L’or blanc des nourrissons : Dr Benhacène nous dit tout sur l’allaitement maternel
L’allaitement maternel est le moyen le plus approprié pour fournir aux nouveau-nés les nutriments essentiels à leur développement. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le nourrisson doit être mis au sein dans l’heure suivant la naissance et continuer à être allaité exclusivement jusqu’à l’âge de six mois. L’OMS a fixé un objectif mondial pour […] The post L’or blanc des nourrissons : Dr Benhacène nous dit tout sur l’allaitement maternel first appeared on L'Est Républicain.
L’allaitement maternel est le moyen le plus approprié pour fournir aux nouveau-nés les nutriments essentiels à leur développement. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le nourrisson doit être mis au sein dans l’heure suivant la naissance et continuer à être allaité exclusivement jusqu’à l’âge de six mois.
L’OMS a fixé un objectif mondial pour 2030 : que 50 % des nourrissons de moins de six mois soient allaités exclusivement au sein. Cet objectif met en évidence la difficulté de la tâche, puisque les taux actuels sont bien en deçà de ce chiffre. Le Dr Ahmed Hamza Benahcène, pédiatre libéral à Sétif et acteur engagé dans la promotion de l’allaitement maternel, qui reste, affirme-t-il, le meilleur aliment pour le nourrisson et le bébé, a bien voulu répondre aux questions de L’Est Républicain.
L’Est Républicain : Qu’est-ce que l’allaitement maternel et quel est le taux de suivi par les mères ?
Dr Benahcène : Selon l’OMS, l’allaitement maternel désigne l’alimentation du nouveau-né et du nourrisson par le lait de sa mère. Il doit idéalement être exclusif, en particulier pendant les six premiers mois de vie. En effet, le lait maternel constitue l’aliment le plus adapté aux besoins du nourrisson. En Algérie, le taux d’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois a progressé, passant de 7 % en 2006 à 28,27 % en 2019, ce qui est encourageant. Cependant, ce taux reste bien inférieur à l’objectif de 50 % fixé par l’OMS.
Peut-on connaître les facteurs influençant les femmes à allaiter ?
Il est souvent observé que l’allaitement maternel est plus fréquent dans les milieux ruraux. Cependant, ces dernières années, on constate une meilleure promotion de l’allaitement en milieu urbain et parmi les femmes ayant un niveau d’études plus élevé. Le choix d’allaiter au sein peut aussi être influencé dans nos régions par l’entourage familial immédiat, notamment la mère et la belle-mère. Il est également clairement établi que les conseils prodigués par le gynécologue et la sage-femme, tant pendant la grossesse qu’après l’accouchement, jouent un rôle important dans la décision de la femme d’allaiter. Par ailleurs, la formation des corps médical et paramédical sur l’allaitement maternel, avec des sessions de recyclage, est essentielle. Elle devrait être intégrée dans leur cursus, car qui favorisera sans aucun doute un véritable essor de l’allaitement maternel dans notre pays.
Y a-t-il des facteurs qui « inhibent » les femmes à allaiter ?
Malheureusement, de nombreux facteurs peuvent « inhiber » les femmes à allaiter. Parmi ceux-ci, certaines croyances erronées, comme l’idée que l’allaitement nuit à l’apparence physique de la femme. Le stress lié à la reprise du travail est également un facteur important. Toutefois, selon une étude new-yorkaise menée par le professeur Howard et son équipe, l’un des principaux facteurs reste l’exposition et la facilité d’accès aux laits de substitution pendant la période périnatale, qui encourage la cessation de l’allaitement maternel.
Quels sont les bienfaits de l’allaitement maternel ?
L’allaitement maternel offre de nombreux bienfaits, tant pour l’enfant que pour la mère. Pour le nourrisson, il s’agit d’un aliment complet, en particulier le colostrum, le lait de début, qui est très riche en protéines et en anticorps protecteurs, appelés « IgA ». Cela permet au nouveau-né non seulement de grandir, mais aussi de se protéger contre les infections virales et bactériennes. Le lait maternel est parfaitement adapté aux besoins nutritionnels du nourrisson, lui apportant protéines, graisses, sucres, vitamines et minéraux nécessaires à sa croissance. Mieux encore, il contient même des bactéries bénéfiques pour l’intestin, appelées probiotiques, ainsi que des micro-organismes essentiels à leur développement, les prébiotiques. Ces deux composants contribuent à la formation du microbiote intestinal, qui détermine en grande partie « l’avenir » de l’enfant de par le rôle clé qu’il joue dans sa protection contre plusieurs maladies, telles que l’eczéma, la maladie cœliaque et même certaines maladies cardiovasculaires. Chez la mère, l’allaitement favorise un meilleur retour de couche, une récupération post-partum plus rapide et une rétraction utérine accélérée, ce qui permet d’arrêter plus rapidement les saignements. Il contribue également à une perte de poids harmonieuse après l’accouchement. De plus, l’allaitement joue un rôle dans la prévention de certains cancers, comme ceux du sein et des ovaires, ainsi que dans la réduction du risque de dépression et de diabète de type 2.
