Esclavage moderne et argent sale à Annaba : Les dessous des chantiers à haut risque

La mort accidentelle dans la matinée du mercredi 26 mars d’un jeune ouvrier de 21 ans, un certain Mohamed Awel, d’origine nigérienne, après sa chute du haut d’une grille de chantier d’une entreprise chinoise, lors des travaux de construction d’une promotion immobilière au boulevard Seddik Benyahia (Oued Kouba), est venue relancer les débats sur l’exploitation […] The post Esclavage moderne et argent sale à Annaba : Les dessous des chantiers à haut risque first appeared on L'Est Républicain.

Mars 30, 2025 - 00:17
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Esclavage moderne et argent sale à Annaba : Les dessous des chantiers à haut risque

La mort accidentelle dans la matinée du mercredi 26 mars d’un jeune ouvrier de 21 ans, un certain Mohamed Awel, d’origine nigérienne, après sa chute du haut d’une grille de chantier d’une entreprise chinoise, lors des travaux de construction d’une promotion immobilière au boulevard Seddik Benyahia (Oued Kouba), est venue relancer les débats sur l’exploitation des sans-papiers à Annaba. Selon des sources bien informées, depuis la pandémie de la Covid-19, l’exploitation des personnes sans-papiers, des migrants dans la plupart des cas d’origine subsaharienne, bat son plein dans différents chantiers de construction de bâtiments, dans les nouveaux pôles urbains : Benmostefa Benaouda, Kalitoussa et Aïn Djebara. Aujourd’hui, à Annaba, les contrôles aléatoires dans les entreprises contre le recours au travail clandestin doivent inévitablement être lancés, renforcés et multipliés, surtout au sein des entreprises de construction étrangères. Cela permettrait de mettre un terme, tant soit peu, à des situations indignes qui caractérisent certains chantiers de construction, en matière d’exploitation, notamment des migrants subsahariens. Dans ce cas de figure, il s’agit bien de crime organisé, en matière de trafic humain et de blanchiment d’argent. Il y a lieu de rappeler à ce sujet qu’en mai 2022, les éléments de la gendarmerie avaient saisi une somme d’argent estimée à plus de onze milliards en liquide, découverte dans un véhicule utilitaire conduit par un ressortissant turc. Ce dernier était patron d’une entreprise versée dans le bâtiment et les travaux publics, dont le siège est implanté dans la capitale Alger. Cet argent non bancable provenait de la main-d’œuvre clandestine et des travaux de sous-traitance illicite, des phénomènes qui semblent avoir de beaux jours devant eux à Annaba. Et par la force des choses, même la « lutte » contre les personnes vivant en ville sans titre de séjour, connues sous l’appellation de « clandestins », est de plus en plus difficile. Annaba est une ville soumise à la pression du transit migratoire de personnes en situation irrégulière qui cherchent à gagner l’Europe. Ces migrants, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, occupent matin et soir les principaux boulevards ainsi que les abords des hôpitaux, mosquées et autres infrastructures commerciales. Ils seraient informés, par divers canaux, des dates des opérations de contrôle menées par les services de sécurité. « Les migrants sont bien informés sur les opérations anti-sans-papiers. Ces dernières années, à chaque opération de lutte contre les sans-papiers, des dizaines de migrants, dont des femmes et des enfants originaires de plusieurs pays, notamment du Sahel, disparaissent temporairement des lieux », selon une source sécuritaire. D’ailleurs, le chiffre avancé est révélateur de l’ampleur du phénomène. Plusieurs centaines de manœuvres migrants, principalement de nationalité nigériane, ivoirienne ou malienne, seraient présents sur les lieux, dans des conditions marquées par une grande précarité, selon des bruits de couloirs. En outre, des enfants mineurs, y compris des Algériens, se retrouvent exposés à des formes dexploitation. Selon des informations recueillies sur les lieux, ces migrants, dont la majorité circule sans documents administratifs, sont principalement recrutés au sein d’entreprises étrangères, notamment turques et chinoises. Dans certains chantiers, les manœuvres ne quittent que rarement les lieux pour éviter les contrôles aux barrages et lors des opérations de lutte contre l’immigration clandestine. Signalons que, profitant de la liberté de circulation des peuples nomades (des Touaregs entre l’Algérie, le Niger et le Mali) qui obéit à des règles historiques admises par l’ensemble des pays de la sous-région, des filières de passeurs de migrants clandestins vers le Nord du pays ont vu le jour et opèrent sans répit. Pour les experts, il s’agit d’un marché juteux à plus d’un titre, animé par des réseaux en activité dans le Grand Sud, surtout dans quatre wilayas situées aux confins du Sahara du pays, en l’occurrence Adrar, Tamanrasset, Tindouf et Illizi, détachées des wilayas de Bechar et de Ouargla.

B. Salah-Eddine

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