Relations algéro-espagnoles : Le processus de normalisation en marche

L’audience accordée ce mercredi par le président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, à l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Moran Calvo-Sotelo est loin de constituer un fait d’actualité anodin. Les entretiens entre le 3^ème personnage dans la hiérarchie de l’Etat algérien et le diplomate espagnol sont un signe qui ne trompe pas : les rapports entre Alger et Madrid connaissent une grande dynamique et la coopération économique entre les deux pays s’ouvre vers de nouvelles perspectives. Cette évolution positive appelant à l’élargissement et la consolidation des échanges. Saisissant cette occasion, l’ambassadeur n’a pas manqué de réitérer ses remerciements à l’armée algérienne pour son rôle dans la libération en janvier du ressortissant espagnol enlevé à la frontière algéro-malienne. Le président de l’APN a, à son tour, souligné la nécessité de renforcer la coopération et le partenariat entre les deux pays, allant des questions sécuritaires à la consolidation de l’investissement, des échanges commerciaux et du rapprochement culturel. Brahim Boughali a également plaidé pour la création d’un groupe d’amitié parlementaire Espagne-Algérie, et le renforcement des relations bilatérales entre les deux institutions législatives. Le processus de normalisation avait été amorcé après que l’Espagne ait revu sa position à l’égard de la question du Sahara occidental, en prônant une solution acceptable par les deux parties en conflit, dans le respect des chartes et des résolutions des Nations unies.  La reconnaissance officielle par l’Espagne de l’Etat de Palestine a été aussi une sorte de catalyseur dans le dépassement de la crise diplomatique entre les deux pays. Il est à rappeler qu’en juin 2022, l’Algérie avait suspendu le Traité d’amitié et gelé les opérations commerciales avec l’Espagne, suite à l’alignement du gouvernement de Pedro Sánchez sur la politique expansionniste menée par le Makhzen au Sahara occidental. Après une « brouille », qui a duré presque deux ans de tensions, les relations ont commencé à se normaliser avec la nomination, en novembre 2023, d’un nouvel ambassadeur algérien à Madrid. En début d’année 2024, l’Algérie a autorisé l’importation de certains produits en provenance d’Espagne, comme les intrants avicoles et les viandes rouges fraîches. En novembre 2024 les échanges commerciaux avec ce pays gelés depuis juin 2022, à l’exception des hydrocarbures, ont été débloqués. Il faut noter que le processus de dégel des relations entre l’Algérie et l’Espagne, qui a débuté lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023, se poursuit à un rythme régulier. En février dernier, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement avait organisé une série de rencontres en Espagne pour promouvoir les opportunités d’investissement en Algérie. La récente visite officielle de deux jours effectuée par le ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad, à Madrid, à l’invitation de son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska Gomez, qui revêt un caractère exceptionnel démontre que les deux pays ont bel et bien cessé de se tourner le dos.

Mohamed M

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