Tizi Ouzou : 10 hectares irrigués avec des eaux épurées

La réutilisation des eaux épurées n’est plus un souhait, surtout pas un slogan dépourvu de tout sens, mais bel et un bien une réalité. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce sont pas moins de 10 hectares de terres qui sont irrigués avec des eaux épurées face à la faible pluviométrie.

Le stress hydrique que connaissent beaucoup de pays, dont l’Algérie, contraint le scientifique à trouver la solution idoine, à savoir récupérer l’eau déjà utilisée et la réutiliser une fois traitée, notamment dans l’irrigation des cultures. Toutefois, le recours à cette pratique de façon pérenne nécessite la levée de certains obstacles, il s’agit entre autres de textes réglementaires, le respect des normes sanitaires, les financements adéquats pour les projets d’irrigation et l’acceptation par la société de cette méthode.  

Néanmoins, et malgré ces contraintes, l’unité de Tizi Ouzou, l’Office national de l’assainissement (ONA), a pris l’initiative de revaloriser l’eau déjà utilisée, et ce, dans l’objectif de la réutiliser. Ainsi, selon la première responsable de cette unité « le défi mérite d’être relevé  et surtout  tout faire pour le pérenniser ». Avec un  portefeuille  de gestion de neuf stations d’épuration essaimées à travers la wilaya pour un volume de collecte total de plus de 8 millions de mètres cubes annuellement des eaux usées, l’ONA de Tizi Ouzou a  réussi pour le moment à en extraire une moyenne de 6 à 7 millions de mètres cubes d’eau épurée ; ce qui n’est pas négligeable comme quantité, selon cette même responsable.

De cette quantité épurée, 20 626 m3 sont réinjectés dans le monde agricole, plus particulièrement dans l’arboriculture de la région d’Azeffoun où deux arboriculteurs irriguent avec le système de goutte- à-goutte près de 10 hectares de leur surface agricole, selon toujours l’agence ONA de Tizi Ouzou. « Toutefois, ces quantités d’eau non-conventionnelles font aussi l’objet d’un suivi et d’un contrôle rigoureux quant à leur réutilisation par nos services et de ceux des services agricoles », a ajouté la première responsable de cette agence, avant de préciser : « L’exploitation de cette eau épurée est aussi soumise à autorisation du premier magistrat de la wilaya ».

Révision  du  schéma directeur EAU

Il faut retenir aussi que neuf stations sont dotées d’équipements pour  des traitements primaires et secondaires. C’est pourquoi, l’eau épurée au niveau de ces neuf stations n’est utilisée pour l’heure qu’à l’arboriculture. « En revanche, explique la directrice de l’agence de l’ONA de Tizi Ouzou, les futures stations en réalisation ou en projection seront dotées d’équipements pour  des traitements tertiaires  qui offrent une meilleure qualité  des eaux usées épurées (EUE) pour de multiples usages. « l’EUE permet à la fois de moins prélever d’eau et, plus surprenant, d’utiliser moins d’engrais », a-t-elle explicité.

Un groupement de bureaux d’études a, lors d’une journée d’étude récente tenue au CCLS et consacrée au sujet, exposé  les grandes lignes  du nouveau schéma directeur de réutilisation  des EUE à des fins industrielles, urbaines et agricoles. « En fait, l’objectif de l’ONA est de multiplier les actions  pour une  réutilisation optimale des EUE pour les besoins des industriels, des agriculteurs et des collectivités, comme les APC pour le nettoyage des espaces publics et même la Protection civile dans sa lutte contre les incendies », soutient encore la première responsable de l’agence ONA de Tizi Ouzou.

Elle a, en outre, indiqué que le traitement  des eaux usées, notamment  les rejets industriels   ou encore les margines des huileries,  ne doit pas être le seul apanage de l’ONA, mais aussi de ces mêmes industriels qui doivent  constituer un premier écran de filtre de leurs eaux rejetées. 

Qu’en est-il des eaux usées épurées non récupérées ? Ces eaux, selon la première responsable de l’agence ONA de Tizi Ouzou, sont réinjectées dans les milieux naturels, comme les oueds ou les rivières et peuvent jouer un rôle majeur dans la biodiversité. Notons enfin que la boue générée par le traitement des eaux usées est mise à la disposition des agriculteurs pour fertiliser leurs terres. En somme, l’investissement national dans l’agriculture est prometteur.

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