Vigilance

Les commentaires irrévérencieux du président français Emmanuel Macron sont suffisamment graves pour les classer dans la rubrique des faits divers. Au-delà de leur teneur franchement simpliste, au regard des liens historiques et humains entre les deux pays, il y a lieu de ne pas perdre de vue le contexte géopolitique exécrable dans lequel ils sont débités. La France de Macron, en proie à une crise politique sans précédent en interne, cherche une soupape de sécurité pour souffler. Et quoi de mieux (ou de pire c’est selon) que l’Algérie pour essuyer son couteau, dans l’espoir de se refaire une virginité auprès d’un peuple qui le rejette globalement et dans le détail ! C’est sous cet angle qu’il faudrait lire les saillies inacceptables de Macron, qui confinent à l’arrogance postcoloniale. Après la reconnaissance inattendue de la pseudo marocanité du Sahara occidental, dans une adressée le 30 juillet dernier au Roi Mohamed VI, et son appel aux hommes d’affaires français d’aller faire du fric pourri dans ce territoire pourtant inscrit dans le chapitre de la décolonisation aux Nations unies, Macron vient de franchir la ligne rouge, en couvrant bêtement l’Algérie de « déshonneur ». Par quelque bout que l’on prenne ces propos, ils relèvent d’une faute politique inexcusable, doublée d’une indignité morale. C’est de la provocation crasse, sans l’ombre d’un doute, à l’égard de notre pays. Le chef de l’Élysée, qui se retrouve au milieu d’un tourbillon politique chez lui, avec une menace de destitution qui trône comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, a cru bon d’ouvrir la guerre d’Algérie pour se remettre à flot. À nous de ne pas lui offrir une escalade diplomatique aux conséquences inimaginables, avec une communauté nationale forte de plus de sept millions d’Algériens en France. En l’occurrence, la réaction algérienne, via un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public hier mardi, exprime heureusement cette attitude intelligente et mesurée, face à ce qui pourrait être considéré en d’autres circonstances comme un casus belli. Il faut donc se féliciter de ce que les autorités algériennes aient pris la mesure des enjeux, en évitant de verser dans le psychodrame et la surenchère dans la haine. En gros, l’Algérie a signifié à Macron que c’est lui-même qui se déshonore par ses propos, qui s’apparentent à une « immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne ». C’est court, c’est net et c’est dans le mille. À bon entendeur.

Par Imane B.

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