En digne héritier de Pétain : Macron instaure le travail gratuit obligatoire

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Jan 1, 2025 - 22:46
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Par Khider Mesloub – Depuis l’avènement de la macronie, un nouvel esprit totalitaire s’instaure doucement mais sûrement dans la nouvelle France oligarchique et policière. Un ordre national nouveau émerge, fondé sur la trilogie : travail, patrie, famine (paupérisation). Un ordre national nouveau qui rappelle les années noires du régime de Vichy.

Olivier Véran, alors porte-parole du gouvernement, avait dévoilé, lors d’une conférence de presse, les trois axes de l’agenda de la macronie sous le triptyque : travail, ordre, progrès. Par ordre, il faut entendre : ordre policier, dont on entrevoit tous les jours les sanglants progrès répressifs.

«C’est sous le triple signe du travail, de la famille et de la patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau», martelait, en son temps, Pierre Laval, à l’époque du régime de Vichy.

Pour rappel, dès son installation, le régime de Vichy s’était employé à liquider la Troisième République, pour attribuer les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs au maréchal Pétain. N’est-ce pas au même processus auquel on assiste depuis le début de la mandature de la macronie, la liquidation de la Ve République, illustrée par la concentration du pouvoir entre les mains de Macron, dont l’occulte Conseil de défense, instituée instance de gouvernance durant la crise sanitaire, symbolise les dérives totalitaires ? Et cette dérive s’accélère avec l’usage démesuré du despotique 49.3, dégainé sans cesse pour passer en force les lois et «réformes» antisociales et anti-ouvrières les plus impopulaires.

En 1940, dès son intronisation, le régime de Vichy, dirigé par Pétain, décide de valoriser le travail. Le travail apparaît dès lors comme un point central de la propagande du nouveau régime fasciste. En changeant ainsi la devise, les tenants de la «révolution nationale» signifient que, pour eux, le travail est, sans jeu de mot, capital, au point d’inciter les Français à donner leur travail dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO).

D’entrée de jeu, le régime de Vichy fustige la paresse répandue par le Front populaire, accusé d’avoir diminué le temps de travail et instauré les congés payés (comme les macronistes dénoncent les 35 heures institués par le gouvernement socialiste Jospin). La devise du pouvoir de Vichy est : «Le travail des Français est la ressource suprême de la patrie.» Le régime s’empare également du 1er Mai pour montrer que «le travail est à l’honneur».

Cependant, le travail valorisé par les pétainistes est celui d’une France rurale et traditionnelle. Les deux piliers du travail valorisé sont constitués par l’artisanat et la paysannerie. A contrario, l’ouvrier et le monde de l’usine sont occultés, pour leur dimension jugée subversive et leur inclination à la lutte de classes. Le régime de Pétain fait l’apologie d’un monde du travail pacifié, débarrassé de la lutte des classes. Le travail est présenté comme le creuset de la société française.

La propagande pétainiste pousse l’indécence jusqu’à inviter les travailleurs français, expédiés en Allemagne dans le cadre du STO, à être les ambassadeurs de la qualité française. Certaines affiches célèbrent le travail en érigeant le maréchal Pétain en modèle, dans une certaine forme de culte du chef.

Ironie de l’histoire, au même titre que la France de Vichy résultait de la défaite militaire et de la débâcle économique, donc de la ruine des Français, expliquant le recours massif à la propagande par le gouvernement Pétain pour tenter de créer une union nationale factice, le régime de Macron, semblablement, résulte de la défaite morale politique, de la débâcle industrielle, donc de la ruine des Français, expliquant, non pas le recours à la propagande étatique, de nos jours inopérante du fait de l’existence des réseaux sociaux (véritables contre-pouvoirs médiatiques), mais le recours aux violences policières, la terreur étatique. Aujourd’hui, la police est l’ultime rempart de la bourgeoisie française sénile et décadente pour maintenir un semblant de «cohésion sociale».

A l’ère de la macronie, telle est la trilogie (travail, patrie, famine) dramatique gouvernementale dorénavant imposée au peuple français par le général hautain Macron. En digne héritier de Pétain qui avait inauguré son régime vichyssois génocidaire sous les funestes auspices de la «Révolution nationale», Macron avait amorcé sa présidence par la publication de son ouvrage-programme, intitulé également «Révolution». On présumait que la révolution prônée par Macron serait libérale, libertaire et libertine, mais jamais on aurait soupçonné qu’elle deviendrait nationale, oligarchique et totalitaire. Militairement et policièrement offensive et répressive.

Pour rappel, en juin 1940, le maréchal Pétain, dans un discours moraliste et culpabilisateur, tenant responsable le peuple français lui-même de sa défaite, dénonce les causes des malheurs de la France en ces termes : «Depuis la victoire [de 1918], l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort ; on rencontre aujourd’hui le malheur.» En résumé, le maréchal Pétain reproche au peuple français de s’être amolli par sa recherche du bien-être.

