Abdelmadjid Azzedine au Jeune Indépendant  : « La visite de Ramaphosa revêt une importance stratégique dans un contexte mondial complexe »

La visite du président sud-africain Cyril Ramaphosa en Algérie, à l’invitation du président de la République Abdelmadjid Tebboune, a marqué une étape importante dans les relations historiques et stratégiques entre les deux pays.

Ce déplacement, riche en symboles, intervient dans un contexte mondial où les défis sécuritaires, économiques et politiques s’intensifient, et où la coopération entre pays africains apparaît plus nécessaire que jamais. C’est ce qu’a affirmé au Jeune Indépendant, Abdelmadjid Azzedine, président du Groupe géopolitique de l’Afrique du Nord au Parlement panafricain (PAP), en marge du discours du président sud-africain devant le Parlement algérien réuni en ses deux chambres, vendredi, lors d’une session extraordinaire au Palais des Nations (Alger).

Le président du PAP, sénateur au titre du tiers présidentiel et député représentant le Parlement panafricain à Johannesburg, a déclaré que cette visite est aussi une occasion de rappeler les liens profonds qui unissent Alger et Pretoria et de tracer les grandes lignes d’un partenariat stratégique pour l’avenir du continent.

Selon lui, cette venue revêt « une importance majeure tant sur le plan symbolique que politique. Elle intervient dans un contexte mondial particulièrement complexe, marqué par une instabilité croissante et de nombreux défis ». Il a, dans ce sens, rappelé que « les tensions internationales s’intensifient, les questions de sécurité se multiplient, et les menaces à la paix mondiale deviennent de plus en plus pressantes. À cela s’ajoutent les agressions et les ingérences étrangères, qui aggravent davantage les déséquilibres dans de nombreuses régions ».

Dans ce climat tumultueux, la rencontre entre les dirigeants algériens et sud-africains, Abdelmadjid Tebboune et Cyril Ramaphosa, s’inscrit comme « une étape essentielle pour renforcer la concertation et la coopération bilatérale ». Les deux pays, forts de leur histoire commune dans la lutte pour la liberté et la justice, sont appelés à unir leurs efforts pour faire face à ces défis globaux. Cette visite est l’occasion de consolider un partenariat stratégique basé sur des valeurs partagées, et de promouvoir une vision africaine forte et solidaire dans les instances internationales », a précisé Abdelmadjid Azzedine.

En outre, il a rappelé les racines historiques et les liens profonds entre l’Algérie et l’Afrique du Sud, soulignant leur importance pour l’avenir du continent. « Ce qui nous lie à l’Afrique du Sud remonte aux années 1950, à l’époque de la lutte de l’Algérie pour la libération nationale. Un fait marquant de cette relation est la coopération entre l’Armée de libération nationale (ALN) et le Congrès national africain (ANC). Nelson Mandela avec ses compagnons, est venu en Algérie, où il a reçu un entraînement militaire et s’est préparé dans nos frontières grâce à l’aide de l’ALN. Ce soutien a été déterminant dans leur combat contre l’apartheid », a souligné M. Azzedine. 

L’Algérie a joué un rôle dans l’exclusion de l’apartheid

D’autre part, le sénateur a également évoqué que les liens entre les deux nations ne se sont pas limités à la période de la guerre de libération nationale. « Au lendemain de l’indépendance, la relation entre les deux pays et entre les deux partis au pouvoir, le FLN et l’ANC, est restée forte. Des échanges importants ont eu lieu dans de nombreux domaines diversifiés. Le Mouvement panafricain de la jeunesse et l’Organisation panafricaine des femmes avaient leurs sièges en Algérie, et plusieurs figures de l’ANC participaient activement à ces structures », a-t-il dit.  

La collaboration entre l’Algérie et l’Afrique du Sud s’est également étendue aux plateformes internationales. « Nous nous rencontrions souvent dans des forums internationaux pour coordonner nos actions sur des questions africaines et internationales importantes », a souligné Abdelmadjid Azzedine. Il a ajouté que « nous avons toujours porté la revendication du peuple sud-africain dans les organisations internationales, notamment aux Nations unies, où l’Algérie a joué un rôle essentiel dans l’exclusion du régime de l’apartheid. Depuis, nos relations n’ont cessé de se développer, de s’étendre et de s’approfondir ».

La visite de Cyril Ramaphosa en Algérie s’inscrit également dans une dynamique de consolidation des relations économiques et politiques entre les deux nations. Elle met l’accent sur le développement des échanges bilatéraux, la promotion des investissements conjoints et la collaboration au sein des institutions régionales.

Pour un nouvel ordre mondial fondé sur la justice et l’équité

La relation entre l’Algérie et l’Afrique du Sud va bien au-delà des simples échanges diplomatiques, a tenu à souligner le président du Groupe géopolitique de l’Afrique du Nord au Parlement panafricain. Elle reflète une volonté commune de contribuer activement à la stabilité régionale et de défendre les causes justes à travers le monde, notamment en soutenant les luttes pour l’autodétermination et en appelant à un nouvel ordre mondial fondé sur la justice et l’équité.

Lors de la session extraordinaire réunissant les deux chambres du Parlement algérien, vendredi soir au Palais des Nations à Alger, le président sud-africain a mis en avant le rôle clé de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a renouvelé l’appel de son pays en faveur d’une réforme de cet organe, afin qu’il devienne « plus représentatif » et réponde aux aspirations des nations du Sud. Saluant « les positions honorables de l’Algérie », il a ajouté que « nous devons œuvrer ensemble pour transformer le système mondial et financier afin qu’il soit équitable et serve les intérêts de tous les peuples et nations ». 

Soutien à la Palestine et au Sahara occidental

Cyril Ramaphosa a réaffirmé l’importance de soutenir les peuples marginalisés à travers le monde et d’aider les civils affectés par les conflits pour parvenir à une solution durable aux problèmes globaux et unifier l’Afrique. Le Président sud-africain avait également souligné les positions fermes de son pays et de l’Algérie en faveur des peuples sahraoui et palestinien.

Concernant la Palestine, il a dénoncé la guerre menée par l’occupation sioniste contre Gaza, la qualifiant de génocide contre les civils, et a réclamé « la fin immédiate des violences barbares ». Il a rappelé que l’Afrique du Sud, bien qu’éloignée géographiquement, avait porté l’affaire devant la Cour internationale de Justice pour soutenir les Palestiniens, conformément aux principes prônés par Nelson Mandela sur la liberté et l’autodétermination.

En ce qui concerne la cause sahraouie, le président sud-africain a salué le soutien constant de l’Algérie au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et a appelé la communauté internationale à respecter le droit international et la Charte des Nations Unies, insistant sur la nécessité de construire un nouvel ordre mondial fondé sur la justice et le respect des droits des peuples. Il a, par ailleurs, insisté sur la nécessité d’approfondir la coopération entre l’Algérie et l’Afrique du Sud, ainsi qu’entre leurs Parlements, afin de promouvoir un développement durable et une économie prospère.

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