5e Foire des agrumes à Béjaïa: «Les variétés locales doivent être protégées»
Organisée hier et avant-hier (les 22 au 23 décembre) à l’école Idareken, commune de Timezrit (Béjaïa), par l’APC, la subdivision agriculture de la région, la Chambre d’agriculture de wilaya et l’Association des agrumiculteurs de la région, la 5e édition de la Foire des agrumes et des produits du terroir a réuni 100 exposants entre producteurs […]
Organisée hier et avant-hier (les 22 au 23 décembre) à l’école Idareken, commune de Timezrit (Béjaïa), par l’APC, la subdivision agriculture de la région, la Chambre d’agriculture de wilaya et l’Association des agrumiculteurs de la région, la 5e édition de la Foire des agrumes et des produits du terroir a réuni 100 exposants entre producteurs (agrumiculteurs) agriculteurs, prestataires et artisans. Ces derniers ont exposé de nombreuses variétés d’agrumes, dont la mandarine, la clémentine, le citron et une diversité d’oranges dont la Thomson, la Washington, Navelina, la sanguine, la Djaffa, entre autres. «Cette rencontre est une tribune pour les agrumiculteurs pour créer une symbiose et réfléchir sur le devenir de la filière qui est menacée par plusieurs facteurs», de l’avis des spécialistes et des professionnels de la filière. Ces derniers relèvent, à titre d’exemple, la sécheresse, la salinité de l’eau, le vieillissement d’environ 30 % des orangers (arbres), les maladies, le problème d’irrigation faute de moyens pour l’acquisition du système d’irrigation d’appoint (goutte-à- goutte), l’arrivée de variétés espagnoles, les contraintes liées à la culture intensive (600 à 800 arbres à l’hectare) et la pollution. Et pour faire face à ces contraintes, les agrumiculteurs envisagent de créer une coopérative et y donner la réplique, réclamer des aides financières et matérielles à l’Etat et la création de points de vente afin d’écouler la production plus aisément. Partagés entre le manque et l’abondance de la production ainsi que le rendement de cette année, les professionnels des agrumes estiment par ailleurs que «la filière a besoin de plus d’attention de la part des pouvoirs publics pour la protéger et la développer». Achour, un ancien agrumiculteur, estime que «le manque de pluviométrie a eu des conséquences négatives sur le rendement et la qualité des agrumes ces deniers années», alors que Makhlouf est plus optimiste, faisant observer que «le rendement est satisfaisant et la production est abondante cette année». Pour sa part, Saïd estime qu’«il y a un très bon rendement cette année, mais le marché est en stagnation et cela se répercute sur les professionnels qui peuvent accuser un manque à gagner». Présent à ce salon, un ingénieur agronome a relevé un certain nombre de contraintes. Selon lui, «il y a désormais un défi à relever, en l’occurrence, la protection des variétés locales qui sont plus résilientes et qui résistent plus au climat et à l’environnement de la région, car des variétés étrangères ont fait irruption dans la région, dont des variétés espagnoles». Il a averti sur les nouvelles méthodes de culture intensive qui génèrent de sérieuses contraintes. Un autre agrumiculteur parle de la pollution de l’environnement, dont les fumées se dégageant des décharges publiques ou décharges non contrôlées de la région, qui sont l’un des facteurs qui ont négativement affecté les agrumes de la région sur les plans du rendement et de la qualité, tirant ainsi la sonnette de d’alarme. Il a également relevé le manque de pluviométrie et la salinité de l’eau qui ne sont pas pour favoriser le développement de la filière. Le manque de matériel, d’aide, le problème de la commercialisation sont, entre autres, des soucis abordés aussi par un autre participant à cette manifestation agricole qui a été saluée par les visiteurs, la considérant comme une occasion de s’approvisionner en agrumes de qualité à des prix très abordables. Pour les responsables de la subdivision agriculture de la région, «la foire des agrumes de cette année n’est pas du folklore, mais et une occasion de mettre en valeur la production locale et de faire connaître les variétés de la région qui sont concurrentielles». Disposant d’un bassin agrumicole d’environ 2 300 ha, la wilaya de Béjaïa possède plusieurs variétés, de très bonne qualité, très demandées sur le marché. Elle réalise de très bons rendements en dépit d’une superficie nettement inférieure à d’autres wilayas et son savoir-faire lui a permis de se classer parmi les premières à l’échelle nationale. Pour multiplier la production d’ici 5 à 10 ans, il est instamment recommandé la plantation d’agrumes dans toute la vallée de la Soummam jusqu’à Tazmalt, surtout la haute vallée de la Soummam où la région occidentale de la wilaya est propice à la plantation d’agrumes. Autrement dit, il faut étendre la carte agrumicole actuelle qui est confinée dans le bassin agrumicole d’Amizour, El-Kseur et Timezrit. Il faut noter que les prix des oranges avec leurs différentes variétés sont fixés lors de cette rencontre entre 50 et 90 DA. Les agrumiculteurs de la région tablent sur une récolte prévisionnelle de plus de 400 000 quintaux cette année. L’avancement de la campagne pourrait atteindre d’ici quelques jours seulement sa vitesse de croisière et les premiers résultats sont considérés comme très positifs.
Hocine Cherfa
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