Arsenal
Certains se demandaient si Bruno Retailleau, représentant de la ligne droitière au sein de son parti Les Républicains, une fois au gouvernement allait modérer ses positions concernant l’immigration et la sécurité. Après tout, plusieurs personnalités politiques avant lui ont fait exactement cela une fois qu’elles ont acquis une position de pouvoir. Néanmoins, pour le moment, […]
Certains se demandaient si Bruno Retailleau, représentant de la ligne droitière au sein de son parti Les Républicains, une fois au gouvernement allait modérer ses positions concernant l’immigration et la sécurité. Après tout, plusieurs personnalités politiques avant lui ont fait exactement cela une fois qu’elles ont acquis une position de pouvoir. Néanmoins, pour le moment, le nouveau ministre de l’Intérieur semble garder le même cap et est visiblement décidé à ne pas perdre en fermeté. Il a averti d’ailleurs cette semaine les Français, assurant que le pays était à un «point de bascule» alors que son ministère de l’Intérieur fait face à une montée d’«hyperviolence» liée aux trafiquants de drogue qui sévissent dans plusieurs villes du pays. Récemment, des affrontements sanglants ont eu lieu à Poitiers et dans la région de Valence. Le ministre s’est rendu à Rennes ce vendredi pour réaffirmer l’engagement de l’État à rétablir l’ordre. En visite dans le quartier de Maurepas à Rennes, marqué par de récentes guerres de bandes, le ministre de l’Intérieur a annoncé le déploiement de renforts ainsi que la création d’une Unité nationale d’investigation, dédiée à la lutte contre le narcotrafic. D’après lui, «la France est en voie de mexicanisation», avec la montée en puissance de «narco-enclaves» qui, a-t-il affirmé à BFMTV, menacent directement la souveraineté nationale. Le ministre a souligné que «les narcotrafiquants aujourd’hui n’ont plus de limites». Bien qu’il se soit dit «résolu à mener cette guerre» contre le trafic de drogue, il a reconnu qu’il faudra «du temps et des outils adaptés» pour y parvenir. «On ne peut pas traiter le narcotrafic comme une simple délinquance», a-t-il conclu. Le ministre entend placer cette lutte «au niveau d’une cause nationale», similaire à celle menée contre le terrorisme. Il a estimé que les trafics génèrent entre 3 et 6 milliards d’euros chaque année, ce qui nécessite une mobilisation totale des ressources de l’État pour «démanteler l’écosystème» de ces réseaux. Retailleau a également annoncé une campagne de communication sans précédent pour sensibiliser les consommateurs et les responsabiliser. «Chaque joint, chaque ligne de cocaïne est imprégnée de larmes et de sang», a-t-il déclaré. Depuis son arrivée au ministère, il prône la création d’un «nouvel arsenal législatif», visant particulièrement les finances des réseaux de drogue. Ce texte de loi, qu’il espère voir débattu au Parlement dans les plus brefs délais, est conçu pour frapper les trafiquants là où ça fait mal : leur portefeuille. La semaine prochaine, Bruno Retailleau et le ministre de la Justice, Didier Migaud, se rendront à Marseille, ville particulièrement touchée par les violences liées à la drogue, où même des adolescents sont recrutés comme tueurs à gages. Le ministre de l’Intérieur a réaffirmé que cette lutte se poursuivra «jusqu’au bout», quartier par quartier, pour garantir la sécurité et préserver l’intégrité de la France. Toutefois, les mesures annoncées par Retailleau devront passer le cap du Conseil constitutionnel qui a, ces dernières années, quasi systématiquement opposé son veto à toute volonté politique sérieuse de changer le statu quo. Par ailleurs, Retailleau, ministre de droite, verra très probablement, comme ce fut le cas pour Gérald Darmanin, l’aile gauche de la macronie lui barrer la route, surtout après la nomination, pas très bien vue par beaucoup dans le camp présidentiel d’un Premier ministre de droite, ancien ministre de Jacques Chirac.
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