Dans la même veine, avec une rhétorique quasiment similaire, le 24 août 2022, le promoteur de la collaboration avec la finance génocidaire internationale, Macron, reprend semblable posture moraliste et culpabilisatrice à l’endroit de «son» peuple, incriminé pour sa supposée indolence et son insolente prodigalité.

En effet, Macron prend la parole le 24 août 2022, en ouverture du Conseil des ministres, dont les premières minutes sont délibérément retransmises en direct pour être suivies par tous les téléspectateurs. En préambule, Macron appelle les Français à se préparer à davantage d’efforts et de sacrifices car «le monde est confronté à une grande bascule (…), un grand bouleversement (…), des grands bouleversements énergétiques, conséquences directes de la guerre en Ukraine et du dérèglement climatique». Aussi prévient-il que la France entrera dorénavant dans le nouvel ordre marqué par «la fin de l’abondance» et «la fin d’une forme d’insouciance».

En digne héritier de Pétain qui voulait remettre la France au travail, au lendemain de sa débâcle, pour soutenir l’effort de guerre nazi au service duquel elle œuvrerait dorénavant (comme la France de Macron œuvre actuellement au service de l’OTAN, c’est-à-dire les Etats-Unis, les maîtres de la vassale Europe), Macron compte poursuivre son œuvre réactionnaire par la révolution du travail. Autrement dit, par l’augmentation du temps de travail hebdomadaire et l’allongement de l’exploitation salariée, c’est-à-dire le relèvement de départ de l’âge à la retraite de 62 à 64 ans. Réforme des retraites qu’il a imposée par son dictatorial article constitutionnel 49.3 en 2023.

De manière générale, parmi les mesures envisagées pour contraindre les salariés à travailler plus et plus longtemps, Macron envisage de démanteler les 35 heures, pour leur substituer un système où la durée du travail sera modulable selon les périodes de la vie.

Dorénavant, non seulement les salariés devront travailler plus sans compensation financière, avec des semaines probablement à 50 heures, mais, depuis l’adoption de la réforme des retraites, travailler plus longtemps. En d’autres termes, sous le régime macroniste, l’exploitation salariée s’étend en amont et en aval. Les jeunes devront travailler plus. Les seniors devront travailler plus longtemps. Des semaines à 50 heures. Et des carrières professionnelles rallongées à 64 ans. Tel est le régime d’exploitation salarié auquel seront soumis les travailleurs français. Telle est la révolution du travail instaurée par le régime macroniste, où l’exploitation salariée augmentera en intensité et en extensivité.

Le régime de Macron, en cette période d’économie de guerre, donc de militarisme «nécessitant la mobilisation de toutes les forces vives de la nation pour défendre la patrie menacée par les régimes illibéraux et autoritaires», selon la rhétorique occidentale atlantiste, veut mettre tout le monde au travail.

Surtout les chômeurs et les allocataires du RSA (le revenu de solidarité active), contraints désormais de participer à l’effort de guerre (économique) par leur enrôlement dans les entreprises, pour pouvoir prétendre bénéficier des maigres prestations sociales et des indemnités chômage. En effet, les allocataires du RSA ne pourront plus continuer à percevoir leur allocation sans contrepartie.

Pour assurer cette transition vers le travail obligatoire, de sinistre mémoire, le gouvernement Macron a décidé de procéder à une refonte totale (totalitaire) de Pôle emploi. Pour commencer, le gouvernement Macron a débaptisé Pôle emploi, jugé impersonnel et neutre. Pôle emploi se nomme dorénavant France Travail, qui résonne comme une injonction fasciste : «France travaille». Du reste, France Travail a rendu obligatoire l’inscription.

Parmi les chantiers de France Travail figure également la réforme relative à l’accompagnement renforcé des allocataires du RSA, dans le viseur du gouvernement.

Comme le rapportait l’hebdomadaire L’Express, «le gouvernement veut que les bénéficiaires du RSA répondent à des devoirs, voulus par Emmanuel Macron». Répondre à quels devoirs ? Les bénéficiaires du RSA devront en contrepartie de leur allocation travailler dans les collectivités ou entreprises.

De fait, le gouvernement Macron prévoit de conditionner le versement du RSA à la réalisation obligatoire de 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires, c’est-à-dire 20 heures de travail forcé. «Les activités réalisées» (le travail forcé) pourront être de tout type, selon la CGT. «Il est donc à craindre qu’elles ne se fassent uniquement au sein d’entreprises et de collectivités, sans offrir de réel accès à la formation pour les allocataires», souligne la CGT.

Comme le dénonce la CGT, «avec cette réforme, le gouvernement revient sur le droit fondamental à l’emploi inscrit dans la Constitution de 1946 et glisse de plus en plus du droit à l’emploi vers une obligation de travailler» de sinistre mémoire. «Plutôt que d’embaucher des agents territoriaux, les collectivités concernées pourront donc se reposer sur le travail gratuit des allocataires du RSA, ou pire encore, des entreprises pourraient profiter du financement public (par l’impôt) du RSA pour disposer de main-d’œuvre gratuite», dénonce Denis Gravouil, secrétaire général de la FNSAC.

