Après la chute d’Al-Assad: Calculs des uns et manœuvres des autres

Le jour d’après en Syrie est riche en rebondissements, déclarations et positionnements. La fuite de l’ancien président Bachar Al-Assad dimanche et la chute de Damas entre les mains du groupe islamiste Hay’at Tahrir Echam (HTE) laissent ouverte la porte à toutes les supputations et autant de scénarios. Dans les faits, la Syrie devra trouver les […] The post Après la chute d’Al-Assad: Calculs des uns et manœuvres des autres appeared first on Le Jeune Indépendant.

Déc 9, 2024 - 19:10
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Après la chute d’Al-Assad: Calculs des uns et manœuvres des autres

Le jour d’après en Syrie est riche en rebondissements, déclarations et positionnements. La fuite de l’ancien président Bachar Al-Assad dimanche et la chute de Damas entre les mains du groupe islamiste Hay’at Tahrir Echam (HTE) laissent ouverte la porte à toutes les supputations et autant de scénarios.

Dans les faits, la Syrie devra trouver les ressorts nécessaires pour se doter d’un Etat central consensuel et fédérateur de toutes les composantes du peuple syrien, elle doit surtout se débarrasser de toute « tutelle » ou « ingérence » étrangère en sanctuarisant le territoire contre toute tentative de morcellement, de fragmentation ou d’occupation.
L’urgence réside également dans une transition rapide de l’Etat-Baath, marqué par 53 ans de pouvoir de la famille

Al-Assad avec tous les réseaux inféodés à cette famille dans les rouages de l’Etat et des institutions, vers un pouvoir plus représentatif des différentes tendances politiques et idéologiques de la société syrienne, donc un pouvoir plus inclusif que celui qui vient de s’effondrer. Le groupe HTE, en quête de respectabilité internationale a joué cette carte pour effacer l’étiquette « terroriste » qui lui colle toujours.

Biden au secours de HTE ?

D’ailleurs, le président américain Joe Biden a déclaré que « certains des groupes rebelles » ayant participé à l’offensive qui a provoqué la chute de Bachar Al-Assad avaient des « antécédents de terrorisme et de violation des droits humains ». « Nous avons pris note des déclarations des dirigeants de ces groupes rebelles ces derniers jours, et ils disent ce qu’il faut en ce moment, mais alors qu’ils s’apprêtent à prendre de plus grandes responsabilités, nous allons évaluer non seulement leurs paroles, mais aussi leurs actes », a prévenu le président américain lors de son allocution dimanche soir à la Maison Blanche.

Sur le terrain, l’armée américaine a mené dimanche « des dizaines de frappes aériennes » dans le centre de la Syrie visant « plus de 75 cibles » du groupe terroriste Etat islamique (EI-DAECH), a annoncé le Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. « Il ne doit y avoir aucun doute : nous ne laisserons pas l’EI se reconstituer et tirer profit de la situation actuelle en Syrie », a déclaré le général Michael Erik Kurilla.

La Turquie, acteur majeur dans le soutien au groupe HTE et de son offensive finale depuis le 27 novembre dernier, a appelé hier, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Hakan Fidan, à la « formation d’un gouvernement inclusif » en Syrie. « Nous attendons des acteurs internationaux, en particulier des Nations unies, qu’ils tendent la main au peuple syrien et soutiennent la formation d’un gouvernement inclusif », a déclaré le chef de la diplomatie turque devant un parterre d’ambassadeurs à Ankara.

La prudence russe
Autre acteur majeur et soutien de premier ordre de l’ancien chef de l’Etat syrien jusqu’à dimanche, la Russie. Cette dernière entend maintenir ses positions stratégiques dans le pays. « C’est l’objet de discussions avec ceux qui seront au pouvoir en Syrie », a déclaré ce lundi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en assurant que la Russie faisait « tout ce qui est possible et tout ce qui est nécessaire pour entrer en contact avec ceux qui peuvent se charger d’assurer la sécurité » des bases militaires russes dans le pays.

Par contre, le Kremlin refuse de confirmer la présence de Bachar al-Assad en Russie. « Il n’y a rien à dire sur l’emplacement d’Assad », a déclaré Dmitri Peskov. Aussi, « le programme officiel de Poutine ne prévoit pas de rencontre » avec le président déchu. Pourtant, les agences de presse russes, citant une source au Kremlin, ont affirmé la veille que l’ancien président et sa famille se trouvaient à Moscou.

« La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile », a rapporté cette source aux agences Tass et Ria Novosti.

Aux Nations unies, une réunion d’urgence à huit clos au Conseil de sécurité était prévue hier soir afin de discuter de la situation nouvelle en Syrie. Hier matin, l’Onu a demandé que « toutes les mesures » soient prises pour protéger les minorités en Syrie. « Toutes les mesures doivent être prises pour assurer la protection de toutes les minorités et éviter les représailles et les actes de vengeance », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, lors d’une conférence de presse.

Bombardements israéliens
Le grand gagnant de la disparition d’Al-Assad de l’échiquier politique régional est sans doute Israël. Le gouvernement génocidaire de Netanyahu qui poursuit son agression sur la bande de Ghaza, a « profité » du chaos en Syrie pour engranger de nouveaux gains. Ainsi, le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a affirmé hier qu’Israël avait frappé des sites où étaient possiblement stockés des armes chimiques et des missiles à longue portée en Syrie.

« Notre seul intérêt est la sécurité d’Israël et de ses citoyens », a déclaré Gideaon Saar, lors d’une conférence de presse. « C’est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d’armes stratégiques, comme par exemple les armes chimiques restantes ou les missiles et roquettes à longue portée, afin qu’ils ne tombent pas entre les mains d’extrémistes », a-t-il précisé. Aussi, toujours selon lui, l’avancée des troupes israéliennes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée illégalement par Israël est « une mesure limitée et temporaire ».

« J’insiste là-dessus : il s’agit d’une mesure limitée et temporaire que nous avons prise pour des raisons de sécurité », a déclaré Gideon Saar lors d’une conférence de presse à Al-Qods occupée. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait annoncé dimanche avoir ordonné à l’armée de « prendre le contrôle » de cette zone tampon après la chute du président Bachar Al-Assad.

Le pétrole en hausse
Sur le plan économique, les cours du pétrole ont connu une hausse hier, poussés par l’instabilité au Proche-Orient au lendemain de la chute de Bachar Al-Assad en Syrie, et soutenus par le maintien des coupes de l’Opep+ jeudi dernier.

Dans la matinée de lundi  9 décembre, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, a pris 1,01 % à 71,84 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en janvier, a gagné 1,19 % à 68,00 dollars (64,27 euros).

« Tous les yeux sont rivés vers les scènes étonnantes en Syrie » et les prix ont réagi à la hausse, « mais de manière plutôt calme car tout le monde est en train d’évaluer ce qu’un nouveau visage de la Syrie » pourrait signifier, explique John Evans, analyste chez PVM.

La Russie est le second producteur mondial de brut et l’Iran fait partie des dix premiers et possède les troisièmes réserves prouvées. La proximité de ces deux pays avec les événements en Syrie explique la hausse des prix du pétrole.

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