Le travail de sape derrière la chute de Bachar el-Assad
En deux jours, à partir de dimanche, jour de la chute de ce que l’on peut appeler l’ancien régime syrien, Israël a effectué quelque chose comme 400 raids aériens, ce qu’il n’a jamais fait en un temps aussi court dans toute son histoire. Rien que pour la journée de lundi, deuxième journée de la soi-disant […]
En deux jours, à partir de dimanche, jour de la chute de ce que l’on peut appeler l’ancien régime syrien, Israël a effectué quelque chose comme 400 raids aériens, ce qu’il n’a jamais fait en un temps aussi court dans toute son histoire. Rien que pour la journée de lundi, deuxième journée de la soi-disant révolution syrienne, il a effectué 250 attaques sur plus de 400 cibles à travers le territoire syrien. Et ce n’est pas tout, ses forces ont pénétré dans le Golan occupé, pour empiéter sur la zone tampon, avec probablement l’intention de s’en emparer à terme. Son but, qui plus est, est clairement affiché : il s’agit pour lui de détruire tout ce qui reste à l’armée syrienne et qui pourrait constituer plus tard une menace pour sa sécurité. Certains diraient qu’Israël profitant du désordre, de la commotion plutôt, dans laquelle la Syrie est plongée, pour des raisons internes, et dans la crainte que le nouveau pouvoir se révèle hostile envers lui, s’est hâté d’annihiler tout danger venant du côté de la Syrie voisine. C’est là une idée fausse, car en réalité Israël ne s’attelle pas à quelque nouvelle tâche, il termine ce qu’il a commencé il y a des années, dans la foulée de la révolte syrienne de 2011.
Cela fait des années, en effet, que son aviation bombarde la Syrie, soi-disant uniquement des positions appartenant à des forces iraniennes et libanaises venues à la rescousse de l’armée syrienne, en réalité tout ce qu’il pouvait atteindre, mais sans que la Russie y trouve à redire. Mais maintenant que celle-ci n’est plus obligée à rien en Syrie, en tout cas au plan militaire, Israël s’empresse de mettre la dernière main à son œuvre de démolition des forces armées syriennes. Son objectif ce faisant est double. D’une part, il renforce sa propre sécurité. De l’autre, il prive le nouveau pouvoir, – aujourd’hui clairement aux mains des islamistes, par définition hostiles, à moins qu’ils ne s’empressent de faire preuve de meilleurs sentiments à son endroit – de moyens militaires qui pourraient lui donner la supériorité dans le cas d’une guerre civile l’opposant à des communautés syriennes vers lesquelles Israël lorgne depuis un certain temps déjà, désireux qu’il est d’en faire des obligés et par conséquent des alliés, Druzes et Kurdes notamment. Si l’ancien régime est tombé comme un château de sable, d’une seule chiquenaude, c’est parce qu’il était en bonne voie d’être une coquille vide, par suite des attaques israéliennes incessantes, de la présence étrangère, et des sécessions internes, le tout étalé sur 13 années durant. Dans ce travail de sape multiforme, Israël a accompli la meilleure part. C’est ce qui explique qu’il ait lancé sa campagne de frappes, la plus importante qu’il ait jamais faite, dans l’heure suivant l’entrée de l’opposition armée islamiste dans Damas et la fuite de Bachar el-Assad vers la Russie. Ce n’est pas là le comportement d’un opportuniste qui estime que l’occasion est bonne qui risque de ne pas se renouveler, mais de quelqu’un qui veut se signaler aux yeux de tous comme celui qui depuis le début est derrière ce qui arrive. Il aurait attendu un peu avant d’agir, ce message n’aurait pas été clair pour tout le monde. Impossible de dire plus clairement que la Syrie nouvelle ne sera ni islamiste ni arabe, mais une colonie israélienne.
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