Promis pour «courant janvier», le droit au change de 750 € toujours pas en vigueur
La hausse de l’allocation touristique de 105 à un maximum de 750 euros/an décidé par le président de la République il y a près de 9 semaines, n’est toujours pas effective alors qu’elle devait entrer en vigueur «à compter de janvier 2025» selon le communiqué du conseil des ministres du 8 décembre 2024. «Monsieur le […]
La hausse de l’allocation touristique de 105 à un maximum de 750 euros/an décidé par le président de la République il y a près de 9 semaines, n’est toujours pas effective alors qu’elle devait entrer en vigueur «à compter de janvier 2025» selon le communiqué du conseil des ministres du 8 décembre 2024.
«Monsieur le président de la République a décidé de porter l’allocation touristique à 750 euros par voyageur algérien majeur et à 300 euros par voyageur algérien mineur (moins de 19 ans, NDLR), à compter de janvier 2025, honorant ainsi l’un de ses principaux engagements envers les Algériens visant à améliorer les standards de bien-être. Un décret exécutif fixant les modalités d’obtention de cette allocation sera publié», avait annoncé le communiqué en question. A la date de publication de cet article, aucun texte réglementaire en rapport avec cette décision n’a été rendu public.
La revalorisation de l’allocation touristique est une promesse de campagne d’Abdelmadjid Tebboune faite avant son élection en décembre 2019. Il s’était engagé à augmenter le montant afin de «préserver la dignité des Algériens.»
Mais fait inhabituel, le communiqué du conseil des ministres du 8 décembre annonce qu’«un décret exécutif fixant les modalités d’obtention de cette allocation sera publié.» En effet, la gestion du droit au change relève des prérogatives de la Banque d’Algérie, conformément à la loi n°23-09 du 21 juin 2023 portant Loi monétaire et bancaire et au règlement n°92-04 du 22 mars 1992 relatif au contrôle des changes.
Pour rappel, la dernière révision du montant actuelle, 15 000 dinars (environ 150 euros) remonte à près de 28 ans ! L’Instruction n°08-97 du 28 aout 1997 relative au droit de change pour voyage à l’étranger avait réintroduit cette allocation après une interruption de plus de 20 ans dû à la grave crise économique qui a frappé l’Algérie à partir de 1986.
A la date de rédaction de cet article, et faute d’instructions, les banques algériennes continuent ainsi à n’offrir que l’équivalent de 15 000 DZD (environ 105 euros), un montant inchangé depuis 28 ans.
Pourtant les autorités avaient suffisamment de temps pour préparer les projets de textes règlementaires depuis que le sujet a été abordé il y a près de 4 mois en conseil des ministres. «Le président de la République a ordonné une augmentation ‘’substantielle’’ du montant de l’allocation touristique octroyée une fois par an au profit des citoyens voyageant à l’étranger», annonçait le communiqué du conseil des ministres du 6 octobre 2024.
Avec un pécule de 750 euros par adulte, l’enveloppe annuelle sera de 1,5 milliard d’euros pour deux millions de voyageur. Si l’on ajoute l’allocation de 300 euros pour les mineurs, on obtient un montant supplémentaire de 600 millions d’euros pour deux millions de voyageurs mineurs.
Avec les estimations disponibles pour certaines destinations, nous retiendrons l’hypothèse d’un volume de 4 millions de touristes. L’incidence de l’enveloppe annuelle de l’allocation touristique pour ce volume (moitié adulte et moitié mineur), sur les réserves de change sera de 2,1 milliards d’euros par an.
Pour une famille moyenne d’un couple (2×750 euros) avec deux enfants mineurs (2×300 euros), l’enveloppe atteindra donc 2 100 euros par an, soit l’équivalent d’environ 340 000 DZD. Avec un tel pouvoir d’achat convertible, la famille moyenne type ne sera plus obligé de solliciter le marché parallèle pour passer une semaine all inclusive par exemple en Tunisie.
Et c’est bien la Tunisie, destination phare des Algériens (plus de 3 millions de visiteurs en 2023), qui sera le plus grand bénéficiaire de la revalorisation de l’allocation touristique. La France, la Turquie (292 000 visiteurs algériens en 2023), l’Egypte, l’Arabie Saoudite (omra), les Emirats arabes Unis, constituent également des destinations privilégiées par les touristes algériens.
Le taux de change officiel bancaire du jour (change manuel), pour les particuliers avoisinant les 150 DZD pour 1 euro, contre plus de 253 DZD au marché parallèle, l’écart dépasse les 69%. Et avec des besoins sans cesse extensibles (soins, tourisme, étude, investissement, acquisitions immobilières…) en devises, la prochaine valorisation de l’allocation touristique ne pourrait légitimement satisfaire toute la demande.
C’est en février 1982 que l’allocation touristique a été mise en place. Elle était d’un montant de 1 000 dinars, soit la contre-valeur de 1 300 FF de l’époque, soit l’équivaut de 500 euros d’aujourd’hui.