Un accord à Doha est-il imminent ?
S’il faut en croire des représentants américains et israéliens, dont le ministre israélien de la Défense, jamais les négociations en vue d’un accord pour un cessez-le-feu à Ghaza assorti d’un échange de prisonniers n’ont été aussi près d’aboutir. S’il n’y avait que de ce côté qu’un tel son de cloche se fait entendre, la prudence […]
S’il faut en croire des représentants américains et israéliens, dont le ministre israélien de la Défense, jamais les négociations en vue d’un accord pour un cessez-le-feu à Ghaza assorti d’un échange de prisonniers n’ont été aussi près d’aboutir. S’il n’y avait que de ce côté qu’un tel son de cloche se fait entendre, la prudence serait de mise, car ce ne serait pas la première fois qu’une telle annonce a été faite qui finalement n’a débouché sur rien de concret, ou sinon sur une intensification des hostilités et des crimes israéliens. Or il se trouve qu’en l’occurrence même le Hamas parle d’un bon climat présidant aux échanges entre les intermédiaires arabes, les représentants américains et israéliens, susceptibles de conduire à un bon accord, si toutefois Benjamin Netanyahou ne pose pas de nouvelles conditions, un procédé dont il est coutumier, et auquel il pourrait recourir à tout moment. Si donc le Hamas fait montre à son tour d’optimisme, une attitude qui n’est pas habituelle chez lui, tout de même il n’en déborde pas, échaudé qu’il est par les expériences du passé. On peut dire que Qataris et Egyptiens sont dans les mêmes sentiments que lui, qui se gardent de toute déclaration, à la différence de l’autre bord, qui lui au contraire semble se complaire dans un optimisme d’autant plus douteux ou excessif que rien ne vient le conforter sur le terrain.
En général, en effet, lorsque des négociations se déroulent bien, quand bien même ce serait à toute petite allure, les hostilités s’en ressentent, qui décroissent par rapport à ce qu’elles étaient auparavant. On ne constate rien de tel aujourd’hui. Au plan militaire, tout se passe au contraire comme si les négociations actuelles à Doha au contraire étaient bloquées. Maintenant, force est de constater que le contexte dans lequel elles se tiennent étant différent de tout ce qu’on a connu en la matière dans le passé, il est probable qu’Américains et Israéliens soient effectivement intéressés cette fois-ci à un accord permettant la libération des captifs israéliens, entendu que pour eux c’est cela qui compte par-dessus tout. La chute du régime de Bachar el Assad en Syrie, les bombardements israéliens visant à détruire tout ce qui restait de son armée, l’occupation d’une partie du territoire syrien, vraisemblablement dans l’intention de l’annexer, mais aussi et par ailleurs l’arrivée prochaine de Donald Trump au pouvoir, tout cela pris ensemble peut en effet conduire Israël à trouver moins d’intérêt à poursuivre une guerre totale dans la bande de Ghaza. Trump voudrait-il voir cette guerre se terminer avant qu’il n’entre en fonction ? Qu’à cela ne tienne si lui-même est prêt à faire des concessions au gouvernement Netanyahou. Israël est d’autant plus désireux de passer à autre chose qu’il estime avoir gagné et contre le Hamas et contre le Hezbollah. En Syrie même, il récolte le fruit de son travail de sape engagé contre l’armée syrienne, et cela pendant des années, sous forme de frappes aériennes contre des positions occupées par les alliés de Damas. Israël pense que l’heure est venue de s’emparer de nouveaux territoires, de s’agrandir, et dans le même temps de démolir la puissance militaire de l’Iran, lui qui vient de subir coup sur coup deux défaites, l’une au Liban et l’autre en Syrie. Voilà un programme d’envergure qui mérite bien qu’on s’y consacre, quitte pour cela à devoir d’abord régler la question des otages, ce qui oblige à des concessions temporaires au bénéfice du Hamas.
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