Nouveau pas de fait vers la guerre nucléaire en Europe
Ce n’est sans doute pas un hasard si Joe Biden a attendu la fin de son mandat pour autoriser l’Ukraine à se servir des missiles à longue portée ATACMS contre des cibles situées derrière les lignes de défense russes, une première depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est d’autant moins un hasard que […]
Ce n’est sans doute pas un hasard si Joe Biden a attendu la fin de son mandat pour autoriser l’Ukraine à se servir des missiles à longue portée ATACMS contre des cibles situées derrière les lignes de défense russes, une première depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est d’autant moins un hasard que cette autorisation a été confortée dans les heures qui ont suivi par une autre décision, celle de lever l’interdiction de fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel. Coup sur coup, donc, deux mesures qui évidemment ont pour double objectif d’exacerber le conflit et de compliquer la tâche du successeur de Biden qui tout au long de la campagne s’est fait fort de mettre fin à la guerre en 24 heures. Maintenant, il est vrai, on peut toujours considérer que s’il y a escalade, la responsabilité en incombe en premier lieu aux Russes, qui attaqués sur leur sol, à Koursk plus précisément, ont appelé en renfort des milliers de soldat nord-coréens. Cet argument tiendrait plus ou moins si les ATACMS ne se trouvaient pas déjà sur le sol ukrainien, s’ils avaient été livrés tout récemment, et après l’arrivée des Nord-Coréens en territoire russe.
Or ils étaient déjà sur place, dans l’attente d’une occasion, ou d’un prétexte, à même de justifier leur emploi, quelque chose que le président ukrainien Volodymyr Zelensyi réclamait à cor et à cri, chose qui maintenant lui est accordée. Toutes les restrictions s’y rapportant ne sont pas encore levées pour autant, puisque les Ukrainiens ne seraient pas encore autorisés à les envoyer loin dans la profondeur, jusqu’à atteindre des villes russes par exemple, mais seulement à une distance relativement courte de la frontière russe. Ce que justement les Ukrainiens n’ont guère tardé à faire. Quelques heures après avoir reçu l’autorisation, ils ont tiré 6 missiles ATACMS sur Bryansk, non loin de la frontière, qui cependant semblent avoir été tous interceptés par la défense anti-aérienne russe. Aux Etats-Unis mêmes, l’autorisation accordée par le président sortant n’a guère plu aux républicains, qui y voient un mauvais coup dirigé davantage contre eux et le président élu que contre la Russie. Ce que Biden a fait et fera peut-être dans les semaines restant de son mandat sera probablement défait par Trump aussitôt qu’il aura pris ses fonctions. A une condition toutefois : si d’ici là la guerre n’a pas pris un tour tel que le nouveau pouvoir ne puisse rien faire ni pour l’arrêter ni même pour lui faire faire marche arrière, à supposer bien sûr qu’il n’ait rien d’autre à faire de plus pressé. On ne peut exclure que ce soit justement là-dessus que parie l’administration sortante. Reste que le plus significatif pour l’heure n’est pas tant ce que viennent de faire les Etats-Unis que le changement apporté par la Russie à sa doctrine nucléaire quelque temps auparavant. Une révision aux termes de laquelle elle se considère en conflit avec une puissance nucléaire dès lors que le pays avec lequel elle se trouve présentement en guerre se fait appuyer par un ou plusieurs alliés qui eux sont bel et bien des puissances nucléaires. Se doutant que si des missiles à longue portée ont été livrés à l’Ukraine, c’est pour qu’un jour prochain ils soient employés contre elle, elle a pris par avance une décision bien plus radicale et dangereuse : traiter en ennemi direct tout pays fournissant à l’Ukraine un armement susceptible de porter la guerre dans ses murs.
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