Projets de développement en berne à Sétif : Entre citoyens et élus, un dialogue de sourds !
Plateforme industrielle, commerciale et sportive de premier plan, la wilaya de Sétif, pourtant deuxième du pays en nombre d’habitants et située au cœur d’un bassin de plus de huit millions de personnes, peine à avancer. De nombreux projets cruciaux restent en suspens, freinant son développement. Malgré son potentiel économique et son rôle de moteur régional, […] The post Projets de développement en berne à Sétif : Entre citoyens et élus, un dialogue de sourds ! first appeared on L'Est Républicain.

Plateforme industrielle, commerciale et sportive de premier plan, la wilaya de Sétif, pourtant deuxième du pays en nombre d’habitants et située au cœur d’un bassin de plus de huit millions de personnes, peine à avancer. De nombreux projets cruciaux restent en suspens, freinant son développement. Malgré son potentiel économique et son rôle de moteur régional, la wilaya souffre d’un manque criant d’infrastructures et d’équipements publics de grande utilité. La construction d’un deuxième Centre Hospitalo-Universitaire (CHU), tant réclamée par les professionnels de la santé et les patients, demeure un mirage. Même sort pour le complexe sportif de 50.000 places, initié en 2007 et dont l’étude, bien que dégelée avec une enveloppe de 125 milliards, n’a jamais été suivie d’effet. D’innombrables projets restent figés : Centres d’Enfouissement Technique (CET), polycliniques, infrastructures routières… La double voie Guellal – Aïn Azel, ardemment souhaitée par les habitants du sud de la wilaya, ne figure toujours pas parmi les priorités. L’évitement nord de Sétif, d’un coût de 80 milliards, attend désespérément son inscription. À El Eulma, l’hôpital de 240 lits, lancé en 2010, est en suspens pour une rallonge de seulement 50 milliards. Même l’extension de la piste de l’aéroport de 2.900 à plus de 3.200 mètres, pourtant rentable, est renvoyée aux calendes grecques. Les infrastructures de transport sont dans un état déplorable : la gare routière, ignorée des visites ministérielles, est un véritable point noir. Pire encore, la quasi-totalité des 20 daïras de la wilaya n’en possède pas. La culture, elle aussi, est reléguée aux oubliettes, avec des projets gelés depuis des années.
Cérémonies et costume-cravate
Face à cette stagnation, la frustration monte au sein de la population, qui pointe du doigt des députés accusés d’inaction et de désintérêt. « Depuis leur élection, on ne les voit qu’aux cérémonies officielles, en costume-cravate. Où est la députée qui nous promettait monts et merveilles pour 2025 ? », s’interroge Rachid, fonctionnaire. Pour de nombreux citoyens, les élus n’ont pas tenu leurs promesses et restent sourds aux véritables préoccupations de la région. « Nos députés se contentent de faire de la figuration, mais lorsqu’il s’agit de défendre Sétif à Alger, ils brillent par leur absence. Rendre compte à ses électeurs, est-ce trop demander ? », s’indigne Mourad, jeune cadre. « Qu’ont-ils fait pour relancer l’économie locale ? Rien ! », renchérit un commerçant du centre-ville, excédé par la fermeture de nombreuses boutiques, conséquence du tracé du tramway. Dans les zones rurales, le constat est encore plus alarmant. L’accès à l’eau potable, aux soins médicaux et aux infrastructures de base reste un défi quotidien. « Ils viennent en campagne électorale nous promettre des merveilles, puis disparaissent. La surcharge des salles de classe impacte lourdement la scolarité de nos enfants. Et la double voie Guellal – Ain Azel ? On en entend parler uniquement lors des élections ! », fulmine Hamoudi, habitant d’Ain Azel. L’exaspération atteint son paroxysme lorsque les citoyens constatent que d’autres wilayas, mieux dotées, bénéficient de nouveaux CHU et d’importants financements, alors que Sétif, avec un hôpital vétuste datant des années 1930, reste sur la touche.
Rendre des comptes
« Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? », s’insurgent des praticiens, consternés. Certains citoyens appellent à un sursaut : « Nos députés doivent rendre des comptes ! S’ils ne sont pas capables de défendre notre wilaya, qu’ils laissent leur place à des gens compétents et engagés ! » Face à ces accusations fondées ou non, L’Est Républicain a contacté plusieurs des 15 députés de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) de la wilaya. Une grande partie n’a pas répondu, mais trois élus du Front de Libération Nationale (FLN) ont accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. « La colère des citoyens est légitime. Nous n’avons pas répondu à leurs attentes, même si notre rôle est essentiellement législatif. Nous interpellons les ministres depuis des mois sur des dossiers cruciaux, mais nos requêtes restent lettre morte. À quoi sert notre mandat si nos voix ne sont jamais entendues ? », confesse l’un d’eux. Un autre renchérit : « Même nous, supposés avoir un accès direct aux décideurs, nous nous heurtons à un mur. On nous écoute poliment, on nous promet des solutions, mais rien ne bouge. Les citoyens nous jugent responsables, alors que nous sommes aussi impuissants qu’eux. Pire encore, certains ministres reprennent les réponses erronées de leurs directeurs de wilaya ! » Le troisième député enfonce le clou : « À chaque session, nous posons des questions orales et écrites, nous demandons des explications, mais sans aucune réponse concrète. J’ai interpellé le ministre de l’Éducation sur le poste vacant de secrétaire général de la direction de Sétif depuis plus d’un an : sa réponse était loin d’être satisfaisante. Aucun député n’a cessé de réclamer les projets essentiels, en vain. La wilaya a demandé d’urgence pour 2025 la construction de quatre lycées, quinze Collèges d’Enseignement Moyen (CEM) et vingt écoles primaires pour atténuer la surcharge des classes. Mais encore une fois, aucune suite n’a été donnée ». Alors que Sétif stagne, l’incompréhension ne cesse de grandir. La population, désabusée, réclame des actions concrètes et un engagement réel de ses représentants.
Kamel Beniaiche
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