Qu’en est-il des privilèges français en Algérie?
Dans un contexte diplomatique de plus en plus tendu entre la France et l’Algérie, nourrie par la rhétorique de l’extrême droite française, ciblant la diaspora algérienne, l’accord de 1968 et la question de la mémoire, à Paris on occulte la question de qui tire profit des accords bilatéraux. Le ministre français de l’intérieur, Bruno Retailleau, […] The post Qu’en est-il des privilèges français en Algérie? appeared first on Le Jeune Indépendant.
Dans un contexte diplomatique de plus en plus tendu entre la France et l’Algérie, nourrie par la rhétorique de l’extrême droite française, ciblant la diaspora algérienne, l’accord de 1968 et la question de la mémoire, à Paris on occulte la question de qui tire profit des accords bilatéraux.
Le ministre français de l’intérieur, Bruno Retailleau, figure de proue de cette mouvance et tenant de cette rhétorique, ne semble pas se rappeler d’un détail de taille.
Si un pays tire véritablement profit de cette relation bilatérale, c’est bien la France.
La semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, afin de soulever un dossier longtemps ignoré par Paris : celui des biens immobiliers que la France occupe sur le sol algérien. Ce dossier, qui met en lumière des pratiques asymétriques entre les deux nations, fait état de 61 biens immobiliers occupés par la France en Algérie, et ce, pour des loyers symboliques.
Parmi ces propriétés, le siège de l’ambassade de France à Alger s’étend sur 14 hectares, soit 140 000 mètres carrés, avec un loyer d’une rare indécence. Un tarif qui, selon des experts, pourrait à peine couvrir le coût d’une petite chambre de bonne à Paris. La résidence de l’ambassadeur, dite « Les Oliviers », située sur 4 hectares, est louée depuis 1962 à un tarif symbolique, n’ayant jamais évolué jusqu’en août 2023.
Ce traitement contrasté avec la France, qui n’a jamais accordé de telles concessions à l’Algérie sur son propre territoire, soulève de nombreuses interrogations.
Mais ces exemples immobiliers ne représentent qu’une infime partie de la réalité d’une relation bilatérale marquée par des accords unilatéraux favorisant largement la France.
L’accord de 1968, régissant le statut des Algériens en France, est l’un des plus emblématiques.
Cet accord a accordé à des milliers d’Algériens un régime migratoire dérogatoire, dont la France a largement profité, notamment avec la main-d’œuvre algérienne qui a contribué de manière décisive à la reconstruction et à l’essor économique de la France. Mais ce que l’on oublie de mentionner, c’est qu’aucun régime similaire n’a été mis en place pour les Algériens en France, ni pour les ressortissants français en Algérie.
Un autre exemple frappant est l’accord de 1994, qui régule la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines du commerce et des investissements.
Si l’on s’attarde sur les faits, on constate que cet accord a permis aux entreprises françaises d’obtenir des conditions très favorables pour opérer en Algérie, tout en limitant considérablement les opportunités pour les entreprises algériennes d’investir ou de s’implanter en France.
Là encore, l’Algérie se trouve désavantagée dans cette relation asymétrique.
Face à cette situation, l’Algérie a réagi en appelant à un véritable débat sur la réciprocité des accords et sur le respect des engagements pris. « Si Paris souhaite vraiment discuter de l’équilibre des accords, alors ouvrons le dossier », a réagi le ministère des Affaires étrangères. « Nous verrons bien qui, de l’Algérie ou de la France, a le plus profité de ces traités, et qui respecte véritablement les engagements passés ».
L’Algérie se positionne ainsi comme un partenaire fidèle et respectueux des accords, mais se dit également victime d’une exploitation systématique des relations bilatérales par la France. Depuis 1962, la France a régulièrement tiré parti de chaque accord signé, en renforçant sa position économique et stratégique, souvent au détriment des intérêts algériens.
Si la France souhaite aujourd’hui remettre en cause certains aspects de cette coopération, elle devra d’abord rendre des comptes sur les privilèges dont elle a bénéficié au fil des décennies.
L’Algérie, quant à elle, est prête à ouvrir le débat sur l’équilibre de cette relation, dans un esprit de réciprocité et d’équité.
Le temps est peut-être venu de cesser l’hypocrisie. L’Algérie n’a jamais été le véritable bénéficiaire de cette relation, comme certains discours en France le laissent entendre.
Depuis l’indépendance du pays, c’est bien la France qui a su exploiter les failles des accords pour en tirer des bénéfices.
Si Paris veut aujourd’hui redéfinir les termes de cette coopération, il est grand temps que la vérité soit mise en lumière, et que cesse la manipulation de l’opinion publique.
L’Algérie attend désormais que Paris assume ses responsabilités et cesse de fuir le débat sur l’asymétrie de leurs relations. Alors que perdante d’avance, la France se retrouve prise au piège de ses propres contradictions.
Depuis des décennies, elle a su exploiter les failles des accords bilatéraux pour maintenir une position avantageuse, souvent au détriment des intérêts algériens. Mais l’heure est désormais venue pour Paris de faire face à la réalité et de reconnaître ses torts.
L’Algérie, fidèle aux engagements signés, appelle à une révision des termes de cette coopération, dans le but d’instaurer une relation juste et équitable, où les deux pays tireront véritablement profit de leur partenariat, dans un respect mutuel et une transparence totale.
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