La déclaration du 1er novembre 1954 : Une quête permanente

Pour des millions d’Algériens, la Déclaration du 1 er novembre 1954 est plus qu’un appel d’un nouveau parti politique clandestin spécifié au peuple soumis encore par le code de l’indigénat, décimé par la misère et la pauvreté et écrasé par l’ignorance. Certes, la déclaration appelle à l’unité nationale, à l’unification des rangs et des idéologies […] The post La déclaration du 1er novembre 1954 : Une quête permanente appeared first on Le Jeune Indépendant.

Oct 30, 2024 - 22:32
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La déclaration du 1er novembre 1954 : Une quête permanente

Pour des millions d’Algériens, la Déclaration du 1 er novembre 1954 est plus qu’un appel d’un nouveau parti politique clandestin spécifié au peuple soumis encore par le code de l’indigénat, décimé par la misère et la pauvreté et écrasé par l’ignorance. Certes, la déclaration appelle à l’unité nationale, à l’unification des rangs et des idéologies et surtout à se soulever contre l’oppression et à déclencher la lutte armée comme dernier recours contre le système colonial.

Cependant, cette déclaration est surtout un texte fondateur de la Révolution, dont l’un des passages est très significatif, quand il émet l’objectif de cette lutte armée, celui de l’indépendance et du recouvrement de la souveraineté populaire, avec pour finalité. La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques et dans le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions.

Il faut dire que ce texte a été constamment la référence fondamentale des premiers responsables de la Révolution tout au long de la guerre de libération, même après la tenue du Congrès de la Soummam deux ans plus tard.

Cette déclaration accompagnant le déclenchement de la lutte armée a été élaborée par les six principaux responsables du déclenchement de la Révolution, à savoir les chefs historiques : Mohamed Boudiaf, Larbi Ben M’hidi, Mustapha Benboulaid, Krim Belkacem, Didouche Mourad et Rabah Bitat. Trois de ces chefs ont vécu l’indépendance, alors que les trois autres ont été soit assassinés par les militaires français, soit tués lors d’accrochages dans les maquis.

Mais, pour de nombreux historiens, les buts inscrits dans ce premier manifeste du FLN n’ont jamais été atteints. En dépit des énormes sacrifices de la population et du recouvrement de la souveraineté, après le référendum d’autodétermination de 1962, la concrétisation des principes sacrés n’a jamais été atteinte, ni réalisée.

Que s’était-passé entre-temps ? Pour les historiens, deux faits majeurs ont fait échouer cette édification d’un « Etat démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». Le premier est directement lié à la guerre des leaderships entre des chefs ou entre des clans. La quête du pouvoir personnel et l’émergence d’une opposition interne dans certaines wilayas ont complètement chamboulé les agendas et les perspectives. Ces conflits ont poussé le GPRA (gouvernement provisoire) à déposer sa démission, de crainte qu’une nouvelle guerre civile encore plus meurtrière ne se déclenche sur le territoire fraîchement libéré.

De fait, le GPRA n’a jamais remis le pouvoir et que les arrangements réalisés aux forceps à Tripoli en Libye n’ont jamais été respectés. Ce Congrès qui devait émettre une feuille de route politique, signée par tous les courants qui avaient rejoint le FLN dans sa guerre de libération et d’indépendance, s’est achevée en file de poisson. C’est en ces moments de tensions et de querelles que la plupart des dirigeants du GPRA, comme ceux de l’intérieur, ont compris que la bataille pour le « butin de guerre » venait de commencer.

Depuis, le GPRA qui a négocié les Accords d’Evian et qui a contrôlé la transition avec le gouvernement du « Rocher noir », est venu de lâcher prise. Selon son dernier président, Benyoucef Benkhedda, il n’y avait aucune chance d’appeler au dialogue, car les refus étaient systématiques. Selon ses dires, publiés dans ses mémoires ou dans ses interventions publiques, il n’était plus possible de trouver un compromis avec le clan de « Oujda » et celle de l’armée des frontières. Le fossé était immense.

En jetant l’éponge, le GPRA voulait préserver la vie des sept millions d’Algériens, rescapés d’une guerre féroce, sauvage et destructrice. Le peuple était martyrisé, éreinté, dépossédé. Il aspirait enfin après tant de décennies de sacrifices et de privations, de négation de son identité, à vivre pleinement dans la liberté retrouvée, dans la justice et le respect des droits fondamentaux, à aspirer au progrès et à la modernité.

 

La tentation du pouvoir était forte

 

Ou bien, la tentation du pouvoir absolu était forte. Fini le principe de la collégialité dans la responsabilité, la prise de décision, la gestion et l’organisation de la résistance militaire, politique et diplomatique qui avaient triomphé depuis le début de la révolution.

Le processus de passation du pouvoir entre le GPRA et les ou les vainqueurs des premières élections générales libres et démocratiques post-indépendance a été escamoté par cette tentation de pouvoir. La création de l’Assemblée constituante qui était une revendication essentielle de certains courants de la gauche nationaliste n’a pas été retenue dans le contexte de l’époque.

Les divisions et les fractures étaient énormes. Certains chefs historiques brandissaient une nouvelle logique, brandissant le principe de la légitimité historique, comme Krim Belkacem, qui pourtant était le vice-président de Benkheda. Ce dernier s’efforça de rallier les régions du centre en dépêchant un ex-responsable de la wilaya 4, le colonel Boualem Dehiles (Sadek) dans l’Algérie, avec pour mission de verrouiller les entrées de la capitale. Il décide de faire des changements durant le cessez-le-feu. Il fut rapidement désavoué par le GPRA et finalement l’autorité du colonel Sadek est remise en cause et la ZAA (zone autonome d’Alger) va rester sous tutelle du GPRA jusqu’au coup de force du 27 juillet 1062 de la wilaya 4 contre le chef de la ZAA.

Le désaveu politique et militaire était un message clair à Krim. Cet épisode sera déterminant par la suite. Car, la prise de la capitale par les unités de la wilaya 4 est déjà une attitude en porte-à-faux par rapport aux résolutions du dernier Conseil National de la Révolution de Tripoli, qui stipulait que l’ALN dans son ensemble devait se convertir en une armée professionnelle.

Le Bureau politique du FLN réagit et dénonce. Le clan d’Oujda basé au Maroc et plus tard de Tlemcen comprend l’enjeu du contrôle de la capitale et se lance dans une autre mobilisation, défiant toutes les autres sphères de la révolution.

C’est la crise de l’été qui ébranla tout le pays, poussant toutes les factions au bord de l’embrasement, avant que la population ne décide de sortir dans la rue avec les fameuses manifestations, « Sbaâ s’nine barakat » (Sept ans ça suffit). Et c’est certainement cette réaction populaire qui est considérée comme le second fait historique qui changea la donne.

Ce conflit entre les unités de la wilaya 4, formées essentiellement de nouvelles recrues « marsiens » (en référence au 19 mars, date du cessez-le-feu), inexpérimentées et dépourvues d’armement moderne, furent rapidement écrasées par les troupes de l’armée. Des frontières, mieux équipées et nombreuses. C’est celle-là qui entre avec les chars dans la capitale. Ainsi, une nouvelle légitimité s’installe, celle que les défunts chefs historiques contestèrent politiquement et militairement, comme celle du FFS d’Aït Ahmed, ou de Boudiaf et plus tard par les communistes.

 

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