Escalade
L’on s’attendait, après la prise de pouvoir de Donald Trump en janvier dernier, à une relation plus souple avec Moscou, mais c’est tout le contraire qui se produit aujourd’hui avec un durcissement brutal des rapports entre la Maison-Blanche et le Kremlin. Pourtant, en début d’année, le président américain fraîchement investi, laissait entendre une nouvelle ère […]

L’on s’attendait, après la prise de pouvoir de Donald Trump en janvier dernier, à une relation plus souple avec Moscou, mais c’est tout le contraire qui se produit aujourd’hui avec un durcissement brutal des rapports entre la Maison-Blanche et le Kremlin. Pourtant, en début d’année, le président américain fraîchement investi, laissait entendre une nouvelle ère diplomatique, rompant avec l’hostilité maintenue par l’administration démocrate précédente vis-à-vis de la Russie, estimant que seul le dialogue et un partenariat entre les deux puissances garantirait non seulement un accord de paix avec l’Ukraine, mais également une entente globale bénéfique à tous. Mais le jusqu’au-boutisme de Vladimir Poutine dans son conflit avec son voisin a fini par irriter le président des États-Unis, qui après plusieurs menaces et ultimatums, a ordonné vendredi l’envoi de deux sous-marins nucléaires en réponse à des commentaires «provocateurs» venant de Moscou. Le milliardaire républicain a visiblement été piqué par les propos de Dmitri Medvedev, numéro deux du Conseil de sécurité russe. «J’ai ordonné que deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans les zones appropriées, au cas où ces déclarations idiotes et incendiaires soient plus sérieuses que cela. Les mots comptent et peuvent souvent avoir des conséquences imprévues, j’espère que cela ne sera pas le cas cette fois», a écrit le président américain sur son réseau social Truth Social. Dans un message récent sur X, Dmitri Medvedev avait écrit que chaque nouvel ultimatum fixé par Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine «était une menace et un pas vers la guerre» avec les États-Unis. Quelques heures plus tôt, le président russe Vladimir Poutine avait pour sa part assuré vouloir une «paix durable» en Ukraine, tout en affirmant que les conditions de paix proposées par Moscou, à savoir que Kiev cède des territoires et renonce à l’Otan, restaient «inchangées». Moscou exige que l’Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes que l’armée russe contrôle partiellement (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson) ainsi que la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014. En plus de ces annexions, le Kremlin souhaite que Kiev renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev, qui veut le retrait des troupes russes et des garanties de sécurité occidentales, dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen, ce à quoi s’oppose la Russie. Une impasse qu’il semble difficile de surmonter. Surtout que le président ukrainien était, au départ, celui qui refusait tout compromis, revoyant depuis ses positions après une rencontre désastreuse en février avec Donald Trump et son vice-président dans le bureau ovale. Aujourd’hui, Volodymyr Zelensky se montre plus souple et se présente comme la partie raisonnable dans ce conflit. Reste à voir quelle sera la réponse de Vladimir Poutine, connu pour ne pas craindre l’escalade, s’il menacera à son tour Washington ou si, du fait de la personnalité de Donald Trump, il finira par tenter de trouver un compromis avec le président américain dans les prochains jours.