Pour Trump l’ennemi est intérieur
Si les démocrates ont pu se convaincre, certes en se forçant un peu, que la victoire aurait un effet lénifiant sur Donald Trump, si bien qu’ils n’auraient eux qu’à faire le dos rond et attendre que cela passe, le discours qu’il a prononcé vendredi dernier à l’intérieur du bâtiment du département de Justice à Washington […]

Si les démocrates ont pu se convaincre, certes en se forçant un peu, que la victoire aurait un effet lénifiant sur Donald Trump, si bien qu’ils n’auraient eux qu’à faire le dos rond et attendre que cela passe, le discours qu’il a prononcé vendredi dernier à l’intérieur du bâtiment du département de Justice à Washington a dû raviver toutes leurs craintes sur ce qui en réalité les attend. La visite en elle-même déjà sortait de l’ordinaire, la tradition voulant qu’un président américain fraye le moins possible avec le pouvoir judiciaire, par crainte de paraître le contrôler. Celle de Trump était de quelqu’un qui après avoir enlevé de haute lutte une place forte vient y planter son drapeau. Une foule de partisans l’acclamait à l’entrée et une autre lui faisait la haie dans l’enfilade des couloirs. C’était une parade de la victoire, un moment plus jouissif encore que celui de s’être retrouvé à nouveau dans la Maison-Blanche, pourtant le tabernacle du pouvoir aux Etats-Unis. Moins de deux mois après son intronisation, Trump a ressenti le besoin de rappeler tant à ses partisans qu’à ses adversaires que rien de ce qu’il leur avait promis tout au long de la campagne n’est oublié, que tout sera tenu.
Ses partisans attendent de voir jeter en prison ceux qui avaient tout fait pour l’y envoyer lui, les membres les plus en vue de l’administration précédente, Joe Biden tout le premier, ses proches et même son fils Hunter, dont on se demande après ce que Trump en a dit ce vendredi si la grâce préventive accordée par son père lui sera d’une quelconque utilité. Le FBI, les juges, les procureurs, d’autres encore, tous ceux qui d’une façon ou d’une autre avaient pris part aux poursuites engagées contre lui dans le seul dessein d’empêcher sa réélection, auraient à rendre des comptes. Déjà au cours de la campagne, des craintes s’étaient exprimées quant à la revanche qu’un Trump réélu serait tenté de prendre sur ceux qui s’étaient placés en première ligne pour lui barrer la route de la Maison-Blanche. Puis s’était joué le spectacle de la passation du pouvoir qui s’était déroulé sans accroc malgré l’exécration que les deux hommes éprouvaient l’un pour l’autre. Le discours de vendredi remet les pendules à l’heure de la campagne, faisant de ce qui va venir un prolongement de ce qui a précédé. Il est clair que pour Trump, son administration et ses partisans, l’ennemi véritable de l’Amérique n’est ni la Russie ni la Chine, ni le Hamas, ni même l’Iran. Il est intérieur, il s’incarne dans ceux qui, où qu’ils se soient trouvés, ont commencé par mettre en cause la première élection de Trump, l’imputant à l’immixtion des Russes, puis ont truqué la présidentielle suivante, avant de le poursuivre en justice sur des prétextes fallacieux, en réalité pour empêcher sa réélection. L’âge d’or promis par Trump ne peut advenir que si ce courant de radicaux fourbes et malsains, ce « rebut » de l’humanité, est mis une bonne fois pour toutes hors d’état de nuire. Quelqu’un qui a pu résister à autant de haine, et à deux tentatives de meurtre, pour triompher à nouveau, a le devoir de débarrasser l’Amérique de l’ennemi intra muros, de tous le plus dangereux. Il ne s’y dérobera pas. Tel est le message rappelé avec une vigueur extraordinaire par Trump vendredi dernier, non pas depuis n’importe quelle tribune mais à partir de l’épicentre de la Justice américaine.