Le piège de Koursk catalyseur de la paix
Par Mohamed Habili Les aléas de la guerre en Ukraine ont voulu que dans le même temps que la médiation américaine pour la paix marque des points, au grand dam de certains Européens, les troupes ukrainiennes ayant pris Koursk s’y trouvent maintenant complètement encerclées. Si le fait est toujours nié par Kiev, il est maintenant […]

Par Mohamed Habili
Les aléas de la guerre en Ukraine ont voulu que dans le même temps que la médiation américaine pour la paix marque des points, au grand dam de certains Européens, les troupes ukrainiennes ayant pris Koursk s’y trouvent maintenant complètement encerclées. Si le fait est toujours nié par Kiev, il est maintenant reconnu par Washington, qui n’hésite plus à demander à Moscou d’épargner la vie des hommes sur lesquels le piège s’est refermé. Une faveur que le président russe se montre d’ailleurs très disposé à accorder à Donald Trump, même s’il la conditionne à la reddition des troupes en question. Que celles-ci déposent les armes, et elles seront épargnées, a assuré Vladimir Poutine, qui sait bien qu’elles ne le feront que dans la mesure où Kiev leur en donnera l’ordre, faute de quoi elles se laisseront mourir sur place, d’autant plus sûrement que leur retraite est coupée. Lorsque les Américains et les Ukrainiens sont tombés d’accord à Djeddah pour proposer à la Russie un cessez-le-feu d’un mois comme simple entrée en matière, on pouvait encore penser que c’était avant tout pour que l’assaut russe pour reprendre Koursk soit suspendu et qu’ainsi soit évité le massacre annoncé. Il est vrai qu’alors il n’y avait encore que les Russes pour affirmer que les forces ukrainiennes dans Koursk sont coupées de leurs arrières, de sorte qu’il ne tenait qu’à eux de les anéantir. Ce fait maintenant avéré est de nature à changer la donne.
Dès à présent en effet, il ne s’agit plus d’attendre que la Russie se décide officiellement pour ou contre l’arrêt des combats, et donc pour ou contre le début des pourparlers de paix, mais de guetter le moment où Kiev se résout à ordonner à ses troupes prises au piège de se rendre. Ce serait alors du même coup le véritable début du cessez-le-feu pour l’instauration duquel les Etats-Unis, force est de le leur reconnaître, n’ont pas ménagé leurs efforts. Car s’il y a arrêt des hostilités sur une partie du front, les conditions se trouvent par là même réunies pour qu’il en aille de même sur les deux mille kilomètres de la ligne de démarcation, d’autant qu’il n’y a pas que dans Koursk que les forces ukrainiennes sont encerclées, mais également à d’autres endroits, si du moins il faut en croire le président russe lors de sa dernière conférence de presse. Si les Américains travaillent avec conviction à la paix, et que ni les Ukrainiens ni les Russes n’y opposent une grande résistance, alors pas de doute à entretenir, pas de soucis à se faire, la paix est à portée de la main. Le piège de Koursk bien loin de lui faire échec hâtera au contraire sa venue. Or il y a eu mieux encore comme circonstance la favorisant. Il y a eu la déclaration de Marco Rubio reconnaissant que la guerre en Ukraine est en réalité une guerre par procuration des Etats-Unis et de leurs alliés contre la Russie. Ce propos du chef de la diplomatie américaine est décisif. On peut même en dire qu’il met fin par avance à la guerre, qu’il sait les hostilités qui se poursuivent encore ici et là sur le front des combats pour ainsi dire résiduels. La guerre en Ukraine se terminait déjà avec le retour au pouvoir de Trump, il y aura bientôt deux mois, elle a perdu toute signification, tout motif, dès lors que les Etats-Unis avouent en être le principal protagoniste.