Crimes de la France coloniale en Algérie : Les mises au point de Tebboune
La commission algéro-française d’historiens, chargée de traiter les litiges sur les questions mémorielles, a-t-elle subi les effets des surenchères menées depuis plusieurs mois par l’extrême droite française, qui ont poussé l’Élysée jusqu’à faire marche arrière à propos d’un dossier auquel l’Algérie tenait énormément ? « Le travail de la commission a cessé après l’intervention de facteurs politiques […] The post Crimes de la France coloniale en Algérie : Les mises au point de Tebboune first appeared on L'Est Républicain.
La commission algéro-française d’historiens, chargée de traiter les litiges sur les questions mémorielles, a-t-elle subi les effets des surenchères menées depuis plusieurs mois par l’extrême droite française, qui ont poussé l’Élysée jusqu’à faire marche arrière à propos d’un dossier auquel l’Algérie tenait énormément ? « Le travail de la commission a cessé après l’intervention de facteurs politiques et diplomatiques », avait reconnu, il y a un mois jour pour jour, Benjamin Stora, lors d’une intervention sur le plateau de C politique. La manière avec laquelle les médias français ont occulté les passages du discours à travers lesquels Abdelmadjid Tebboune a évoqué le génocide dont a été victime le peuple algérien durant la colonisation, tout en se focalisant sur le cas de Boualem Sansal, confirme les propos de l’historien. Pourtant, le président de la République n’a fait que rappeler des épisodes de l’holocauste commis par la France en Algérie pendant plus d’un siècle. En effet, le chef de l’État a réitéré dimanche la demande de reconnaissance par l’État français des crimes commis pendant la colonisation de l’Algérie. « Je ne vous demande pas de vous excuser pour ce qu’ont fait vos ancêtres, mais au moins, reconnaissez », a-t-il déclaré, à l’adresse des dirigeants actuels de la France. « L’Algérie n’attend pas des compensations financières de la France, mais une reconnaissance morale pour ce qui s’est passé », a notamment soutenu Tebboune, qui n’a fait que rappeler des atrocités consignées dans les livres d’histoire. « Ils ont gazé les Algériens, Bugeaud est un génocidaire, que cela plaise ou pas. Ils ont enfumé des grottes. Ce n’est pas un génocide ? En mai 1945, il y a eu 45.000 morts, ce n’est pas un génocide ? », a-t-il interpellé. À Skikda, dans les journées qui ont suivi le 20 août 1955, un parachutiste du 18e RPC raconte : « Nous ouvrons le feu dans la masse, au jugé. Puis comme plus on va, plus on découvre des morts ; les commandants de compagnie finissent par nous donner l’ordre d’abattre tous les Arabes qu’on rencontre (…) vers dix-neuf heures, on se retrouve avec plusieurs centaines de prisonniers (…) À six heures, le lendemain matin, tous les fusils-mitrailleurs et les mitrailleuses du régiment sont alignés devant la masse des prisonniers, qui commencent aussitôt à hurler. Mais on ouvre le feu : dix minutes après, c’est pratiquement fini. Il y en a tant qu’il faut les enterrer au bulldozer ». « Au douar Terchioui près de Aïn Touta, 112 Algériens, en majorité femmes et enfants qui s’étaient réfugiés dans une grotte, ont été attaqués à la grenade asphyxiante et ont trouvé la mort ». « Dans un bidonville de Constantine, un capitaine français avisant un bébé qui pleurait dans les bras de sa mère, lui donna le canon de son pistolet à téter, puis lorsque le bébé se fut calmé, le coup partit dans sa bouche, abattant la mère et son petit », rapporte Abdelhamid Benzine, d’après un récit communiqué par Henri Maillot. Ces quelques exemples des horreurs subies par les Algériens suffisent pour effacer le mythe des « bienfaits de la colonisation ». « Ce qui s’est passé en Algérie pendant la colonisation, ce ne sont pas des légendes », a conclu Abdelmadjid Tebboune, qui a insisté que l’Algérie « n’exige pas des excuses, mais de la reconnaissance sur la période coloniale ». « Vous êtes devenus une puissance nucléaire et vous nous avez laissé des maladies. Venez nettoyer, nous n’avons que faire de votre argent. Je ne laisserai pas tomber la mémoire, je ne demande rien, ni euro ni dollars, mais la dignité de nos ancêtres et de nos citoyens », a-t-il soutenu, s’adressant aux dirigeants français.
Mohamed Mebarki
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