Lutte contre les médicaments contrefaits: Un fléau sanitaire et économique à traquer
Plaidant pour une législation plus rigoureuse et un renforcement de la coopération internationale pour traquer les réseaux de la contrefaçon, Ahmed Tibaoui, directeur général du World Trade Center Algiers, a averti contre les répercussions de la contrefaçon sur l’industrie pharmaceutique algérienne qui «sapent les efforts de l’Etat pour garantir l’accès à des médicaments sûrs et […]
Plaidant pour une législation plus rigoureuse et un renforcement de la coopération internationale pour traquer les réseaux de la contrefaçon, Ahmed Tibaoui, directeur général du World Trade Center Algiers, a averti contre les répercussions de la contrefaçon sur l’industrie pharmaceutique algérienne qui «sapent les efforts de l’Etat pour garantir l’accès à des médicaments sûrs et efficaces».
A ce titre, dans son allocution d’ouverture à l’occasion de la 7e édition du Colloque international sur la contrefaçon en Algérie, organisée par World Trade Center Algiers (WTCA) à l’hôtel Mercure, Bab Ezzouar-Alger, sous le thème : «La contrefaçon des médicaments : un fléau sanitaire et économique», Ahmed Tibaoui a indiqué que «ce fléau met en péril la vie des citoyens tout en causant des pertes économiques considérables».
Aussi, insistant sur l’impératif voire l’urgence de renforcer les mécanismes de lutte contre ce fléau, il a appelé à «une collaboration accrue entre les autorités, les professionnels de la santé et les acteurs économiques pour contrer ce phénomène».
De plus, il a mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser le grand public sur les risques découlant de l’utilisation de médicaments contrefaits. Pour sa part, intervenant dans le cadre d’une communication consacrée au rôle des Douanes algériennes en matière de lutte contre la contrefaçon, Arezki Hennad, sous-directeur de la lutte contre la fraude, a souligné que les opérateurs pharmaceutiques du secteur n’ont pas encore introduit de demande d’intervention. Il a assuré que l’Etat a mis en place un contrôle strict des opérations commerciales des produits pharmaceutiques soumises à un règlement délivré par le ministère en charge de l’Industrie pharmaceutique. De son côté, Nabil Menasria, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, a rassuré que «l’Algérie n’est pas encore touchée par le phénomène de la contrefaçon des médicaments», alors qu’à l’échelle mondiale le marché des produits pharmaceutiques de qualité inférieure et contrefaits représente, a-t-il mentionné, un montant de 30,5 milliards de dollars et concerne principalement les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Quant à Abd El Kayoum Tahraoui, pharmacien spécialiste de la direction de veille de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), il a mis en avant le rôle de l’Agence dans la lutte contre la contrefaçon des produits pharmaceutiques à travers, notamment, ses missions d’attribution des agréments pour l’exercice de l’activité de fabrication et de commercialisation des médicaments, de l’audit des laboratoires et établissements de qualité ainsi que les opérations de contrôle menées sur le terrain en vue de veiller au respect de toutes les exigences réglementaires en la matière.
Près de 400 000 produits saisis en 2023
Par ailleurs, Arezki Hennad, sous-directeur de la lutte contre la fraude, a affirmé que «le nombre d’articles retenus par les services des douanes pour suspicion de contrefaçon avait atteint les 394 929 produits en 2023, contre 687 363 en 2022». Et de souligner que les interventions des services de lutte contre la contrefaçon s’effectuent selon des modalités fixées par la réglementation, notamment l’intervention sur requête et la retenue des marchandises suspectées de contrefaçon. Dans ce contexte, il a précisé que le phénomène de la contrefaçon concernait, en 2023, à hauteur de 50 % les pièces de rechange et à 45 % les produits cosmétiques, suivis par les articles de sport (3 %) et les articles vestimentaires (2 %). Il a également relevé que la provenance de ces produits contrefaits est principalement la Chine (54,4 %) et les Emirats arabes unis (45,5 %). Et d’estimer ainsi que depuis la mise en place du dispositif de retenue d’articles pour suspicion de contrefaçon en 2007, les services des douanes ont saisi jusqu’à l’année 2023, plus de 14,50 millions d’articles.
S’agissant des demandes d’intervention émanant des opérateurs économiques pour des cas de contrefaçon et d’atteinte à la propriété intellectuelle, il dira qu’elles étaient de l’ordre de 45 requêtes durant les 9 premiers mois de 2024, et pour lesquelles 43 alertes ont été émises. Ces demandes d’intervention sur des cas de contrefaçon sont examinées et vérifiées pour la conformité de leur enregistrement auprès de l’Institut national algérien de propriété industrielle (INAPI) avant la diffusion d’une alerte, a-t-il expliqué. Au total, les services des Douanes algériennes ont reçu près de 700 demandes d’intervention depuis la mise en place du dispositif de lutte contre ce phénomène en 2007, alors que le nombre d’alertes diffusées avait atteint le chiffre de 551 durant la même période.
Lynda Naili
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