L’offre suggérée au roi de Jordanie par Donald Trump
Au cours de son vol de Las Vegas vers la Floride, il y a de cela deux jours, Donald Trump, de retour aux affaires depuis moins d’une semaine, répondant à des questions de journalistes, a dit avoir parlé la veille au roi de Jordanie Abdallah II, lui avoir demandé entre autres sujets abordés avec lui, […]
Au cours de son vol de Las Vegas vers la Floride, il y a de cela deux jours, Donald Trump, de retour aux affaires depuis moins d’une semaine, répondant à des questions de journalistes, a dit avoir parlé la veille au roi de Jordanie Abdallah II, lui avoir demandé entre autres sujets abordés avec lui, de recevoir chez lui un supplément de Palestiniens, compte tenu de ce qu’est devenue Ghaza, une «Demolition Site», une zone vouée à la démolition complète, à ce titre évidemment impropre à la vie. Il nous a appris par là même occasion qu’il comptait demander, dès le lendemain, c’est-à-dire hier dimanche, la même chose au président égyptien Abdelfattah Sissi. A la question de savoir si ce transfert de population serait provisoire ou définitif, il a répondu que cela pourrait être ou l’un ou l’autre. C’est-à-dire qu’il serait préférable que ce soit définitif, ou alors faussement provisoire : le déplacement serait présenté comme tel en tout état de cause, pour autant chacun comprendrait facilement qu’en réalité le but recherché est une déportation sans retour. Il ne serait peut-être pas superflu de noter au passage que lui-même estime le nombre de Ghazaouis à un million et demi, alors qu’il est notoire qu’ils sont près de deux millions et demi.
Est-ce là simple méconnaissance de sa part ou perfide allusion au nombre auquel cette population pourrait être réduite si la guerre devait reprendre ? Cette question se pose d’autant plus qu’on a eu droit ce jour-là à une autre annonce, celle concernant la levée du gel décrété par l’administration Biden de livraison à Israël des bombes de 2000 pounds, décision en son temps justifiée par le trop grand nombre de pertes humaines qu’elles sont susceptibles d’occasionner. La menace sous-jacente ne fait aucun doute, de la part de quelqu’un pour qui en toute chose, en tout domaine, les problèmes se règlent par la transaction, le donnant-donnant, de même que dans les affaires commerciales. Ici comme ailleurs, il commence par poser les termes de l’échange : la vie sauve revêtant la forme d’un départ de masse volontaire, ou sinon la poursuite du génocide commencé par le moyen des livraisons américaines. Il propose ce marché implicite non pas à ceux qui ont le choix entre partir ou mourir de leur propre gré, ni même ceux qui sont censés parler en leur nom, mais au roi de Jordanie d’abord, au président égyptien ensuite, c’est-à-dire à des dirigeants qui ont fait savoir qu’ils s’y opposaient absolument. Il est vrai toutefois, que ce refus catégorique, c’était du temps de Biden, et pour Biden, un président faible, fort peu respecté dans le monde, s’il faut en croire Trump. Comme celui-ci n’a soufflé mot de la façon dont l’offre faite en creux a été reçue, on ne peut rien conclure pour le moment. En principe la réponse de Abdallah II a été le refus sans appel, conformément à son intérêt, à celui de son peuple, mais aussi à celui des Palestiniens eux-mêmes, sachant que ce premier transfert, s’il se produisait, serait suivi à terme de celui de la population de Cisjordanie. En principe aussi, le président égyptien opposerait le même refus catégorique. Si bien qu’il faut s’attendre à ce que la guerre reprenne, avec une intensité redoublée dès après la libération des captifs israéliens.