Comme nous l’avons souligné plus haut, cette mesure de réalisation obligatoire d’activités professionnelles de 20 heures hebdomadaire rappelle le Service du travail obligatoire (STO), institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942, pour répondre aux exigences allemandes de main-d’œuvre par la fourniture des travailleurs français. Cette loi a obligé 600 000 Français à partir travailler en Allemagne. Sous le magnanime gouvernement Macron, les Français au chômage n’auront pas besoin, heureusement, de traverser la frontière (la «rue», selon l’expression de Macron) pour aller se faire exploiter gratuitement dans les entreprises. Ils vont pouvoir se faire suer le burnous dans les entreprises françaises, dirigés par des capitalistes français, ces négriers des temps modernes.

Après avoir été expérimenté au cours de l’année 2024 dans plus de 40 départements, le dispositif de travail obligatoire imposé aux allocataires du RSA s’étend, à compter de ce 1er janvier 2025, à tout le territoire. Le RSA conditionné est dorénavant généralisé à l’ensemble du pays.

A partir du 1er janvier 2025, l’intégralité des plus de 4 millions de bénéficiaires du RSA devront ainsi obligatoirement être inscrits à France Travail et signer un «contrat d’engagement», les contraignant à effectuer entre 15 et 20 heures hebdomadaires «d’activité d’insertion» obligatoire pour obtenir la faible allocation (565 euros pour une personne seule).

A cet égard, il est utile de rappeler que le gouvernement a délibérément refusé une disposition listant les domaines d’activité concernés. Aussi, cette activité obligatoire peut-elle être effectuée dans tout domaine économique, privé et public. Comme le dénonce un syndicaliste : «Rien n’empêche que des travailleurs soient ainsi mis à disposition gratuitement pour les patrons, du public ou du privé.»

Le refus ou l’impossibilité d’effectuer ce travail gratuit obligatoire sera passible de la suspension des maigres allocations du bénéficiaire du RSA, plongeant le chômeur dans une misère plus profonde et dramatique.

Dorénavant, à compter de ce 1er janvier 2025, les 4 millions d’allocataires du RSA devront consacrer (sacrifier) 15 à 20 heures par semaine à une activité obligatoire dans une association, collectivité ou entreprise, sous peine de suspension des allocations, un minimum de survie. Le régime macroniste mène une véritable offensive antisociale au service du patronat.

De la sorte, les associations (souvent à but lucratif), les collectivités et les entreprises auront à leur disposition une main-d’œuvre gratuite, corvéable et exploitable à merci.

En l’espèce, le gouvernement Macron est incapable de fournir un emploi à la hauteur des compétences de l’allocataire du RSA, ou une véritable formation de reconversion, mais le contraint à s’enrôler obligatoirement dans une collectivité ou entreprise (d’armement ?) pour y travailler gratuitement. A court terme, la généralisation du travail gratuit obligatoire des bénéficiaires du RSA se traduira par le licenciement d’autres travailleurs rémunérés.

Selon les gouvernants et les patrons, les allocataires du RSA et les chômeurs seraient des «fainéants délibérés et invétérés», qu’il convient, tels des enfants irresponsables, de prendre sévèrement en main pour leur apprendre le goût de l’effort afin de les remettre au travail.

Les véritables parasites, oisifs rentiers et actionnaires, sont à la tête du pouvoir et des entreprises.

Comme le note Pierre-Edouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et des précaires : «Ça rappelle ce que l’on écrivait des peuples colonisés à la fin du XIXe siècle dans les manuels scolaires. C’est exactement le même type de raisonnement.»

Ainsi, le régime macroniste, composé d’oisifs serviteurs des rentiers et des actionnaires parasitaires, œuvre non seulement sur le front de la patrie qu’il s’active à blinder et à caporaliser idéologiquement par la fascisation des esprits, mais également sur le front du travail, qu’il s’applique à militariser.

Ce régime macroniste militariste, qui réduit son peuple à la diète, n’a-t-il pas voté un budget de 413 milliards d’euros de financement des armées pour les sept années à venir ? La plus importante hausse enregistrée depuis plus de 60 ans. Preuve du tournant militariste de l’Etat français en voie de durcissement autoritaire et de bellicisme forcené. D’aucuns diraient de fascisation.

Ce dispositif de travail obligatoire imposé aux allocataires du RSA, qui rappelle le STO instauré par le régime de Vichy, risque de plonger des milliers de chômeurs dans une précarité extrême, par l’intensification des contrôles et des radiations, obligeant ces derniers à accepter des emplois toujours plus difficiles et précaires pour ne pas mourir de faim.

K. M.

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