Qu’en est-il de la durée et de la fréquence des tétées, et comment savoir si le bébé a faim ?
Les nourrissons allaités au sein savent généralement réguler très bien leurs besoins et tètent fréquemment, y compris la nuit. Il n’est donc pas nécessaire de restreindre le nombre ni la durée des tétées, ni de fixer un intervalle précis entre deux tétées. Il faut savoir que le bébé est parfaitement capable de moduler son rythme et ne se laissera jamais mourir de faim (rires). Il suffit de lui faire confiance et de lui donner le sein chaque fois qu’il le réclame. Il est également important de noter que si une tétée est insuffisante en termes de durée, le nourrisson se rattrapera systématiquement lors de la suivante. Les signes de faim chez le bébé sont assez évidents. Lorsqu’il commence à ouvrir et fermer la bouche, à se lécher les lèvres ou à téter ses doigts, cela indique qu’il a faim. En revanche, s’il se tortille, devient agité ou se frotte l’épaule de la personne qui le porte, cela signifie qu’il a très faim. Il est essentiel de ne pas attendre qu’il pleure pour lui offrir le sein, car les pleurs sont un signe d’alarme, signifiant que le bébé est déjà en situation de stress ou de faim intense.
Que dire des mères qui se plaignent de la montée laiteuse insuffisante ? Et y a-t-il des contre-indications absolues à l’allaitement maternel ?
C’est une situation que certaines mères rapportent, et cela résulte souvent soit d’une perception erronée d’une insuffisance de lait, soit d’une insuffisance transitoire, comme une mauvaise gestion de l’allaitement. Cela peut être dû à des tétées peu fréquentes ou inefficaces, parfois causées par une mauvaise position du bébé lors de la tétée. Le stress, particulièrement celui lié à la reprise du travail, peut également influencer la production de lait, ce qui nécessite un soutien professionnel et familial adapté. Quant aux contre-indications à l’allaitement, elles sont vraiment exceptionnelles. On peut citer l’infection au VIH pour la mère et certaines maladies métaboliques rares, comme la galactosémie, pour l’enfant.
Y a-t-il un régime particulier à suivre pour les femmes allaitantes ?
La femme qui allaite peut manger à peu près tout ce qu’elle veut, mais toujours de manière raisonnable, bien entendu. L’essentiel est d’adopter une alimentation variée et équilibrée. Toutefois, certains aliments, comme les choux, peuvent modifier le goût du lait maternel et sont donc à éviter si cela semble déranger le bébé. Il est également primordial de rester bien hydratée, tout en limitant les excitants, comme le café.
Les femmes allaitantes peuvent-elles pratiquer le sport ?
A priori, la pratique du sport est tout à fait compatible avec l’allaitement maternel. Une étude menée par Dewey et ses collaborateurs a comparé des femmes allaitantes pratiquant une activité physique cinq jours par semaine avec celles menant une vie plus sédentaire. Les résultats n’ont montré aucune différence, ni dans le volume de lait produit, ni dans sa composition. Il est donc tout à fait possible pour une femme allaitante de faire du sport sans que cela n’affecte son allaitement.
La maman doit-elle laver ses mamelons avant chaque tétée et quelle est la principale cause des blessures du mamelon dues à l’allaitement ?
Non, bien au contraire ! Il ne faut pas laver les mamelons avant ou après la tétée car cela pourrait supprimer les lubrifications naturelles qui protègent le mamelon, ce qui compliquerait la tâche. Les savonnettes et crèmes doivent être évitées. Certains experts conseillent même d’étaler un peu de colostrum ou de lait maternel gras sur le mamelon à la fin de chaque tétée. Quant aux crevasses, elles sont principalement causées par une mauvaise position du bébé lors de la tétée. Il est essentiel que la mère et le bébé soient tous deux à l’aise. Pour cela, plusieurs positions d’allaitement sont recommandées, comme la position de la madone ou la position allongée sur le côté, entre autres.
Combien de temps peut-on conserver le lait maternel après l’avoir retiré ?
Le lait maternel peut être conservé dans un biberon, de préférence en verre, pendant quatre à six heures à température ambiante (entre 19°C et 22°C) et jusqu’à 24 heures à une température de 15°C. Il peut également être stocké au réfrigérateur (entre 0°C et 4°C) pendant un maximum de huit jours. Une fois retiré du réfrigérateur, il est recommandé de ne le donner qu’après quatre heures à température ambiante.
Entretien réalisé par Faouzi Senoussaoui
The post L’or blanc des nourrissons : Dr Benhacène nous dit tout sur l’allaitement maternel first appeared on L'Est Républicain.
Quelle est votre réaction ?