Troubles du sommeil : Une pathologie silencieuse
Fatigue chronique, troubles de l’attention, maladies neurodégénératives, diabète, hypertension… Et si la clé pour prévenir ces pathologies résidait dans la qualité de notre sommeil ? C’est l’alerte lancée par le Pr Smail Daoudi, chef du service de neurologie au CHU de Tizi Ouzou. Lors de la 11ᵉ session du Beker Media Training, organisée à Alger, […] The post Troubles du sommeil : Une pathologie silencieuse appeared first on Le Jeune Indépendant.

Fatigue chronique, troubles de l’attention, maladies neurodégénératives, diabète, hypertension… Et si la clé pour prévenir ces pathologies résidait dans la qualité de notre sommeil ? C’est l’alerte lancée par le Pr Smail Daoudi, chef du service de neurologie au CHU de Tizi Ouzou. Lors de la 11ᵉ session du Beker Media Training, organisée à Alger, le spécialiste a appelé à une pleine reconnaissance du sommeil comme enjeu majeur de santé publique.
Le sommeil est une fonction biologique vitale, indispensable à l’équilibre physique et mental. Il est régulé par une horloge interne, sensible à des facteurs tels que la lumière, l’activité physique ou encore les habitudes alimentaires. Mais dès qu’il est perturbé, ses répercussions peuvent être bien plus graves qu’on ne le pense. Le Pr Daoudi a souligné que des troubles comme l’insomnie ou l’hypersomnie, cette somnolence persistante en journée malgré une nuit apparemment complète, sont à l’origine de nombreuses affections neurologiques, émotionnelles et cognitives souvent sous-estimées.
L’une des raisons de cette méconnaissance générale réside dans la séparation, parfois artificielle, entre les pathologies du sommeil et celles de l’éveil. « Nous avons trop longtemps séparé les pathologies de l’éveil et celles du sommeil », a-t-il déploré. En réalité, les troubles du sommeil affectent directement la vie quotidienne. Problèmes de concentration, fatigue chronique, troubles de l’humeur, voire troubles neurologiques, sont bien souvent les conséquences de nuits mal récupérées.
Le Pr Daoudi a rappelé que ces troubles sont beaucoup plus fréquents qu’on ne le croit. Près d’une personne sur trois en souffre, souvent sans même en être consciente. Des recherches récentes ont d’ailleurs démontré que durant la nuit, le cerveau effectue un véritable processus de nettoyage, éliminant des toxines impliquées dans des maladies neurodégénératives telles que l’Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Négliger le sommeil revient donc à compromettre sa santé cérébrale à long terme, tout en augmentant les risques de développer des pathologies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou encore l’obésité.
Un autre enjeu soulevé par le spécialiste est la stigmatisation sociale du sommeil. « Dans notre société, une personne qui dort beaucoup est rapidement vue comme paresseuse », a-t-il regretté. Cette perception erronée peut entraîner des conséquences graves, notamment pour les personnes atteintes de troubles du sommeil, comme en témoigne le cas d’une adolescente accusée de simuler ses symptômes alors qu’elle souffrait d’un véritable trouble neurologique du sommeil.
Le Pr Daoudi a plaidé pour un changement radical de regard sur ces troubles. « Il est essentiel de ne pas considérer un patient comme quelqu’un qui dort trop, mais plutôt comme une personne qui a des difficultés à rester éveillée », a-t-il indiqué. Ce changement de mentalité est indispensable pour permettre une meilleure prise en charge et une meilleure reconnaissance de ces pathologies.
Le spécialiste a également évoqué des troubles plus complexes, tels que ceux liés au comportement paradoxal du sommeil, pouvant être des signes précurseurs de maladies graves comme la maladie Parkinson. Les ronflements sévères et l’apnée du sommeil, quant à eux, activent le système nerveux sympathique, augmentent la tension artérielle et aggravent des pathologies chroniques comme le diabète et l’hypertension.
S’agissant de la prise en charge, le Pr Daoudi a appelé à une meilleure coordination entre les praticiens hospitaliers et les médecins libéraux. Il a noté que les cas les plus complexes sont souvent traités en cabinet privé, mais que la peur des traitements, notamment des antidépresseurs, constitue un frein majeur dans certaines familles. Il a tenu à insister sur la nécessité de sensibiliser les patients et leurs proches à l’importance d’un accompagnement médical adapté.
Enfin, le Pr Daoudi a rappelé que le sommeil devrait être perçu comme un pilier de la santé publique, au même titre que l’alimentation ou l’activité physique. « Il est temps de considérer le sommeil pour ce qu’il est : un élément fondamental du bien-être physique et mental », a-t-il affirmé avec conviction.
Selon les statistiques avancées par le spécialiste, environ 20 % de la population souffrent de troubles du sommeil, un problème souvent ignoré ou mal compris. L’insomnie, qui touche entre 30 et 35 % des adultes, est le trouble le plus répandu. Mais l’hypersomnie, bien que moins connue, n’en est pas moins préoccupante. Elle se manifeste par une somnolence excessive en journée et peut avoir de lourdes répercussions : accidents de la route, erreurs professionnelles, absentéisme… La somnolence au volant figure même parmi les principales causes d’accidents mortels, mettant en lumière l’ampleur des enjeux sociaux et économiques liés aux troubles du sommeil.
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