Le ministre des startups et des micro-entreprises : «L’Anade ne sera plus qu’un simple distributeur de crédits»

«Aujourd’hui, la vision de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade) est claire : avoir une politique de gestion des risques qui réponde aux normes économiques, faire baisser de manière significative le taux de défaut, avoir une sélection plus rigoureuse des porteurs de projets et renforcer le rôle de cette Agence comme un instrument d’accompagnement des porteurs de projet, et non pas un simple distributeur de crédits», a indiqué, hier, le ministre de l’Economie de la connaissance, des
Start-up et des Micro-entreprises, Yacine El Mahdi Oualid.

Par Thinhinane Khouchi

Deux ans après la création du ministère de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, le premier responsable du secteur est revenu hier, dans son intervention à l’émission «L’Invité du jour» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, sur le rôle principal de son ministère et sur les changements structurels profonds apportés à l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade, ex-Ansej). Dans son intervention, le ministre a souligné l’engagement du secteur à accompagner les jeunes entrepreneurs, à créer de la richesse économique. M. Oualid a souligné, dans ce sens, «l’importance de la coordination des efforts entre les différents secteurs pour offrir des opportunités aux jeunes entrepreneurs» leur permettant de concrétiser leurs idées sur le terrain, notamment à travers «l’augmentation du nombre de programmes qui ont vocation d’encourager l’esprit entrepreneurial en Algérie». Questionné sur le nouveau rôle de l’Anade, le ministre a indiqué qu’«après 27 ans, il a fallu que l’on fasse une évaluation objective des résultats pour voir si chaque dinar a été bien investi. Les résultats ont indiqué que 1 400 milliards de dinars ont été investis depuis la création de cette Agence, c’est un montant très important pour 414 000 bénéficiaires avec un taux de défaut au niveau de
l’Agence qui dépasse les 70 % et un taux de défaut au niveau des banques qui dépasse les 81 %. Donc le dispositif a clairement échoué», a déplore le ministre. «Nous avions un dispositif qui n’avait pas d’objectifs économiques, mais plutôt un dispositif qui a servi pendant des années à distribuer de la rente», a-t-il ajouté. Il dira que «finalement, on voyait des cercles de détournement qui se formaient autour de cette Agence et qui l’éloignaient de sa vraie vocation, à savoir la création d’entreprises, création d’emplois etc.». «Nous avons donc décidé de procéder à des réformes profondes». Ces réformes interviennent, a insisté le ministre, «suite aux nombreux dépassements que l’Anade a connus depuis sa création, notamment à travers la propagation du phénomène des projets fictifs et des prestataires corrompus impliqués dans la dilapidation de l’argent public». Aujourd’hui, a affirmé M. Oualid, «la vision de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat est claire : c’est d’avoir des critères de sélection qui soient économiques, d’avoir une politique de gestion des risques qui réponde aux normes économiques, de faire baisser de manière significative le taux de défaut, d’avoir une sélection plus rigoureuse des porteurs de projets et de renforcer le rôle de cette Agence comme un instrument d’accompagnement des porteurs de projet, non pas de simple distributeur de crédits». À ce propos, l’intervenant dira : «Nous soumettrons tous les porteurs de projet à une formation préalable de trois semaines, durant laquelle ils apprendront tous les éléments fondamentaux pour créer une entreprise, la fiscalité, le marketing…».
T. K.