La junte, le jeu et l’enjeu

Les nombreux journalistes présents hier au siège du ministère des affaires étrangères pour couvrir la conférence de presse d’Ahmed Attaf furent très étonnés d’entendre de lui qu’il n’y a aucune trace d’une saisine de l’Algérie par la Cour internationale de justice à propos d’une soi-disant requête de l’État du Mali. C’est à tomber à la renverse ! Pourtant, la junte au pouvoir à Bamako a bel et bien publié, le 5 de ce mois, un communiqué portant le numéro 079 avec l’entête de son “ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale”, dans lequel elle informe officiellement avoir déposé auprès de la CIJ une requête visant l’ouverture d’une procédure contre l’Algérie dans le sillage de la destruction d’un drone de reconnaissance ayant survolé la localité de Tinzaouatine. Or, le chef de la diplomatie algérienne a catégoriquement nié l’existence de cette saisine invitant les journalistes à contacter les services de la CIJ. Précisément, Ahmed Attaf a révélé que les autorités algériennes se sont renseignées auprès de la Cour internationale de justice et ont été informées qu’aucune requête de cette nature n’a été déposée à leur encontre. Voilà pour les faits. Nous avons donc affaire à un vrai faux événement. Une sordide manipulation de la junte militaire à la tête du Mali qui, voulant sans doute se donner un sursis politique en interne face à la montée de la protestation citoyenne, souhaitant actionner le bouton rouge “Algérie” dans l’espoir de s’offrir un répit et (re)mobiliser un peuple qui ne croit plus à sa feuille de route qui mène droit vers la catastrophe. Cette trompeuse saisine de la Cour internationale de justice est donc un doux leurre destiné à éteindre le feu de la contestation qui se déclenche un peu partout contre les promesses non tenues du colonel Assimi Goîta et son équipe qui peinent à proposer une perspective vertueuse à son pays. Il faut être vraiment ignare en politique pour jouer comme le fait la junte de Bamako avec un drôle de drone en inventant une fausse procédure introuvable dans l’espoir de réussir l’enjeu de pacifier son peuple. Les frères maliens avec qui notre pays entretient une relation sincère et fraternelle depuis l’indépendance de nos deux pays, méritent assurément mieux que d’être gouvernés par la junte militaire. Son mensonge éhonté sur l’Algérie est une autre pièce à conviction à verser dans son dossier lourd de chefs d’inculpation.

Par Imane B.

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