C’est à Homs que tout se joue
Hier samedi se tenait à Doha une réunion des ministres des Affaires étrangères des trois parties au processus dit d’Astana, à savoir la Russie, la Turquie et l’Iran, dont il est bien difficile, au regard de la tournure pour le moins inattendue prise par la guerre civile en Syrie, de prévoir les conclusions. Cette rencontre […]
Hier samedi se tenait à Doha une réunion des ministres des Affaires étrangères des trois parties au processus dit d’Astana, à savoir la Russie, la Turquie et l’Iran, dont il est bien difficile, au regard de la tournure pour le moins inattendue prise par la guerre civile en Syrie, de prévoir les conclusions. Cette rencontre est organisée 24 heures après celle de Baghdad, regroupant les chefs de la diplomatie syrienne, iranienne et irakienne, laquelle pour sa part n’a débouché sur aucune mesure concrète. C’est que l’Irak a choisi de ne pas intervenir militairement en Syrie en soutien à l’armée syrienne, qui perd du terrain et des provinces devant l’avancée rapide des forces de la rébellion emmenées par les djihadistes de Haïat Tahrir Echam, alias Djobhat Anosra, un groupe taxé de terroriste à l’échelle internationale, et en particulier par le Conseil de sécurité. On ne peut exclure toutefois que si rien de concret n’a découlé de la rencontre de Baghdad, c’est surtout parce qu’elle est venue avant celle de Doha, c’est-à-dire de celle des trois pays les plus engagés dans le conflit syrien. L’action concertée de ces derniers a été déterminante dans la forme que la crise syrienne avait prise dans sa phase la plus récente, mais que l’offensive rebelle commencée le 27 novembre a fait voler en éclats.
En quelques jours seulement, l’offensive rebelle partie d’Idlib, dans le nord-ouest, a pris le contrôle de tout Idlib, ce qui n’était pas le cas auparavant, puis de tout Alep, enfin de Hama, avant d’arriver en vue de Homs, dont la prise lui ouvrirait la voie vers Damas. Jusque-là l’armée syrienne a refusé le combat, préférant se replier, soit parce que débordée par le nombre des attaquants, soit parce que dès le début son intention était de les attirer dans une bataille décisive, celle de Homs justement, où elle serait en force. L’idée d’ailleurs prévaut parmi les observateurs qu’en effet le sort du régime syrien va se jouer à Homs. Si cette bataille était perdue par lui, il ne lui servirait à rien d’aller se retrancher dans Damas, pour y livrer la mère des batailles, car c’en serait déjà fini de lui. Mais à quoi a-t-on donc assisté depuis le 27 novembre : à un repli tactique, délibéré ou forcé, de l’armée syrienne, ou plutôt à la décomposition du régime syrien ? Pas facile de répondre à cette question, étant donné qu’il peut être profitable pour Damas de donner le sentiment d’être en train de perdre devant une opposition armée qui pour être réputée diverse n’en est pas moins conduite par une organisation étiquetée terroriste, aussi bien d’ailleurs par les alliés de Damas que par ses détracteurs. Si Damas tombait, ce serait comme si Daech non seulement s’était reconstitué mais imposait sa domination sur l’Irak. Entre Daech et Djobhat Anosra, il y a une différence de degré non de nature. Si la réunion de Baghdad n’a pas débouché sur la décision d’envoyer du renfort en Syrie, elle a néanmoins montré que ses participants étaient d’accord pour caractériser de terroriste l’attaque rebelle contre le régime syrien. Nul doute qu’à Doha il n’y aura pas de consensus sur ce point, qui est essentiel. Pour la Turquie en effet Haïat Tahrir Echam n’est pas une organisation djihadiste, mais un groupe parmi d’autres dans la nébuleuse de l’opposition au régime syrien.
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