Macron à pied
Par A. Boumezrag – Ce printemps 2025 a un goût de bitume. Emmanuel Macron est à pied. Pas en retraite – pas encore – mais en décrochage. Il traverse la scène comme un figurant à qui on n’adresse plus la parole. L’article Macron à pied est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par A. Boumezrag – Il fut un temps où Emmanuel Macron galopait. Cavalier fringant du «nouveau monde», il caracolait entre promesses disruptives et verticalité jupitérienne. Son cheval ? L’élan de la réforme, le panache technocratique, l’illusion de la maîtrise totale. Il pensait dompter la complexité à coups d’algorithmes politiques et de discours millimétrés. L’histoire, croyait-il, se chevauche.
Mais ce printemps 2025 a un goût de bitume. Le président est à pied. Pas en retraite – pas encore – mais en décrochage. Il traverse la scène comme un figurant à qui on n’adresse plus la parole. A l’Assemblée, il n’a plus de majorité. Dans l’opinion, plus d’élan. Sur la scène internationale, plus d’effet. Le marcheur, à force de ne plus convaincre, n’avance plus ; il piétine.
Et s’il fallait un symbole de ce désarçonnement présidentiel, c’est dans la relation franco-algérienne qu’il s’incarne. A Alger, sa dernière visite a laissé un goût amer. Ni contrition assumée ni fermeté claire, mais un entre-deux diplomatique aussi maladroit que prétentieux. L’héritage mémoriel, traité comme un exercice d’équilibrisme verbal, a blessé sans réparer. Les jeunes des deux rives, censés être «le pont d’avenir», n’ont vu qu’un discours de plus. Et les autorités algériennes, déjà méfiantes, ont fermé la porte à toute relance sérieuse. La France n’a plus d’influence. Elle a, au mieux, des intentions.
Dans ce théâtre, Macron n’est plus qu’un acteur isolé. Il croyait tenir les rênes du pays ; il n’avait que les rênes de son ego. Ce n’est pas la grandeur de la France qu’il a chevauchée, mais une chimère personnelle. A force de vouloir incarner tout, il ne représente plus rien.
Désormais, Macron marche. A pied, comme tout le monde. Peut-être par choix, diront les naïfs. Plus sûrement par nécessité : plus de majorité nette, plus d’élan européen, plus de «nouveau monde». Il traverse les débats comme on traverse une zone piétonne : prudemment, en regardant si quelqu’un l’écoute encore.
Il parle, bien sûr. Il n’a pas perdu sa voix. Mais on n’écoute plus un piéton comme on écoute un cavalier. L’aura s’est évaporée, comme un parfum trop porté. Le verbe sonne, mais ne claque plus.
Les communicants tenteront de vendre cette lenteur comme une forme de sagesse. «Président de proximité», «présence apaisée», «retraite active». Mais personne n’est dupe : ce n’est pas une randonnée philosophique, c’est une marche forcée. Et ce n’est pas l’Elysée qui est en jeu, c’est sa postérité.
Sans cheval, Macron redevient ce qu’il est : un homme doué, certes, mais ordinaire. Un marcheur sans horizon net. Un ancien président avant l’heure.
A. B.
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