Les Etats-Unis à la remorque d’Israël
Cela fait maintenant des mois que l’administration Biden fait tout ce qu’elle peut pour obtenir qu’un accord soit passé entre le Hamas et Israël, un accord qui donnerait lieu à la libération des captifs israéliens, dont quelques-uns sont Américains, et établirait une trêve courant au moins jusqu’au scrutin du 5 novembre. Le gouvernement israélien, qui […]
Cela fait maintenant des mois que l’administration Biden fait tout ce qu’elle peut pour obtenir qu’un accord soit passé entre le Hamas et Israël, un accord qui donnerait lieu à la libération des captifs israéliens, dont quelques-uns sont Américains, et établirait une trêve courant au moins jusqu’au scrutin du 5 novembre. Le gouvernement israélien, qui ne veut pas d’un accord parce que de son point de vue contraire aux intérêts supérieurs d’Israël (car en effet passer un accord avec qui que ce soit, c’est du même coup le reconnaître), a fait pendant tout ce temps semblant d’être sur ce point sur la même ligne que Washington, alors qu’en réalité il s’appliquait à faire capoter tous les efforts américains allant dans ce sens. Les négociations se menaient, et d’ailleurs sont censés se mener encore, entre les chefs des services secrets américains, israéliens, et ceux des intermédiaires arabes, l’Egypte et le Qatar. Ce sont ces derniers qui parlaient au Hamas, lui-même représenté par le chef de son bureau politique, Ismaïl Haniyeh. En assassinant ce dernier, ou en le faisant assassiner par des alliés iraniens, Israël a pris la responsabilité d’éliminer physiquement le négociateur palestinien lui-même.
Croire après cela, comme le font encore les Américains, qu’un accord reste néanmoins possible, c’est se montrer plus qu’irréaliste, c’est n’avoir toujours rien compris au tour de pensée du gouvernement israélien. La première victime de cet assassinat, c’est le Hamas, et le second, c’est l’idée d’un accord en vue d’une trêve au cours de laquelle les captifs israéliens sont libérés. Une page est tournée, et sur celle qui vient de s’ouvrir, on chercherait en vain le mot accord. La présidentielle américaine se tiendra selon toute probabilité avec pour toile de fond une guerre non seulement persistante mais redoublée, exacerbée. Il est même probable qu’elle se soit généralisée. Ce serait le cas si Israël entrait en guerre ouverte avec le Liban. Mais dès à présent, la donne est différente de celle du 7 octobre. Le nombre des belligérants a augmenté, ainsi que la géographie du conflit. Il revient au même de croire à un accord et de croire au retour à l’avant-7 octobre. L’administration américaine a échoué sur un point essentiel : éviter une guerre directe avec l’Iran, qui certes n’a pas encore commencé, mais qui peut se déclencher à tout moment. L’Iran ayant fait vœu de venger l’assassinat sur son sol d’un allié de premier plan, cette guerre peut même éclater dans les heures qui viennent. Si l’on sait qu’il n’y aura pas de retour à l’avant-7 octobre, on ignore encore vers où exactement se dirige le Moyen-Orient. Sous Biden, ce sont les Israéliens qui ont été à la manœuvre, et ce sont les Américains qui ont été à la remorque. Ils ne voulaient pas d’un accord, mais d’une victoire complète, quitte pour cela à sacrifier leurs captifs dans Ghaza, et c’est bien cela qui est en train de prendre forme. Face à Netanyahou, Biden a perdu sur toute la ligne. Netanyahou en est aujourd’hui à exiger de lui l’envoi de ces bombes lourdes mangeuses de civils qu’il avait commencé par lui refuser. Dans le nouveau contexte issu de l’assassinat à Téhéran de Haniyeh, il ne faudrait pas s’étonner que Biden cède bientôt à ses demandes réitérées, lui qui craignait d’être accusé pour complicité de crime contre l’humanité. Or si l’Iran entre en guerre, la Russie et la Chine pourraient y être entraînées à leur tour.
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