à toutes les tentatives précédentes de nier son existence. La vérité et la justice finiront par triompher, laissant la France contempler les ruines de sa crédibilité internationale, victime de sa propre perfidie.

M. E.-M.

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